Anthologie de la lucarne ovale.
Par Andrea • 7 Juin 2018 • 1 668 Mots (7 Pages) • 515 Vues
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Et vos mains sont ensanglantées
Dans l'allée du milieu passe une procession
Par la fenêtre de la morte
Où brûle un cierge
Il sort une lente chanson
C'était elle et l'autre
La voisine aussi
Tout le monde chante à tue-tête
Et dans l'escalier où l'on rit
Quelqu'un qui tombe pousse un cri
Un chien se sauve
On n'entend pleurer que la pluie
p.113 : RIDES DU TEMPS
Plus je crie plus le vent est fort
La porte se ferme
Emporte la fourrure et les plumes
Et le papier qui vole
Je cours sur la route après les feuilles
Qui s'envolent
Le toit se soulève
Il fait chaud
Le soleil est un aimant
Qui nous soutient
A des kilomètres
J'aime le bruit que tu fais
Avec tes pieds
On m'a dit que tu cours
Mais tu n'arriveras jamais
Le vieil amateur d'art a un sourire idiot
Faussaire et cambrioleur
Animal nouveau
Tout lui fait peur
Il se dessèche dans un musée
Et participe aux expositions
Je l'ai mis dans un volume au dernier rayon
La pluie ne tombe plus
Ferme ton parapluie
Que je voie tes jambes
S'épanouir au soleil
p. 145 : AU COIN DE L’AIR
Des bras charnus et des fourrures s'entremêlent dans le gras de l'atmosphère. Qui chante au dehors?
Les lumières vont à la chaleur que font les corps légers, les esprits lourds. La terre froide est devant la porte.
Et tous les mendiants frappaient à la fois au volet clos, à la porte cochère imposante. Le ruisseau pleure en dévalant la rue.
Le même spectacle les attend; la nuit les prendra; ils auront peut-être devant la mort un éclair de raison.
Enfin la musique joue, quand même, quelques airs. La gaieté n'est pas absolument bannie du monde où on l'aime tant où on l'attend. Elle viendra.
Au pas les femmes défilèrent vers les voitures fermées. Ce soir-là les boulevards étaient déserts, le ciel livide; il avait tant plu!
Les hommes en passant avaient tout balayé. Avec de grands cris tout ce qui n'avait pu fuir était mort ou pris. Il ne restait plus que l'espoir de revenir.
Et même cet espoir fut déçu quand on éteignit les lumières.
SOLEIL :
[pic 4]
Le Soleil rouge, Joan Miro
p. 101 : LA VIE DURE
Il est tapi dans l’ombre et dans le froid pendant l’hiver. Quand le vent souffle il agite une petite flamme au bout des doigts et fait des signes entre les arbres. C’est un vieil homme; il l’a toujours été sans doute et le mauvais temps ne le fait pas mourir. Il descend dans la plaine quand le soir tombe; car le jour il se tient à mi-hauteur de la colline caché dans quelque bois d’où jamais on ne l’a vu sortit. Sa petite lumière tremble comme une étoile à l’horizon aussitôt que la nuit commence. Le soleil et le bruit lui font peur; il se cache en attendant les jours plus courts et silencieux d’automne, sous le ciel bas, dans l’atmosphère grise et douce où il peut trotter, le dos courbé, sans qu’on l’entende. C’est un vieil homme d’hiver qui ne meurt pas.
[pic 5]
William Turner, coucher de soleil écarlate, 1830-1840
P108 : POUR LE MOMENT
La vie est simple et gaie
Le soleil clair tinte avec un bruit doux
Le son des cloches s’est calmé
Ce matin la lumière traverse tout
Ma tête est une lampe rallumée
Et la chambre où j’habite est enfin éclairée
Un seul rayon suffit
Un seul éclat de rire
Ma joie qui secoue la maison
Retient ceux qui voudraient mourir
Par les notes de sa chanson
Je chante faux
Ah que c’est drôle
Ma bouche ouverte à tous les vents
Lance partout des notes folles
Qui sortent je ne sais comment
Pour voler vers d’autres oreilles
Entendez je ne suis pas fou
Je ris au bas de l’escalier
Devant la porte grande ouverte
Dans
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