Le personnage d'Homais dans Madame Bovary - G. Flaubert

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- a) Opinion commune et pédantisme : Homais se considère autre qu'il ne l'est.

→ Homais prétend être supérieur aux autres par ses activités de journaliste ponctuel et par sa profession d'apothicaire, qu'il préfère qualifier de pharmacien. Il affirme aussi se détacher de l'opinion commune par ses idées anticléricales. Il se considère de ce fait comme un révolutionnaire, un innovateur. Néanmoins, il n'en est rien. Ses idées sont en réalité totalement stéréotypés et sont même le reflet des idées de l'opinion commune. Il finira même par “pactiser” avec Bournisien. Il est pédant mais n'agit pas. Il est le miroir de la bourgeoisie.

→ Homais se prétend aussi humaniste. Il se soucie des poisons et des pauvres mais il n'hésite pas à parler de l'aveugle très injustement dans le Fanal de Rouen et même à le jeter en prison pour préserver sa réputation : “L'aveugle, qu'il n'avait pu guérir avec sa pommade, était retourné dans la côte du Bois-Guillaume, où il narrait aux voyageurs la vaine tentatives du pharmacien à tel point que Homais […] l’exécrait et dans l’intérêt de sa propre réputation, voulant s'en débarrasser à toute force , il dressa contre lui une batterie cachée, qui décelait la profondeur de son intelligence et la scélératesse de sa vanité.” (III, 11, p 494). Son intérêt pour la pauvreté n'est qu'une façade, il ne sait pas ce qu'est réellement la pauvreté, il ne fait qu'en parler.

→ Homais est à la pointe de l'innovation scientifique, il veut apparaître comme cultivé. Il s’intéresse beaucoup aux nouvelles prouesses médicales, lit beaucoup d'ouvrages scientifiques. Il ne fait qu'afficher son savoir et ira même un jour jusqu'à conseiller à Emma des lectures. On pourrait même peut-être penser qu'il est dans une certaine mesure lui aussi atteint du “Bovarysme”, il s’imprègne de lectures scientifiques, philosophiques (Voltaire...) et s'identifie aux auteurs. Il se croit autre qu'il ne l'est. C'est un peu le penchant comique du “Bovarysme”.

→ Il est aussi à la pointe du progrès technologiques : il se passionne pour les chemins de fer et va même jusqu'à aller visiter une filature de coton avec Emma et Charles (II, 5).

→ De plus, les prénoms qu'il donne à ses enfants ( Franklin = liberté, Irma = le Romantisme, Athalie =chef d'oeuvre de la scène française, Napoléon = gloire) qui sont pour lui signe de raffinement, de richesse, d'esprit, de grandeurs nous apparaissent totalement ridicules. Il essaie de faire de sa famille ce qu'elle n'est pas et souhaite se distinguer des habitants de Yonville, du commun. Il agit avec beaucoup de prétention.

→ Ainsi, Homais qui se croit différent et supérieur aux autres habitants de Yonville leur est en réalité identique. Il participe comme Lheureux, Bournisien, Hippolyte, le notaire et tant d'autres à la peinture des “Moeurs de province”. Ce n'est ni un homme hors du commun, ni un homme très intelligent comme il le laisse penser.D'ailleurs son nom “Homais” peut faire penser à “Homme”, ce qui pourrait peut-être signifié que Flaubert a voulu faire d'Homais l'incarnation de l'homme en général, l'homme médiocre, l'homme du XIXe siècle, ce qui d'autant ironique en vue de son comportement.

- b) La soif de gloire et de notoriété

→ Pour obtenir la gloire et la reconnaissance tant attendu Homais met tout en oeuvre pour y arriver. Pour cela, il se lie, certes, d'amitié avec Charles, il se met en valeur, se vante, s'autoglorifie mais il fait aussi preuve de ruse. Dans le Fanal de Rouen il chante ses propres louanges, il adapte son comportement en fonction des personnes et de leur statut social.

Lorsque le Docteur Canivet et le docteur Lariviére viennent à Yonville, il fait tout pour attirer leur attention. Fini la vantardise, la prétention dont il avait fait preuve jusque là. Devant ces grands médecins il fait preuve d'une grande docilité ce qui le rend encore plus ridicule. Lors de l'arrivé du docteur Canivet qui découvre la jambe gangrené d'Hippolye, Homais se fait sermonner sans répliquer : “Homais souffrait en écoutant ce discours, et il dissimulait son malaise sous un sourire de courtisan, ayant besoin de ménager M.Canivet, dont les ordonnances quelquefois arrivaient jusqu'à Yonville” (II, 11, page 289/90). Lorsque Emma meurt, Homais “qui ne pouvait, par tempérament, se séparer des gens célèbres” demande même au médecin “Larivière de lui faire cet insigne honneur d'accepter à déjeuner”. Homais met toutes les chances de son côté connaître gloire et reconnaissance.

→ Homais a un désir immense de notoriété. Il est très ambitieux, son ambition excessive est même presque maladive. A la fin du roman (III, Chap. 11), Homais complètement obsédé par la croix d'honneur, la représente dans son jardin : "Enfin, n'y tenant plus, il fit dessiner dans son jardin un gazon figurant l'étoile de l'honneur, avec deux petits tordillons d'herbe qui partaient du sommet pour imiter le ruban. Il se promenait autour, les bras croisés, en méditant sur l'ineptie du gouvernement et l'ingratitude des hommes.". Il se croit méritant. Il se considère comme un scientifique incompris et s'autoglorifie.

Cet aspect du personnage est très important dans la satire de la bourgeoisie à un tel point que Homais prend une place très importante à la fin du roman : “Il fait une clientèle d'enfer ; l'autorité le ménage et l'opinion publique le protège. Il vient de recevoir la croix d’honneur.” (III, Chap. 11 page 501).

→ Homais est donc l'incarnation parfaite de la bourgeoisie et de sa bêtise. L'ajout de ce personnage dans le deuxième scénario révèle une dimension du projet de l'auteur.

- III) Un personnage indispensable pour mettre la lumière sur la dimension symbolique du roman

Pour Flaubert, Homais joue aussi un rôle symbolique très important dans la construction du roman et notamment à la fin.

- a) Homais illustre le triomphe de la bourgeoisie

→ Comme Homais l'avait tant désiré, son rêve se concrétise : Il finit par recevoir la croix d'honneur. Il possède desormais une “clientèle d'enfer; l'autorité le ménage