Madame Bovary, le bal de Vaubeyssard, Flaubert
Par Raze • 29 Juin 2018 • 1 715 Mots (7 Pages) • 916 Vues
...
Mais se sont également des personnages qui savent parler notamment par le biais de l'accumulation de détails sur l'Italie qui reflète les caractéristiques d'une classe sociale qui mène une existence oisive, occupée de voyages « saint-Pierre », « Tivoli » → l'Italie était une destination à la mode, aristocratique.
On perçoit ici toute l'ironie de Flaubert à l'égard de cette classe sociale.
3) L'ironie de Flaubert
A priori, ces évocations élogieuses sont en fait une critique.
La vulgarité du verbe « causer » qui appartient au langage familier. Ce verbe s'inscrit en contraste avec la pseudo valeur culturelle de la conversation.
Flaubert ironise sur le romantisme à l'eau de rose à travers « les roses de Gènes », « le Colisée au clair de lune ». on perçoit alors que l'auteur se moque à l'évidence de tous ses éléments romantico-italiens.
La réification « leur coup tournait à l'aise sur des cravates basses » déshumanise ces aristocrates.
Ce monde aristocratique est évoqué à travers tous les éléments qui constituent la richesse de ce monde : les courses de chevaux, les sommes qui s'y gagnent (#pari, #2000louis), les bijoux ou encore la vaisselle comme « la coquille de vermeille ».
Les fantasmes d'emma s'avère culinaires elle mange une « glace aux marasquins », elle en comprend rien aux conversations, toute cette richesse la fascine mais lui échappe → on comprend donc bien que Flaubert n'évoque pas une scène de bal traditionnelle #pasCendrillon.
III- Un scène symbolique
1) Un personnage déclassé
La mise en abîme : les paysans regardent Emma qui regarde les invités du bal → la chaîne sociale la présente dans un état intermédiaire confirmé par le souvenir de son passé : elle n'est pas paysanne mais pas aristocrate
Elle rêve au dessus de sa condition : le roman réaliste ne se confond pas avec les contes de fées. → elle ne rencontre pas dans cette scène de bal le prince charmant.
Les barrières sociales sont présentées comme infranchissables. Ainsi dans le dernier paragraphe les « deux vitres » symbolisent ces barrières → Si transgression il y a entre ces deux mondes le monde inférieur (paysans) est réduit au seul regard.
2) Emma, un personnage passif
L'utilisation du pronom « on », « on entourait » exprimait l'inconnu : Emma distingue des actions/ des mouvements plutôt que des personnes.
Emma tout au long du bal se contente juste de « regarder », « d'entendre » « de goûter » ce qu'on lui offre. Cette absence totale de réflexion, d'analyse et d'action peut témoigner d'une certaine forme de bêtise. Flaubert souligne cette ignorance « une conversation pleine de mots qu'elle ne comprenait pas ».
les seules actions auxquelles elle est associée sont liées à la nourriture+ gourmandise. La dernière évocation des dents « cuillère entre les dents » lui confère un aspect inquiétant comme si elle cherchait à dévorer le monde, se l'approprier.
3) Une esthétique du cliché
Les personnages semblent ne pas avoir de personnalité propre « comme un aire de famille », « semble avoir tous le même âge ».
Flaubert présente une littérature un peu dépassée : l'idéal du séducteur et de la chevalerie correspond à un vieil idéal esthétique dont Flaubert se moque.
Les conversations mentionnées entre les aristocrates sont plates et pleines d'idées reçues : « on causait Italie » → la construction de cette phrase sans article évoque un sujet de conversation banal, convenu et l'énumération des lieux qu suit est une vulgaire carte postale sans originalité.
Cet événement du bal semble essentiel dans la vie d’Emma et tellement idéal que cette scène lui apparaît premièrement comme un rêve. Cet extrait permet à Flaubert d’illustrer symboliquement l’histoire et la personnalité de son héroïne. Il joue ainsi avec le cliché habituel du bal, en le présentant comme un moment de rêve en rupture avec la médiocrité du quotidien, mais la déforme dans la mesure où rien ne se passe vraiment. Tout au long de cette extrait, Flaubert va critiquer et mettre en avant cette opposition entre le monde paysan et celui de l'aristocratie en adoptant un ton ironique. Mme Bovary ne rencontre pas de prince charmant et se trouve renvoyée à la réalité de sa classe sociale qu'elle tentait de fuir. Cette scène de bal vient donc rompre le cliché traditionnel dans lequel le bal est propice au coup de foudre et à la rencontre amoureuse comme notamment dans Cendrillon de Charles Perrault.
...