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Incipit du Rouge et le Noir — Stendhal

Par   •  20 Août 2018  •  1 728 Mots (7 Pages)  •  1 235 Vues

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B) Un personnage abject

1 - Un maire arrogant... : « Mais bientôt le voyageur parisien est choqué d’un certain air de contentement de soi et de suffisance » (l. 38-39). Il y a ici une rupture entre le lexique très positif précédemment employé et le lexique présent désormais négatif (« choqué » ; « contentement de soi » ; « suffisance »).

2 - ...et cupide... : « On sent enfin que le talent de cet homme-là se borne à se faire payer bien exactement ce qu’on lui doit, et à payer lui-même le plus tard possible quand il doit » (l.39-41). L’emploi de l’épiphore sur le verbe « devoir » montre bien que l’obsession de M. de Rênal concerne non pas le bien-être de ses habitants mais l’économie ; et non pas l’économie générale mais exclusivement la sienne propre. Il semble que, selon lui, tout doive concourir à sa fortune.

3 - ...au point de sacrifier la jeunesse de son pays : « Ce sont de jeunes filles fraîches et jolies qui présentent aux coups de ces marteaux énormes les petits morceaux de fer qui sont rapidement transformés en clous » (l. 21-23). Certes la ville offre du travail à ses jeunes filles, mais quel travail ! C’est à nouveau la proximité de deux lexiques opposés qui permettent de mettre en lumière l’incongruité de la situation de ces jeunes filles : à leurs caractéristiques agréables (« jeunes filles fraîches et jolies ») s’oppose l’extrême dureté — dans tous les sens du terme — de leur tâche (« coups » ; « marteaux » ; « énormes » ; « morceaux de fer » ; « clous »).

Transition implicite : ce maire dont la « belle fabrique de clous » est au centre de tout, des attentions comme du texte.

C) Une fabrique monstrueuse

1 - Le bruit assourdissant... : « À peine entre-t-on dans la ville que l’on est étourdi par le fracas d’une machine bruyante » (l.17-18). C’est la première fois du texte qu’est sollicité l’imagination auditive. Et si jusque-là le paysage de Verrières ne proposait rien de désagréable, cette fois-ci la part auditive de la ville est connotée très négativement au moyen de termes comme « étourdi » ; « fracas » ; « machine bruyante ».

2 - ...d’un monstre animé... : « Vingt marteaux pesants, et retombant avec un bruit qui fait trembler le pavé, sont élevés par une roue que l’eau du torrent fait mouvoir » (l.18-19). Alors qu’il n’y avait eu jusqu’ici que le mouvement de l’eau qui circule (le Doubs ainsi que le torrent), s’ajoute ici un mouvement d’une grande force et d’une grande ampleur, littéralement impressionnant et terrifiant qu’est celui d’une roue à aube mue par le torrent et qui actionne une vingtaine de lourds marteaux. L’image reçue de la fabrique est ici toute différente que celle perçue au premier regard.

3 - ...qui produit des munitions : « Chacun de ces marteaux fabrique, chaque jour, je ne sais combien de milliers de clous » (l. 20-21). Cette phrase insiste surtout sur le nombre de clous fabriqués par la fabrique. Mettre ainsi le complément circonstanciel « chaque jour » entre virgule est un moyen de le mettre en valeur. À cela s’ajoute la locution « je ne sais combien » qui met en évidence le débit vertigineux de la fabrique. Mais c’est aussi ce que produit la fabrique qui étonne. S’il s’agissait de napperons, il n’en serait pas question ; mais ne s’agit-il pas de clous, c’est-à-dire d’un très dur objet métallique de forme oblongue, qui fait l’objet d’un usage unique, qui se fabrique en quantités industrielles et qui peut blesser ?

Transition : Cette image antithétique de la ville est rendue par la conjonction des deux visions que sont celles du narrateur et du voyageur fictif qu’il met en scène.

III/ Une critique de la province

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