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Britannicus, Jean Racine

Par   •  20 Novembre 2018  •  1 563 Mots (7 Pages)  •  609 Vues

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Agrippine, mère ambitieuse

Ce qui caractérise d’abord Agrippine, c’est son ambition. Pour placer Néron à la tête de l’empire, elle n’a reculé devant aucun forfait (« déshéritant », v. 17 ; « ruine », v. 60 ; « exil, assassinats / Poison », v. 852-53). Grâce à son fils, elle bénéficiait elle-même d’une immense gloire (« J’étais de ce grand corps l’âme toute puissante », v. 96). Agrippine est également portée par son amour pour son fils. Cet amour est tel qu’elle se sent menacée par la soudaine passion de son fils pour Junie :

« […] C’est à moi qu’on donne une rivale. Bientôt, si je ne romps ce funeste lien, La place est occupée, et je ne suis plus rien. » (v. 880-82).

C’est cet amour aussi qui l’aveugle : en effet, cette admirable femme politique, qui a su manipuler l’empereur et le Sénat, manque cruellement de clairvoyance lorsqu’il s’agit de son fils. Alors qu’elle perçoit une évolution (« […] le temps n’est plus que Néron, jeune encore », v. 91), elle ne se dépare pas de sa confiance (« […] J’ai parlé, tout a changé de face », v. 1583). Ce n’est qu’à la fin de la pièce, lorsque la mort de Britannicus ne laisse plus aucun doute sur le nouveau visage de l’empereur, qu’elle retrouve sa lucidité et envisage sa propre mort (« Je prévois que tes coups viendront jusqu’à ta Mère », v. 1696).

Britannicus, ou la crédulité

Britannicus, fils de l’empereur Claude, aurait dû lui succéder à la tête de l’empire. Même s’il n’a pas renoncé à l’empire, comme le montre son empressement à trouver une issue politique à son différend avec Néron au sujet de Junie (« La moitié du Sénat s’intéresse pour nous : / Sylla, Pison, Plautus,… », v. 905-06), il se console toutefois dans l’amour (« Sans doute on ne veut pas que mêlant nos douleurs / Nous nous aidions l’un l’autre à porter nos malheurs », v. 297-98). Le trait de caractère le plus remarquable du personnage est sa crédulité. C’est un même aveuglement qui l’afflige face à Narcisse, à qui il fait une entière confiance (« […] je fais vœu de ne croire que toi », v. 342) ; face à Junie, qui essaie de l’avertir que Néron les espionne (« Parlez. Nous sommes seuls : notre ennemi trompé, / Tandis que je vous parle, est ailleurs occupé », v. 709-10) ; face à Néron enfin (« Il veut que d’un festin la pompe et l’allégresse / Confirment à leurs yeux la foi de nos serments », v. 1484-85). Une telle crédulité ne peut le conduire qu’à sa perte.

Junie, la sainte

Junie appartient, comme Andromaque, à la lignée des tristes captives (« Fidèle à sa douleur, et dans l’ombre enfermée », v. 415), destinée à pleurer la mort des siens (« Qui vit presque en naissant éteindre sa famille », v. 612). Ce qui frappe ceux qui l’entourent, c’est sa beauté qui n’a d’égale que sa vertu. L’empereur est saisi par la beauté de sa prisonnière (« Belle, sans ornements, dans le plus simple appareil », v. 389). Pour ce qui est de sa vertu, les personnages sont unanimes : Agrippine (« Elle qui sans orgueil jusqu’alors élevée », v. 231), Néron (« Seule dans son palais la modeste Junie / Regarde leurs honneurs comme une ignominie », v. 423-24), Junie elle-même (« Je ne me flatte point d’une gloire insensée », v. 628) s’accordent sur la simplicité de la jeune femme, qui se tient loin des complots et des convoitises du palais. Ces deux caractéristiques sont d’autant plus remarquables qu’elles sont rares à la cour de Néron. Vertu ne signifie pas, chez Junie, naïveté. Au contraire, elle se montre d’une grande clairvoyance et refuse de se réjouir à l’annonce de la réconciliation de Néron et de Britannicus (« […] je crains », v. 504). On ne s’étonne donc pas si celle qui apparaît comme une sainte martyre (« Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes, / Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes », v. 388-389), choisit finalement de quitter le monde et de se réfugier dans le temple des vestales.

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