Britannicus, Racine
Par Andrea • 28 Octobre 2017 • 2 695 Mots (11 Pages) • 1 112 Vues
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- Britannicus
En dépit que Britannicus soit le personnage éponyme de la tragédie, il n’en est pas le personnage principal. Le jeune homme est le fils de l’ancien empereur Claudius mais a été écarté du pouvoir par Agrippine et sa manipulation. Il était pourtant l’héritier légitime. Il est sensible et naïf et ne peut pas ainsi accéder au pouvoir. Il est juste, sincère, fidèle : il a beaucoup de qualités mais ce sont des faiblesses à la cour de ‘empereur de Rome. Il est éperdument amoureux de Junie mais celle-ci est enlevée par Néron et il éprouve un chagrin sans limites. Il a également totalement confiance en son gouverneur, Narcisse, qui pourtant se retourne contre lui. Sa naïveté et sa crédulité sont tellement importantes que cela le conduit à sa perte. En effet il est aveugle face à la traîtrise de Narcisse, face aux avertissements de sa bien aimée à propos de Néron et face à la cruauté de Néron lui-même. Agrippine le protège pour essayer d’affaiblir son propre fils mais pour Néron, Britannicus est son rival politique et sentimental. Il n’a donc aucune chance de se faire accepter par Néron.
- La soif de pouvoir
Le thème du pouvoir est omniprésent dans la tragédie de Jean Racine Britannicus. En effet dès le début de la pièce, la soif de pouvoir occupe une place importante . Les deux personnages principaux, Agrippine et Néron, sont envahis de ce sentiment en permanence. Premièrement, pour que son fils accède au pouvoir, Agrippine a manipulé son poux l’empereur Claudius : Néron est devenu l’héritier au détriment du propre fils de l’empereur, Britannicus puis l’a assassiné. Agrippine, en commettant ces actes, voulait avoir le pouvoir sur Rome et son empire. Elle contrôle donc son fils et dans le même temps la ville. Mais Néron veut rapidement s’en détacher et exprime son désir en refusant de la voir dès la deuxième scène de l’acte I. Burrhus l’annonce à Agrippine et celle-ci ne comprend pas. Elle ne veut pas voir le commencement du déclin de la perte de son pouvoir qui continuera tout au long de la pièce. A partir de cette annonce, les rôles sont inversés : Néron contrôle sa mère. Puis l’empereur s’affirme au fur et à mesure : il enlève Junie, la sépare de son amant Britannicus, et en voyant son refus, menace de le tuer. Puis quand il comprend que Britannicus ne veut pas laisser sa bien-aimée, il décide de le tuer. L’empereur devient alors un personnage extrêmement puissant face auquel personne ne peut s’opposer. Il désire avoir toujours plus de pouvoir et devient un tyran. Quand quelqu’un ose le contredire ou s’il n’a qu’un soupçon, il le fait arrêter et prévoit même dans certains cas son exécution. Par exemple, il soupçonne Agrippine de s’être alliée avec son ennemi Britannicus et la fait donc arrêter. Seul le fait qu’elle soit sa mère et qu’elle lui ait permis d’accéder au pouvoir lui permet d’avoir la vie sauve.
Narcisse est également un personnage avide de pouvoir. A l’origine, il s’agit du confident de Britannicus, il est donc sensé l’aider, le conseiller et le protéger. Mais sa soif du pouvoir devient une obsession et il manipule Néron pour que son élève soit tué. Il profite de la toute puissance de l’empereur pour le manipuler et pour évincer le propre gouverneur de Néron, Burrhus.
Ainsi les personnages justes et honnêtes tels que Britannicus et Burrhus sont écartés du pouvoir et les autres personnages qui ne pensent qu’à leur puissance ont des funestes destins : Agrippine est mise à l’écart par son fils et évite de justesse de se faire tuer. Néron devient fou : il est amoureux de Junie jusqu’à la folie, par passion mais également par haine envers son rival Britannicus. En effet, le jeune homme était l’héritier légitime et l’amant de Junie donc Néron le redoute. Ainsi il l’empoisonne pour ne plus avoir de soucis. Enfin Narcisse, voulant retenir Junie pour que Néron ne sombre pas dans la folie, essaie de la saisir mais la jeune femme ayant fait le vœu d’appartenir aux Vestales (et devant donc être vierge), la foule tue le gouverneur et confident traître pour avoir commis un sacrilège. La soif de pouvoir conduit ainsi toutes les personnes l’ayant à leur perte.
- Britannicus, une tragédie classique
La tragédie classique est apparu au XVIIe siècle. Elle est régie par quelques règles précises définies par les dramaturges de l’époque qui se basent sur un texte d’Aristote La Poétique.
Les personnages d’une tragédie classique doivent être des personnes célèbres, illustres et surtout de rang social élevé venant de temps reculés, comme l’Antiquité grecque, romaine ou même d’histoire bibliques. En effet dans Britannicus, Néron est l’empereur de Rome. Les autres personnages sont sa mère, épouse du défunt empereur, le fils de cet empereur, leurs gouverneurs et confidents respectifs qui sont donc de positions sociales élevées.
La tragédie étudiée est écrite en alexandrins dans un style élevé, le sublime ce qui respecte les règles d’Aristote. Elle est organisée en cinq actes. Les registres utilisés sont le pathétique et le tragique : en effet, Britannicus suscite la pitié du spectateur ainsi qu’Agrippine, qui se fait abandonner par son fils et Junie, une jeune fille innocente qui se retrouve au milieu d’un conflit entre Néron, qui a le pouvoir, et l’héritier légitime du pouvoir qui a été évincé. Le registre tragique est évoqué grâce au fait que tout le monde pense pouvoir manipuler Néron, l’émouvoir ou même le contrer mais étant l’empereur d’un puissant empire, personne n’a le droit et ne peut s’opposer à lui. On remarque un pessimisme profond face à la condition de l’homme : la fatalité.
La règle des trois unités est respectée, ainsi que celles de vraisemblance et de bienséance. En effet, il n’y a qu’une action principale avec de multiples actions secondaire : chaque acte d’un personnage a des conséquences sur les autres ce qui permet une cohérence et donc au spectateur de comprendre la pièce. Il y a seulement un lieu : le palais de l’empereur romain et l’histoire se déroule en une journée, même si des faits antérieurs sont évoqués comme la manipulation et l’assassinat du père de Britannicus, empereur de Rome par Agrippine. Les spectateurs ont l’illusion d’un déroulement d’une histoire réelle, le comportement des personnages est en accord avec leur âge, leur condition sociale et les coutumes de leur pays et de leur époque. De plus, il n’y a rien qui pourrait choquer la sensibilité ou les principes
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