« L'Horloge », Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1861.
Par Stella0400 • 21 Septembre 2018 • 1 328 Mots (6 Pages) • 658 Vues
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lâche) et emploie souvent l’impératif (Souviens-toi ! 5 fois et Meurs au dernier vers). Son discours maltraite le lecteur.
- les différentes voix : Baudelaire imbrique plusieurs voix : celle du poète qui invoque l’Horloge (V.1), puis celle de l’horloge, qui elle-même rapporte le discours de la Seconde au troisième quatrain.
=> Ce dispositif original permet de donner une leçon au lecteur, leçon portant sur le memento mori (= Souviens-toi que tu vas mourir.).
II- Un memento mori
a. un avertissement à tous les hommes
- Les procédés de généralisation :
→ formule généralisante : A chaque homme
→ Nombreux présents de vérité générale : Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues/Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or!
→ L’ ordre « souviens-toi » est exprimé en trois langues ( français, anglais, espagnol) et l’Horloge parle toutes les langues ce qui la rend universelle.
- Les apostrophes aussi semblent s’adresser à chaque être humain : Mortel folâtre, vieux lâche.
=> Si le discours de l’Horloge s’adresse à tous les hommes c’est qu’il a une portée philosophique et universelle.
b. « Le temps mange la vie », tempus fugit
- Une lecture chronologique ? Le poème peut se lire comme l’évocation d’une vie : les plaisir vaporeux (quatrain 2), les minutes gâchées (quatrain 4) sont l’évocation de la vie et la mort intervient au dernier quatrain promise dans un futur proche ( adverbe Tantôt, + verbes au futur).
- Le thème du temps soumettant l’homme est évoqué par plusieurs images :
→ Celle de la dévoration (V.7 et 12).
→ La métaphore filée du joueur (V. 17 et 18).
→ Cette même idée est développée dans l’image des vases communicants : ce que le temps gagne est perdu pour l’homme. On le voit dans les parallélismes et antithèses ( jour /nuit – décroît/augmente) aux vers 19 et 20, puis dans la personnification du gouffre assoiffé et dans l’évocation de la clepsydre.
=> Ces nombreuses évocations du temps qui passe conduisent à l’expression du memento mori.
c. Le memento mori
- Le leitmotiv : souviens-toi, répété 5 fois et traduit en anglais et en espagnol, rythme le texte. Il est repris à la clôture du poème par l’expression « Il est trop tard ».
- L’horloge met ainsi constamment en garde le lecteur, qu’elle considère prodigue (qui dépense trop) ou mortel folâtre (oxymore qui met en avant l’inconscience de l’homme qui gaspille son temps vainement alors qu’il se sait condamné.)
- Le thème de la vanité
On trouve dans le poème le thème de la vanités (l’homme gaspille son temps précieux dans des plaisirs vains) avec les plaisirs vaporeux V. 5( = sans consistance), la sylphide au fond de la coulisse V. 6 ( l’amour est une illusion comme au théâtre).
- Le thème du carpe diem
On trouve aussi celui du carpe diem (cueille le jour = profite du présent) avec la métaphore minière : Les minutes (…) sont des gangues qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or V. 15 et 16.
- Une vision spleenétique de la condition humaine
Le poème est particulièrement spleenétique car l’homme au terme de sa vie, n’a pas su entendre ces leçons. On le voit dans le dernier quatrain grâce aux allégories : Hasard, Vertu et Repentir (signalées par une majuscule). Le Hasard est accompagné de l’adjectif divin et évoque le terme de la vie. La Vertu, qualifiée d’auguste est une épouse encor vierge (l’homme ne l’a pas « utilisée »). Sa seule action face à la mort est le repentir qualifié de Dernière auberge.
Éléments de conclusions
- Le poème met en scène, grâce à la prosopopée, l’avertissement de l’Horloge à ’homme. C’est un renouvellement de l’expression poétique du thème du memento mori.
- Le poème s’inscrit dans la vision spleenétique de la condition humaine par Baudelaire puisque l’homme ne sait prendre en compte cet avertissement.
- Baudelaire cependant ne sort-il pas victorieux de ce combat contre le temps : il a magnifié l’horreur de la condition humaine par la beauté du poème ( cf. citation : Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.). N’a-t-il pas aussi vaincu le temps en rendant sa poésie et
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