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Madame Bovary cas

Par   •  20 Avril 2018  •  1 542 Mots (7 Pages)  •  535 Vues

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Par ailleurs, ce bilan prend un caractère définitif avec l’apparition du présent d’énonciation dans un récit au passé: l. 24-25 «ce fut une tante qui s’en chargea. Elle est pauvre et l’envoie », « Il fait une clientèle (...) le ménage (...) le protège » (l. 29 à 31). Le temps de l'histoire rejoint celui du narrateur : les événements racontés sont désormais contemporains de leur récit, ce qui indique au lecteur que le récit est achevé. Avec le passage au présent, le lecteur a l’impression de changer de temporalité, de retrouver la réalité ordinaire. La vie continue dans sa banalité. Et la phrase finale empêche tout pathétique et banalise l'histoire qui vient d’être racontée lui conférant le caractère terriblement simple de la vie ordinaire. C'est la dernière défaite d’Emma, celle de ses rêves romanesques, et celle de Charles qui n’a pu accéder à la réussite sociale, bourgeoise dont il rêvait alors que le médiocre Homais triomphe en obtenant une reconnaissance sociale.

3. Une vision du monde ironique

En livrant ce bilan pessimiste, Flaubert ne fait aucun commentaire. Il met juste en parallèle le sort d’un individu dépossédé et l’irrésistible ascension d'un notable. C’est ainsi qu’il laisse percer le désenchantement. Le lecteur a l'impression que cette fin de roman réduit à néant l'histoire des personnages. Il est significatif que l'on ne trouve rien lors de l'autopsie de Charles : « Il l’ouvrit et ne trouva rien. » (l. 18-19) : jeu de mots d’une terrible ironie, et l’on constate une dernière fois l’insignifiance du personnage. De même le cadre de l'aventure est liquidé, les meubles du ménage sont dispersés par la vente finale qui ne rapporte qu’une dérisoire somme d'argent. Le sort s'acharne sur les membres de la famille Bovary, comme pour souligner que l'aventure d’Emma n’a mené à rien et a causé le malheur de tous.

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Le destin de Berthe est particulièrement cruel ; alors que Charles rêvait pour elle d’une vie aisée et heureuse, sur le modèle d’un confort bourgeois, et de la solidité harmonieuse d’une cellule familiale, son destin se délite, son héritage est réduit à rien : « Quand tout fut vendu, il resta douze francs soixante et quinze centimes qui servirent à payer le voyage de Mlle Bovary chez sa grand-mère. » (l 20 à 23). A la mort de la grand-mère, la jeune fille est recueillie par une tante qui l’envoie travailler dans une usine: «une filature de coton» (l. 25-26). Déchéance sociale, prolétarisation...

L’ironie est encore plus féroce avec le triomphe d’Homais. En quelques phrases lapidaires, le narrateur se fait le chroniqueur du moindre événement survenu : « Depuis la mort de Bovary, trois médecins se sont succédé à Yonville sans pouvoir y réussir, tant M. Homais les a tout de suite battus en brèche » (l. 27 à 29). Le langage d’Homais envahit le texte : « Monsieur Homais les a tout de suite battus en brèche. Il fait une clientèle d'enfer. » (l. 30-31) On reconnaît les clichés du personnage. En laissant la parole à ce personnage, l’auteur prend congé.

L’ultime phrase du roman « Il vient de recevoir la croix d’honneur » (l. 32) marque le triomphe de la médiocrité et l’adhésion de la société toute entière à un faux idéal progressiste, pseudo rationaliste. Le personnage d’Homais élargit sa stature par la reconnaissance officielle, alors qu’en contrepoint on assiste à l’effacement de Charles et de sa famille.

Conclusion

L'épilogue est d'une grande netteté : Madame Bovary est le roman d’un échec. Emma entraîne dans sa chute Charles et Berthe. Seul survit Homais. Une dernière fois le romancier se rapproche de Charles, personnage inadapté qui s'inscrit dans un romanesque de la banalité. On a là une curieuse alliance d’émotion et d’ironie.

Perce aussi le désenchantement du romancier face à une société dont il constate le triomphe. Ouverture au choix! Sur le désenchantement ou autre...

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