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Madame bovary cas

Par   •  8 Février 2018  •  2 685 Mots (11 Pages)  •  533 Vues

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comme le prouve l’opinion des Goncourt dans leur journal, mémoires de la vie littéraire : « Vous savez, il a des gueuloirs, de ses phrases qui lui semble très harmoniques ; mais il faudrait lire comme lui pour avoir l’effet de ses gueuloirs… Enfin, nous avons des pages, tous les deux, vous dans votre Venise… hé bien, c’est aussi rythmé que tout ce qu’il a fait, et sans nous être donné tant de mal !... ». Ainsi, Flaubert cherche-t-il de façon assidue un rythme dans ses phrases afin de créer une harmonie, faisant partie de la valeur d’une œuvre. C’est sur ce point qu’il faudrait se questionner, car est-ce vraiment important que deux génitifs ne se suivent pas, ou qu’une phrase soit syntaxiquement parfaite de tous points de vue ? Est-ce si important qu’un texte résonne bien tandis qu’il se doit nécessairement, pour la plupart des gens, d’être lu chez soi dans une lecture silencieuse ? Assurément, Flaubert y a trouvé sa méthode, qui bien qu’épuisante, lui offrait une source inépuisable de contentement. De plus, il considérait qu’une phrase n’est viable que lorsqu’elle peut être lue à voix haute sans gêner la respiration et tient donc à absolument respecter l’euphonie. Il est dit, dans l’Etude préfaçant le livre Lettres à George Sand, par Gustave Flaubert : « Ecrire était donc pour lui une chose redoutable, pleine de tourments, de périls, de fatigues. Il allait s’asseoir à sa table avec la peur et le désir de cette besogne aimée et torturante. Il restait là, pendant des heures, immobiles, acharné à son travail effrayant de colosse patient et minutieux qui bâtirait une pyramide avec des billes d’enfant. ». Encore une fois, l’ampleur titanesque du travail de Flaubert y est décrite, et l’ambiguïté de l’effet qu’a sur lui son travail également : Cette « besogne » constitue toute sa vie, c’est ce que l’on pourrait nommer une passion dévorante, qui le prend tout entier et le pousse sans cesse vers sa vision de la perfection littéraire, de façon « minutieuse » et systématique. Il lutte contre lui-même et sa pensée ; ce travail le torture et c’est d’une manière presque masochiste qu’il se met à l’écriture, ne percevant qu’une manière possible de dire ce qu’il souhaite dire. Il doit donc chercher le mot juste, la proposition appropriée afin d’être satisfait. Ainsi, il affecte aussi ses proches qui en ont témoigné, ayant été témoins de ses méthodes de travail presque nuisibles à sa santé car obsessionnelles et maniaques, ou ses gueuloirs qui le mettaient dans des états assez exagérés.

Ensuite, Flaubert travaillait énormément ses brouillons, les révisant sans cesse. Le temps de rédaction de Madame Bovary est un indice de la méthode de travail de l’auteur : Il a passé énormément de temps à écrire son livre, ce qui est totalement opposé à l’idée d’une inspiration quasi-instantanée et à une exécution presque aussi rapide. Flaubert a travaillé sur son roman durant quatre ans et huit mois, à partir du mois d’août 1851 jusqu’au mois de mars 1856. Il n’est pas nécessaire de dire que c’est de façon fort conséquente qu’il a travaillé sur Madame Bovary. Il a commencé les plans généraux des scénarios à partir d’août tandis qu’il a démarré la rédaction du roman à proprement parlé le 19 septembre. Ainsi, Il commençait par produire un premier jet assez plat, sans faire de phrases complètes souvent, en laissant apparaître simplement des idées générales sur le roman en construction, des abréviations, des ajouts dans les marges et dans les interlignes,… Au fur et à mesure de ses rédactions, les textes se sont enrichis et ont pris forme : Les phrases étaient complètes, sans points de suspensions ; la syntaxe se faisait plus précise ; les détails et le développement était plus importants et toujours construit plus minutieusement. En somme, le travail de Flaubert était titanesque et très pointilleux : La version définitive date de l’édition charpentier de 1873, bien après la fin de l’écriture de son roman, et il légua tous ses manuscrits à la bibliothèque de Rouen, soit vint-cinq mille pages. Tandis qu’il écrit plusieurs pages, il décide ensuite de condenser toutes ces pages en dix lignes, montrant ainsi le travail de sélection qu’il opérait : C’était une véritable autocensure. Il disait lui-même qu’il créait une phrase à l’aide d’un mécanisme compliqué . Néanmoins, l’autocensure ne s’arrête pas à son propre jugement, car Flaubert sait aussi adapter son œuvre à la société qui l’entoure, malgré son dégout manifeste pour ses contemporains, puisqu’il dit : « Je vomirai sur mes contemporains le mépris qu’ils m’inspirent ! ». Par exemple, il s’autocensure afin de prévenir la censure de l’état autoritaire qui se voulait gardien des vertus et de la morale : Il avait écrit initialement que le père de Charles mourrait « sur le seuil d’un café après un repas Bonapartiste », qu’il change ensuite en « patriotique » puis en « sortie de table ».
 De plus, Flaubert cherche à écrire un livre sur le « rien », puisque selon lui, « les œuvres les plus belles sont celles où il y a le moins de matière. », d’où le choix de ses thèmes et de ses personnages : Il a choisi des thèmes pour lesquels il n’a pas d’inclination naturelle avec des personnages médiocres qu’il méprise (Charles Bovary) ou hait, sur la vie de tous les jours, une vie banale, monotone et redondante. Le roman parle d’ennui, d’argent, d’attente, de désir d’évasion… et ce par un cycle continu : Si Emma parvient au bal de la Vaubyessard à s’évader durant l’espace d’une soirée, à oublier jusqu’à sa vie entière, elle se languira de cet instant le reste de sa vie, et attendra une nouvelle opportunité qui ne viendra jamais, dépensant de l’argent dans des extravagances du jour au lendemain, changeant d’humeur sans cesse. Même quand elle pense pouvoir trouver l’Amour et le bonheur tant attendu, d’abord avec Rodolphe, puis avec Léon, cela échoue toujours d’une façon ou d’une autre lamentablement et éclate en sentiments passionnés ou en tout cas fort nuisibles. On peut ensuite ajouter que Flaubert fait du réalisme, mais veut avant tout faire du «vrai ». C’est pour cela qu’il utilise comme méthode d’écriture l’impersonnalité dans Madame Bovary afin de ne pas faire paraitre l’auteur dans son œuvre, que ce soit au niveau de ses pensées ou de ses sentiments, en cela il se détache du point de vue de l’artiste inspiré qui a une forte tendance à utiliser la première personne et à utiliser des verbes représentant des émotions. Il utilise donc le discours indirect libre, chose inusitée à l’époque

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