Madame Bovary

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Chaque partie est centrée sur des épisodes essentiels de la vie d’Emma. Et chacun de ces épisodes la sépare davantage de Charles, Emma fait une dépression, dont la gravité s’accentue. De même, la mort envahit peu à peu le roman. L’accélération du temps dans la troisième partie, l’impression qu’Emma est prise au piège et tous ces éléments funestes donnent une tonalité tragique au roman

Structure binaire :

# Charles a deux épouses successives.

# Emma a deux amants, Rodolphe puis Léon.

# Emma emploie deux servantes qui se succèdent.

# Il y a deux vrais grands médecins : le docteur Canivet et le docteur Larivière

# On trouve deux infirmes, victimes d’un système social qui n’a pas de place pour eux

# Nous avons deux incarnations des rêves de prince charmant d’Emma :le vicomte, rencontré au bal de la Vaubyessard et le chanteur Lagardy vu et entendu à l’Opéra de Rouen.

# Homais et Lheureux représentent deux figures de la médiocrité qui réussissent et participent à la perte d’Emma.

# Homais au prêtre Bournisien sont deux hommes prisonniers d’idées toutes faites.

# Emma a successivement deux animaux : la levrette qu’elle perd sur la route entre Tostes et Yonville (comme Emma court à sa perte) et le cheval pour se promener avec Rodolphe.

Parle de contrepoint en littérature quand on superpose plusieurs intrigues ou plusieurs thèmes qui se répondent en écho. Le bal de la Vaubyessard (I, 8) est repris par l’opéra (II, 15) et par le bal masqué de la mi-carême (III, 6). Le bal et la soirée à l’opéra se répondent : l’image fantasmée du vicomte lors du bal de la Vaubyessard se retrouve dans celle du chanteur Lagardy. Les deux bals se répondent aussi mais pour s’opposer : le second devient une répétition dégradée du premier, signifiant ainsi la future déchéance d’Emma et sa perte d’illusions ; il lui renvoie une image dégradante d’elle-même et a pour seule fonction de la divertir de ses soucis d’argent.Les doublets donnent l’impression d’un temps cyclique. Les scènes se répètent inutilement, comme si tout était vain. Cela provoque à la fois l’ennui et l’impression de ne pas avancer mais de tourner en rond et d’être enfermé dans un cercle infernal. Tout cela précipite Emma vers son destin tragique.

Le cercle du plaisir et de l’ennui

À chaque fois qu’Emma a un rêve et qu’elle croit le réaliser, ce rêve se brise et elle sombre dans l’ennui ou la dépression. Dans la première partie, Emma s’ennuie et son mariage la déçoit, tant sa réalité diffère d’avec

ce dont elle avait rêvé, commence à s’ennuyer profondément jusqu’à remettre en question mariage et mari, survient le bal au château de la Vaubyessard qui cristallise tous ses rêves, provoquant un contraste entre son ennui face au quotidien et l’exaltation ressentie lors du bal. Emma abandonne toutes ses activités - puis l’amertume s’ensuivent et s’accroissent. Charles décide alors de changer de lieu de vie pour distraire son épouse, quittent Tostes pour Yonville.

Dans la deuxième partie, son idylle platonique avec Léon lui permet de rêver à nouveau et d’échapper à l’ennui, mais son départ la fait sombrer dans un nouvel ennui quasiment mortifère, rencontre avec Rodolphe va ouvrir une nouvelle phase d’exaltation, suivie d‘une dépression encore plus grave que les précédentes, lorsque Rodolphe la quitte.

Dans la troisième partie, l’ennui éprouvé auprès de son époux est à nouveau éloigné par l’adultère et une illusion de romantisme et d’extravagance finissent par s’ennuyer ensemble ; l’étau de l’ennui se resserre alors puisque les périodes d’adultère et d’ennui sont désormais mêlées. À partir de ce moment, le rythme s’accélère vers la tragédie finale. Lheureux poursuit et harcèle Emma, qui voit tout s’effondrer autour d’elle sombre dans la folie et le suicide. Charles meurt de chagrin et le destin de la petite Berthe devient misérable.

Le cercle de l’argent

Emma tombe dans un autre piège, celui des achats et des dettes qui auront raison d’elle. Les achats se multiplient et avec eux les dettes ; le personnage de Lheureux se fait de plus en plus présent et destructeur. La première fois que Lheureux vient la voir et la tenter elle résiste à la tentation, s’estimant alors bien « sage » de la même façon qu’elle résiste en quelque sorte à la tentation de l’amour avec Léon, qui reste un personnage fantasmé. La visite de Léon suit en effet celle de Lheureux qui sait qu’elle finira par céder elle décide de se conduire en bonne mère avec sa fille et en épouse modèle. Le narrateur analysant la psychologie de son personnage met alors amour et achats sur le même plan et dans la même frustration. Léon une fois parti, Emma s’autorise des achats de toutes sortes et ouvre le piège d’où elle ne pourra plus sortir. Elle voit ces achats comme une compensation et une sorte de récompense pour sa bonne conduite. Lheureux réapparaît au chapitre 12 en profite pour tenter à nouveau Emma qui cède. On peut voir là un parallèle avec le moment où elle accepte de devenir la maîtresse de Rodolphe puisque c’est le même verbe qui est employé : « Alors elle s’abandonna ». Il s’agit des mêmes caprices. Mais le lendemain, lorsque Lheureux lui présente sa facture, Emma n’a pas les moyens de payer tout ce qu’elle lui doit et le narrateur mentionne toutes les dettes des époux Bovary. C’est la mise en place du piège de l’argent qui est aussi un gouffre. Lheureux ne pense plus en utilisant le futur mais le présent, il est sûr de sa victoire : « Ah ! je te tiens ! pensa Lheureux » Rodolphe, lui, prévoyant de séduire Emma, s’était dit : « Oh ! je l’aurai ! ». Les deux hommes se conduisent avec Emma comme des prédateurs. Celle-ci cherche des moyens de régler ses dettes et elle n’hésite pas à s’emparer de l’argent que Charles attendait. Elle comble ensuite Rodolphe de cadeaux. Plus tard, elle fait venir Lheureux pour lui commander tout ce qu’elle estime nécessaire à son futur voyage avec son amant. Pendant la dépression d’Emma, après sa rupture avec Rodolphe, Charles reste au chevet de son épouse et ne travaille pas pendant 43 jours. Les dettes s’accumulent ne s’agit plus seulement d’Emma