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Etude de corpus de texte.

Par   •  12 Juin 2018  •  2 571 Mots (11 Pages)  •  695 Vues

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À travers ses personnages, le roman nous permet de connaître le « cœur » humain et nous éclaire sur l’homme. En quoi le roman est-il à cet égard un moyen privilégié par rapport aux autres genres littéraires ? N’y a-t-il pas des limites à cela ? Les personnages de roman permettent-ils toujours de connaître la nature humaine dans toute sa complexité ?

I. Le personnage de roman éclaire le cœur humain

1. Qu’est-ce que « la connaissance du cœur humain » ?

- Par métonymie, le « cœur » désigne les émotions, les sentiments, les passions, les désirs, les pensées, autrement dit tout ce qui n’est pas accessible de l’extérieur, tout ce que l’on cache ou dont on n’a pas conscience.

- L’adjectif « humain » renvoie à des personnes auxquelles le lecteur peut se comparer : il ne s’agit pas d’un cœur humain, mais du cœur humain. Les personnages de roman nous ressembleraient, car « le génie du roman nous fait vivre le possible » (Albert Thibaudet).

- Enfin, le mot « connaissance » n’est pas à prendre au sens scientifique : la « connaissance » est ici ce qui implique la lucidité sur les sentiments de l’homme, ce qui les fait comprendre.

2. L’accès à un cœur humain ou au cœur humain ?

- Comme le théâtre, le roman, à travers la peinture de son personnage, donne apparemment accès à un cœur humain (au cœur d’un homme). Le roman s’inscrit en effet dans une époque, il raconte l’histoire d’un personnage précis, d’une destinée singulière : Julien Sorel est un jeune homme du peuple « de 1830 » . Le personnage de roman n’est que la vision d’un homme à une époque et à un moment donnés.

- Pourtant le roman donne aussi accès au cœur humain. Chacun des personnages, parce qu’il est composé de plusieurs êtres réels, comporte une « parcelle » du cœur humain en général. Balzac explique que, « souvent, il est nécessaire de prendre plusieurs caractères semblables pour arriver à en composer un seul […] La littérature se sert du procédé qu’emploie la peinture, qui, pour faire une belle figure, prend les mains de tel modèle, le pied de tel autre, la poitrine à celui-ci, les épaules de celui-là » (Avant-propos de La Comédie humaine, 1842). Pour Zola, « le romancier part à la recherche d’une vérité » et, s’il ne « s’écarte pas des lois de la nature », crée des « types » presque plus vrais que la réalité. « Au bout de son travail, il y a la connaissance de l’homme. »

II. Le roman : un accès privilégié à la connaissance du cœur humain ?

Mais c’est là une capacité commune aux œuvres littéraires. Le roman serait-il, par rapport aux autres genres, un moyen privilégié de connaître l’homme ?

1. Les mêmes atouts que les autres genres

Le roman, pour éclairer l’homme, emploie tous les moyens dont disposent les autres genres littéraires.

- Ainsi, il tient du théâtre en recourant aux dialogues qui dévoilent le « cœur » du personnage et en font le portrait en paroles. Dans La Duchesse de Langeais, par des effets de contraste et de surprise, le dialogue révèle les sentiments des deux personnages. Les dialogues argumentatifs dévoilent les pensées et convictions des personnages (dialogues d’Étienne avec les autres mineurs dans Germinal de Zola [exemple à développer]).

- Le roman tient de la poésie par la révélation directe des sentiments : il donne accès directement à l’univers affectif et mental par la focalisation interne. Tantôt, lorsqu’il est aussi narrateur, le personnage s’exprime directement, recourant à une expression lyrique (Le Dernier Jour d’un condamné de Hugo) ou plus prosaïque (L’Étranger de Camus). L’accès au cœur humain est alors direct. Tantôt c’est le monologue intérieur qui traduit presque telles quelles les émotions non exprimées ouvertement (« Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? »,La Condition humaine de Malraux). Dans les lettres du roman épistolaire (Les Liaisons dangereuses de Laclos). ou dans le roman autobiographique (L’Enfant de Vallès), lieu « normal » de l’épanchement, l’auteur se met à nu et livre son cœur « en direct ».

2. Le roman plus éclairant que la vie : espace, temps et narrateur

- D’abord, le roman est plus éclairant que la vie même : il présente en effet une « histoire » aboutie, donc plus nette. Dans la vraie vie, on ne comprend pas le cœur humain, parce qu’elle est en cours d’élaboration et que nous manquons de recul ; les émotions, les sentiments enchevêtrés brouillent la lucidité.

- Ensuite, le roman s’étend dans la durée et dans l’espace. Dans la durée : il peut couvrir toute une vie, donc marquer une évolution, faire voir et comprendre les modifications du cœur. Dans l’espace : le romancier peut multiplier les lieux et les milieux, donc faire fluctuer émotions, sentiments et comportements en fonction de ceux dans lesquels il place le personnage, ce qui permet de mieux cerner ses variations (cas du roman d’apprentissage, du roman de mœurs). L’auteur peut modifier l’histoire du personnage comme bon lui semble pour faire varier, évoluer le « cœur » de son personnage.

- Enfin et surtout, le roman est mené par un narrateur qui multiplie et change les perspectives. Le narrateur a du recul et peut intervenir quand bon lui semble. Il peut faire une explication complète de sentiments dont le personnage même n’est pas conscient (Balzac, Stendhal) ou suggérer l’interprétation d’un comportement par des détails révélateurs dans l’évocation (décor, par exemple). Il peut signaler un contraste entre les paroles et les attitudes (Vautrin) ou les véritables sentiments (cas des personnages hypocrites, manipulateurs, traîtres et autres).

3. La diversité des personnages : des éclairages multiples

- La diversité des personnages permet, par la multiplication des émotions, des sentiments, des pensées, de « faire le tour » de l’être humain. Balzac souligne que « ce n’était pas une petite tâche que de peindre les deux ou trois mille figures saillantes d’une époque, car telle est […] la somme des types que présente chaque génération queLa Comédie humaine comportera ». Ainsi, le roman donne la possibilité de comprendre des mondes que

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