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Présentation du recueil Alcools de Guillaume Apollinaire

Par   •  13 Novembre 2018  •  2 412 Mots (10 Pages)  •  1 239 Vues

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2) Résumé

Organisation interne :

Pas d’ordre chronologique, au contraire plutôt plaisir à brouiller les cartes. Ainsi, il place « Zone », l’un de ses derniers poèmes écrits, en tête de recueil, et ceci à la dernière minute sur les épreuves. Il en est de même pour « Le pont Mirabeau » écrit en 1911, alors que les poèmes de la période rhénane ne sont qu’en partie réunis dans la partie « Rhénanes » : aucun ordre thématique ou chronologique, mais en tout cas recherche d’alternance entre textes longs et courts (pourrait expliquer placement), et surtout placement d’une ouverture et d’un final très forts, quasiment de même longueur et de même inspiration. Le recueil, malgré un désordre apparent, joue bien sur une forme d’ordre permettant de se fermer sur lui-même pour prendre tout son sens et toute sa force.

Date et situation de certains poèmes :

- avant 1901 : « Merlin et la vieille femme », « Le larron », « L’ermite », « L’adieu ».

- 1901-1903 (période rhénane) : « Annie », « Les colchiques », « La synagogue », « Rhénanes d’automne », « Les femmes », « Le vent nocturne », « Les sapins », « Clair de lune », « Nuits rhénanes », « Mai », « Les cloches », « La Lorelei », « La tzigane », deux premières strophes de « Fiançailles ».

- 1903-1906 (retour à Paris) : « La chanson du mal-aimé ».

- 1907-1912 (période Montmartre) : « A la santé », « Crépuscule », « Marie », « Lul de Faltenein », « Le brasier », fin de « Fiançailles », « Poème lu au mariage d’André Salmon », « Vendémiaire », « Le pont Mirabeau », « Zone ».

Alcools est donc définitivement le recueil représentatif de l’esthétique et de la pensée d’Apollinaire, en plus d’être son premier recueil, et ceci car il réunit des poèmes de 15 ans qui présentent autant l’évolution que la cohérence poétiques de l’auteur. Et c’est pourquoi ce recueil est à considérer comme « le » recueil d’Apollinaire.

Le recueil débute par « Zone », très long poème qui peut être vu comme le poème emblématique d’Alcools, puisqu’il incarne le désir d’Apollinaire de se situer entre modernité et tradition, avec le choix de présenter des rimes régulières, (même si les rimes sont principalement sonores), et en même temps des strophes et des mètres à longueur variable, selon l’impact qu’il veut provoquer sur le lecteur. De plus, tous les thèmes chers au poète sont évoqués (mythologie, modernité de la ville, ivresse, amour, envol, marginalité, voyage, errance…). On trouve enfin la première signification possible du titre : « Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie / Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie », et l’annonce du fort désir de modernité : « A la fin tu es las de ce monde ancien ». Et c’est peut-être parce qu’il est si révélateur de sa poétique qu’Apollinaire a choisi de mettre ce poème en introduction de son recueil.

Ensuite, « Le pont Mirabeau » est à voir comme un poème principalement élégiaque, puisque le poète y chante ses amours déçues, la fuite du temps, ou encore le désir de la mort. Mais, pour contrecarrer à cette présence de thèmes classiques dans l’élégie, des innovations se rencontrent dans la métrique des vers, à l’inverse du choix de la chanson et de la régularité des rimes.

Puis « La chanson du mal-aimé », de nouveau dans une optique beaucoup plus innovatrice et moderne, évoque l’errance du poète à la recherche de son amour qui l’a rejeté (ici Annie Playden, qui est partie à Londres pour échapper au poète obsédé par elle). Ce poème en six sections abonde encore une en thèmes de prédilection du poète, et en formes poétiques diverses, plus ou moins traditionnelles, comme si pour lui chaque poème représentant de la modernité devrait être la représentation d’un syncrétisme dans tous les domaines. Il existe en même temps une cohérence dans la multiplicité des références, par répétition dans certaines sections d’une strophe, comme un refrain : « Voie lactée ô sœur lumineuse / Des blancs ruisseaux de Chanaan / Et des corps blancs des amoureuses / Nageurs morts suivrons-nous d’ahan / Ton cours vers d’autres nébuleuses » (revient à trois reprises, au début, au milieu et à la fin de l’ensemble du poème).

S’en suit une série de courts poèmes sans véritable logique de placement, mais qui réunissent encore une fois tous les thèmes de prédilection d’Apollinaire, et l’on peut même constater que c’est de cette manière que ses thèmes et motifs principaux sont décelables : évocation des amours malheureuses, de la fuite du temps (« La blanche neige », « L’adieu », « L’automne », « Le brasier ») ; l’importance de la peinture, de l’art (« Les colchiques », « Palais », « Crépuscule ») ; l’évocation de femmes par leur nom (« Annie », « Clotilde », « Marie », « Rosemonde ») ; la nature d’étranger et de marginal (« Le voyageur », « La porte », « Marizibill », « Saltimbanques », « Le larron », « La tzigane », « L’ermite », « L’émigrant de Landor Road ») ; mythes et légendes antiques ou médiévales (« Salomé », « Merlin et la vieille femme », « Le vent nocturne », « Lul de Faltenin », « La maison des morts »). Citons encore « Poème lu au mariage d’André Salmon », proche des premiers longs poèmes du recueil, ou « Chantre », poème le plus emblématique de la modernité et de la surprise voulues par Apollinaire, puisqu’il ne contient qu’un vers.

C’est ensuite la section des « Rhénanes », poèmes d’inspiration germanique qui ont été écrits pendant son voyage sur le Rhin, et qui réunissent encore des thèmes et formes variés : ivresse dans « Nuit rhénane », marginalité dans « Les cloches » ou « Schniderhannes », voyage et errance dans « Mai », « Les sapins », ou évocation mythologique avec « La Loreley ».

Une dernière série de poèmes est à rapprocher de la série précédant les « Rhénanes » dans la multiplicité des thèmes et des formes : « Signe », « Un soir », « La dame », « Les fiançailles », « Clair de lune », « 1909 », « A la Santé » (qui évoque son emprisonnement), « Automne malade », « Hôtels », « Cors de chasse ».

Le recueil se clôt alors sur le pendant de « Zone », « Vendémiaire », qui évoque un univers multiple causé par l’ivresse, et qui présente le recueil comme une métaphore de celle-ci : c’est le

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