Salomé, Guillaume Apollinaire
Par Plum05 • 24 Juin 2018 • 1 054 Mots (5 Pages) • 1 245 Vues
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II. Une écriture surréaliste et moderne
1. Des anachronismes (chronos le temps en grec ; un propos ou fait qui n’est pas en accord avec son temps) qui annoncent le dadaïsme et le surréalisme (mouvement contestataire qu’on trouve en littérature et en culture qui conteste toutes les valeurs et les normes du passé, en particulier la mimésis : l’imitation du réel, la reproduction fidèle de la réalité) et propose à la place une représentation du réel déformée par l’imagination. L’univers biblique et l’univers médiéval et chevaleresque : « En robe de comtesse à côté du Dauphin », « des lys » (2), « Ô joli fou du roi », « sire » (2), « le roi », « l’infante » et « le curé ». Les anachronismes sont volontairement provocateurs.
2. Le goût du sacrilège : Apollinaire aime à se moquer de la religion ; l’intrusion finale d’une chanson populaire dans un contexte sacré est provoquante et d’ordre surréaliste, et légèrement érotique (« bâton » de Jean-Baptiste, « tabatière », « jarretière » symbolisant la virginité de la jeune mariée)
3. les propos iconoclastes (une icône est une image sainte, « klazo » signifie briser, iconoclaste revoie à un geste ou une parole sacrilège) : Strophe 1 : Salomé se propose de ressusciter un mort. (v.15) elle propose au fou du roi de mettre la tête de Saint Jean Baptiste à la place de la tête de la marotte. Strophe 5 : Danser autour d’une tombe, nous sommes dans la provocation, comme les allusions érotiques La chanson finale, composée d’hémistiches, termine le poème sur une joyeuse provocation macabre
Remarques de style :
- Allitération en « s » qu’on trouve dans le nom de « Salomé ». 1ere strophe : cette allitération en « s » évoque le mouvement ondulatoire et sensuel de la danse de Salomé.
- Allitération en « R » dans la strophe 5 qui a un effet de musicalité « Sire marchez devant trabans marchez derrière […]»
- Rythme binaire, parallélisme de construction dans les trois derniers vers
- Allitération en « B » dans les vers 7 à 8
En conclusion, Apollinaire nous propose une relecture vivifiante et originale du texte biblique, fascinant dans son évocation de la beauté et de la mort associées. Il réinvente une nouvelle Salomé dans un contexte de provocation où Eros et Thanatos finissent par se mêler joyeusement. Il y ajoute, comme à son habitude, une ambigüité fondamentale par le mélange surréaliste du sacré tragique et de la joie triviale. Ouverture interne sur d’autres poèmes d’Apollinaire ou ouverture externe sur des tableaux surréalistes.
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