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Ronsard, Mignonne, allons voir si la rose...

Par   •  23 Août 2018  •  1 276 Mots (6 Pages)  •  664 Vues

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le deuxième paragraphe, nous sommes brusquement transportés dans le jardin, devant la rose effeuillée « dessus la place », soit par terre. L’exclamation « las ! » marque un temps d’arrêt. Et plus loin « las, las » (l.9), on est alors dans la déploration pathétique. Ronsard veut faire partager la fragilité de la vie. « Mignonne » a maintenant une nuance plaintive.

On assiste ensuite à la mise en accusation de la Nature qui est une marâtre », personnifiée comme la rose. L’émotion se transforme alors en colère : pourquoi la Nature produit-elle quelque chose de si beau pour détruire en quelques heures « une telle fleur » ? la perfection de cette fleur mériterait d’être éternelle.

II) Un poème à l’allure de leçon de vie

A) Insistance sur la leçon à tirer de l’évènement : registre didactique

La conjonction de coordination « donc » (v.13) permet de mettre en relief le lien logique, en début de vers et de strophe. Avec la virgule, l’expression « si vous me croyez » et « tandis que, la troisième strophe prend la forme d’un raisonnement un peu doctoral : on délivre une leçon, c’est le registre didactique. On note également que le terme « mignonne » au vers 13 n’a plus la légèreté de celui qui ouvrait le poème. Ici, le mot interpelle la jeune femme avec insistance.

B) La leçon à tirer de la rose effeuillée : cueillir la jeunesse, jouir de la vie

L’expression « cueillez votre jeunesse » renvoie au « carpe diem » (« cueille le jour ») du poète latin Horace. Cette phrase renvoie elle-même au philosophe grec Epicure. Cette phrase fait référence au fait que jouir de la vie est une sagesse car nous ne possédons vraiment que l’instant présent. Il y a aussi l’insistance sur l’urgence. En effet, dans tout le poème on trouve l’idée du temps qui passe, de l’éphémère avec les termes « matin » et « vesprée », « en peu d’espace », « ne dure que du matin jusqu’au soir » et le mot jeunesse qui rime avec vieillesse. De plus, on note la répétition de « cueillez » qui est à l’impératif et qui souligne la fougue du conseil, on comprend alors que l’idée de saisir les fleurs et la vie par brassées est valorisée. Ronsard se fait pressant, on devine ici que son conseil est intéressé.

C) La pointe cruelle à la fin du poème

On remarque la présence de quelque chose de cruel dans ces deux derniers vers qui constituent en quelque sorte la morale de l’histoire. Ronsard rappelle froidement que Cassandre finira comme cette rose effeuillée. Le futur « fera » insiste avec cruauté sur le caractère inéluctable de Cassandre. « Jeunesse » rime avec « vieillesse » ce qui en souligne la proximité. Par ailleurs, le mot « ternir » est suggestif, il évoque l’idée de miroir. En effet, un jour, Cassandre se regardera dans la glace et verra que sa beauté a disparu. Le mot « ternir » est le contraire de l’éclat décrit dans la strophe 1 (l’éclat du teint de Cassandre).

De plus, l’idée désagréable qu’il est urgent de vivre car très vite la beauté de Cassandre se ternira est mise en valeur car comme la rose, plus personne ne la regardera. Ainsi, Cassandre ne semble avoir de l’intérêt pour Ronsard que par l’éclat de sa beauté. Cela réduit alors Cassandre à l’éclat d’une fleur. Quelque chose de menaçant et de vaguement sadique est présent. Cependant, on le retrouve bien plus clairement dans un autre poème célèbre « quand vous serez bien vieille ».

Conclusion :

La comparaison de la jeune fille à la rose est ici rajeunie par Ronsard : Cassandre n’est pas « comme » la rose, elle devient la rose, elle est la rose, qui s’épanouit « en sa verte nouveauté ». Dans le poème, la fleur devient une éclatante jeune fille et la jeune fille le plus belle des fleurs.

La fin du poème constitue une ardente invitation au plaisir, qui ne sera pas toujours aussi délicate : dans « quand vous serez bien vieille » adressée a Hélène, on retrouve cette invitation mais sous une forme véritablement cruelle. En effet, Hélène est y peinte » bien vieille », comme « une vieille accroupie » auprès du feu et regrettant l’époque où Ronsard chantait sa beauté.

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