Mignonne, allons voir si la rose - Ronsard
Par Stella0400 • 23 Septembre 2018 • 1 263 Mots (6 Pages) • 685 Vues
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- La 2 indication temporelle "cette vesprée" (ce soir) est nécessaire pour la mise en place du symbole, de la comparaison entre la rose et la jeune fille. Il y a en même temps un effet dramatique. Déjà, cependant, le 4 vers laisse prévoir la mort de la rose même si elle est évoquée de façon négative, « point perdu...». Le 5 vers reprend les mêmes éléments descriptifs de la rose que précédemment « robe pourprée »
2 strophe. Le ton change. Le ton s'anime donc et devient marqué par une émotion intense. La phrase s'allonge sur trois vers, avec de nombreuses coupes qui permettent la mise en valeur en tête de vers de l'apostrophe « mignonne », la répétition de l'expression désespérée« Las ! Las ! ». L'impératif «voyez» est un effet de style qui permet la visualisation du spectacle, qui attire l'attention de la belle comme du lecteur.
C'est une évocation imagée de la fleur maintenant fanée« a dessus la place...». Exclamation blasphématoire, imprécation lyrique et parodique qui dénonce la «marâtre Nature». Connotation tout à fait péjorative pour une nature doublement anthropomorphée : «marâtre» ; or, habituellement, la nature est considérée comme une mère bienveillante.
Le caractère éphémère de la vie de la rose symbolise celle de la vie humaine. Ellipse du temps : «que du matin jusques au soir», rapidité extrême, symbolique.
La 3 strophe élucide le symbole. «Donc» : lien logique, aspect conclusif.
Montre de façon évidente l'assimilation entre la rose et la jeune fille jusque-là suggérée. (La «rose» était tout le temps comparée de façon métaphorique à la jeune fille), maintenant, c'est la jeune fille qui va être comparée à la rose. Jeux subtils de correspondances.
Désormais, l'apostrophe est rejetée en fin de vers «Mignonne» (3 fois, cette apostrophe, dans chaque strophe, a une place différente). Donc, l'assimilation va se poursuivre sur 3 vers et demi sous la forme de métaphore filée. «feleuronne», «verte nouveauté» : connotation comme pour «rose», «ce matin», de nouveauté, de fraîcheur, de beauté. Elle va permettre le conseil didactique exprimé sous forme doublement impérative (au ton persuasif) : «cueillez votre jeunesse» ; cela rappelle le conseil du poète latin Horace, «carpe diem» ("le jour», vivre le moment présent) et annonce : «dès aujourd'hui les roses de la vie» du même Ronsard (Sonnets pour Hélène 1578). Conseil hédoniste plus qu’épicurien. Et la symbolique sexuelle est transparente dans cette phrase au magnifique raccourci imagé. Les 2 derniers vers résument l’argument en même temps qu'ils précisent le symbole : «à cette fleur...». Didactisme, (ton du moraliste) enseignement pseudo philosophique : «vous me croyez». Interpellation rhétorique pour retenir l'attention, ton persuasif. Et constamment, il manie dans le poème l'alliance du concret et de l'abstrait.
- un écho d'horace : carpe diem
« cueillez, cueillez » → carpe diem : cueille le jour
les trois derniers vers contiennent la leçon d'Horace. Le mot « vieillesse » relié à « jeunesse », le verbe tenir participe à l'atténuation proposé. La leçon soutient une demande discrète.
Pour conclure : Dans ce poème, Ronsard renouvelle heureusement 1'un des thèmes traditionnels du lyrisme, la fuite du temps, la fugacité de la vie. Il utilise ainsi des effets poétiques, un ton bien souvent parodique, dans son pathétique, et gracieux, et une invitation dont la finalité sensuelle est symbolique.
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