Les contemplations, Victor Hugo
Par Christopher • 22 Novembre 2018 • 1 700 Mots (7 Pages) • 1 200 Vues
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Dans son ensemble, le poème adopte la forme d’un plaidoyer paradoxal puisque le poète, critiqué, choisi de plaider coupable et revendique ces transgressions et les accentue -> dans une rhétorique de l’hyperbole.
Le poème est un poème manifeste, doté d’une charge polémique considérable et une outrance satirique.
Quand on fait une explication linéaire : faire attention à ne pas faire une pluie de remarques arbitraires… Ne pas s’obliger à traiter tout ce qu’on a vu et de le faire ligne à ligne. Il faut faire circuler le lecteur dans ce qu’on étudie.
Extrait choisi, très représentatif du style de Hugo : « terreur » apparaît tôt vs 4 vers avant la fin « horreur » -> lecteur porté de la terreur à l’horreur jusqu’à la fin du passage qui se clôt sur une forme de peur visuelle.
La révolution romantique apparaît ici majoritairement associée à l’action comme l’indique les temps choisi > passé simple.
Dans les trois premiers vers V. H. exerce un viol sur un cadavre fumant -> super violent. Il viole peut être un vers classique déjà mort.
Ironie > il feint d’adopter le point de vue de ses détracteurs néo-classiques qui lui ont reproché d’introduire des chiffres dans le poème dramatique > il fait allusion au premier vers de Cromwell « Demain, 25 juin 1657 » -> façon de dire que la révolution romantique consiste à introduire l’histoire contre une tragédie classique éternelle, le drame sera daté.
Travestissement de la tragédie de Racine > Mithridate / Date écho potache qui fait rimer de façon burlesque un roi noble de tragédie et un terme prosaïque.
On retrouve ça au vers 100 Courtisane Laïs vs Catin.
Les premiers vers figurent le poète comme un violeur et un personnage licencieux.
A partir du vers 101 à 111 le sujet change, ce n’est plus le poète mais la Révolution, qui apparaît comme une libération du langage et donc comme la fin de l’euphémisme, du langage contraint et châtié.
Dans ces vers le poème prend la forme d’un récit, d’un conte merveilleux dans lequel la portée serait allégorique. On se demande s’il ne serait pas en train de pasticher les contes de Perrault dans cette histoire de Perruque qui se métamorphose en crinière.
Peut-être aussi une parodie de Boileau « Enfin Malherbes vint… ».
Métamorphose grâce à la marraine fée Révolution (sous la diérèse, prononciation burlesque)
La Révolution romantique se fait par une parole, accentuée par le rejet du vers 105, les donnant à lire au discours direct -> Révolution personnifiée.
Cette parole est performative, elle produit une action, la perruque devient crinière.
Le choix du Lion n’est pas pris au hasard (sans blague bande de connards). Animal qui revient souvent comme modèle d’une énonciation poétique fauve, indomptée, forte, noble.
Identification du lion à Dante au début du livre III / poème 2 livre VI etc. Plein de métamorphose en lion etc.
Dans cette seconde partie, le poète entonne La Marseillaise -> hymne patriotique, chant de bataille > d’où le surgissement du « nous » ; « en nos rébellions ». Sous texte de La Marseillaise se retrouve au vers 108 « liberté » et 115.
Dans la dernière partie, profanation de Racine, ce qui profane la tragédie, ce sont les matassins de Molière> il joue Molière contre Racine, mélange les persos de tragédie avec ceux de comédie, etc. -> mélange des genres = incarnation d’un joyeux carnaval !
(ON PASSE LE RESTE CAR PLUS LE TEMPS)
Conclusion :
Passage caractérisé par le brio de la satire > travestir les classiques pour faire entendre la Révolution. Poème manifeste important car :
-Hugo y défend le mélange des styles et des genres > il s’oppose à la vision classique qui sépare ce qui relève de la tragédie (perso noble, style élevé) et ce qui relève de la comédie…
-Hugo affirme sa préférence pour le mot propre contre la périphrase, vers 151.
-Hugo refuse l’équilibre constant de l’alexandrin 6/6 -> il l’utilise afin de montrer le déséquilibre (l’un ne marche pas sans l’autre). Vers 183 -> façon de souligner que par moment l’alexandrin hugolien privilégie les effets d’enjambement pour abattre la césure et dépasser et proposer une autre lecture que 6/6.
-« J’ai jeté le vers noble au chien noir de la prose » -> outrance de Hugo ici manifeste, il n’écrit pas au premier degré, il exacerbe les insultes qui lui ont été faite -> en partie ironique. Cela ne veut pas dire non plus qu’il a recherché un vers prosaïque, cela veut dire qu’il a choisi d’introduire des mots familiers -> renouvellement de lexique + tentative de faire sonner autrement la lecture de l’alexandrin en restant dans un texte qui n’est pas de la prose -> les diérèses très présentes dans les textes en sont la preuve > caractère sonore de la poésie.
Aussi, jeu sur la métrique….Système d’assouplissement, de constitution sonore de la poésie, etc.
L’idéal que veut Hugo est donné à la fin du poème > Il redéfinit la poésie en un sens très large puisqu’il y inclut aussi le roman >la poésie définie l’est de façon unitaire = tout ce qui relève non d’un système rhétorique pré-existant mais ce qui relève d’un usage libérateur et créateur du langage.
Les garants du langage poétique ne sont plus les grammairiens et théoriciens mais Dieu, lui-même qui surgit à la fin du poème > élargissement, métaphysique du mot dans le poème « Suite ».
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