Commentaire Madame Bovary, Flaubert
Par Ninoka • 23 Octobre 2018 • 1 544 Mots (7 Pages) • 860 Vues
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Pour finir, dans la dernière partie, on voit que c'est le point de vue de la mère de Mr Bovary qui est mis en avant. On voit dès le début que l'attitude d'Emma est un énorme choc pour Mme Bovary et pour nous exprimer cela Flaubert utilise une double négation dans sa phrase: “ne fut pas... moins scandalisée”. Flaubert marque bien une distinction entre cette femme et Emma en soulignant que c'est une “bourgeoise” et une “bonne dame” pour rappeler qu'Emma n'est qu'une paysanne. Les deux femmes s'opposent en tous points de vue, dans une détestation mutuelle que le narrateur traduit par des parallélismes d'attitude comme dans la phrase: “elles s'étaient enfuies toutes les deux dans leur exaspération”. De même, les paroles exclamatives montrent l'exaspération de la mère Bovary face à l'attitude qu'elle nomme d' “évaporée” comme quand elle dit : “C'est une insolente!... peut-être”. De plus, quand elle dit “pire peut-être”, cela signifie que pour elle toutes ces insultes ne peuvent pas être pire que ce qu'elle dit déjà.
Tous les comportements d'Emma apparaissent comme des tentatives pour affirmer sa liberté de femme face à la morale traditionnelle d'une société qui la brime sans cesse. Toujours dans l'exaltation romanesque, elle s'imagine ainsi défer la société, mais elle ne fait que tomber dans une provocation de façade qui ne lui apporte rien sur le plan de la véritable liberté intérieure. En effet, Emma est persuadée de s'émanciper de la vision étriquée de la femme à cette époque en ayant une aventure avec un autre mais on voit bien que dans cet extrait que cette émancipation n'est qu'une illusion de plus pour la jeune femme.
Emma Bovary rejette complètement le modèle de vie de Mme Bovary mère c'est pour cela qu'elle n'a aucun respect pour elle et qu'elle “rit” devat les veleurs que cette denière défend. Elle parait ridicule dans cet extrait en pensant qu'elle est au dessus de tout le monde et elle finit même par rejeter sa propre enfance en insultant sa belle-mère de paysanne, ce qu'elle fut elle-même avant de se marier à Mr Bovary. Elle s'imagine quand ayant un amant, en bravant les codes sociaux, faire partie d'un autre monde plus libre et elle s'en vante en disant: “De quel monde êtes vous?”. Nous voyons bien que les allures provocantes qu'elle affiche en s'habillant comme un homme parviennent à “narguer le monde”, comme elle le souhait. Mais cela ne la mène finalement pas à grand chose car cette apparente libération n'est qu'extérieure. Elle veut vraiment se faire passer pour une femme qui défie les règles mais pourtant elle se conduit toujours dans les normes comme quand “elle tend sa main à sa belle-mère avec la dignité d'une marquise”. De plus, on voit qu'Emma “trépigne” comme si elle agissait comme une enfant ce qui montre que malgré les airs qu'elle se donne elle n'arrive à sortir de sa véritable condition sociale. Deuxièmement, on voit dans cet extrait que l'émancipation d'Emma n'est en réalité qu'une illusion dans le fait que l'adultère grâce auquel elle pense s'affranchir des normes sur la femme est une grande escroquerie. On voit bien qu'elle est éperduement amoureuse de Rodolphe, un séducteur sans scrupule, et la personification de l'âme d'Emma montre son amour inconditionel qu'elle cherchait absolument pour se retrouver dans ses livres romanesques. Mais la personification de son âme a comme deuxième but de montrer à quel point cet amour est pervers car son âme qui est censée faire d'Emma un être humain “s'enfonce”, “se noie”, “se ratatine”. Ce champ lexical péjoratif et la comparaison avec le duc de Clarence montre que malgré l'illusion d'Emma, son amour la perdra donc que finalement son émancipation n'est absolument pas véridique.
Flaubert nous montre ici à travers le jeu des focalisations et une présence subtile du narrateur, comment Emma s'illusionne en croyant trouver l'émancipation à travers l'adultère mais reste victime de l'aliénation qui pèse sur la femme à son époque: mariée ou adultère, la femme n'est jamais vraiment libre , et doit se soumettre aux jugements de la société et à la domination d'un homme. Ce roman est souvent curel avec son héroïne, naïve et parfois même stupide dans ses rêveries romanesques et exaltées. Mais plus qu'Emma elle-même, c'est le monde son époque que dénonce Flaubert avec pessimisme: il s'en prend avec une amère ironie à la bêtise des bourgeois imbus d'eux même et au moralisme étriqués des codes sociaux et religieux . Flaubert lui-même écrit à propos de son héroïne : “elle souffre et pleure dans vingt villages de France, à cette heure même”.
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