L'enfance dans les Faux-monnayeurs, André Gide

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Cette vision nouvelle de l’enfance commence par une déconstruction de son image classique, et est suivie d’une composante autobiographique. Les enfants sont des victimes, mais également des bourreaux, allant jusqu’à pousser un camarade au suicide par goût du jeu. Gide ôte le bénéfice du doute en montrant l’organisation méticuleuse dont ils font preuve lors de cet assassinat.

Ces enfants sont également un reflet de la société dans laquelle ils vivent, comme le montre Gide au travers de nombreux parallèles entre Georges et ses camarades, et Bernard et son groupe d’amis. Si les intrigues liées aux adultes sont basées sur l’adultère, l’amour et l’ambition, celles liées aux enfants sont basées sur la bâtardise, la rébellion et le désir de reconnaissance. Le suicide de Boris est d’ailleurs très inspiré de celui du jeune Nény, en 1909, qui avait soulevé de nombreux débats à l’époque.

Mais surtout Gide se représente dans chacun de ses personnages, réglant ses comptes, comme lorsqu’il fait corrompre les fils du pasteur par Armand, ou se projetant dans l’enfant maladif et mal dans sa peau qu’est Boris. Leur histoire est très similaire, tous deux perdent leur père jeune, et se lient dans la religion avec une jeune fille de quelques années de plus, Madeleine et Bronja.

Ainsi, en lui retirant son image d’innocence, en l’utilisant pour dénoncer la société de son époque, et en y intégrant le ressenti de sa propre enfance, Gide redéfini l’enfance dans le roman. Son “roman pure” se révèle alors roman de satyre sociale à l’inspiration autobiographique, sans compter les nombreux autre thème que nous n’avons pas eu le loisir d’étudier ici.