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Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire

Par   •  29 Octobre 2018  •  1 484 Mots (6 Pages)  •  699 Vues

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“Voulez-vous (d'un destin trop dur

Épouvantable et clair emblème!)

Montrer que dans la fosse même

Le sommeil promis n'est pas sûr” (v. 21-24)

Dans ce poème, Baudelaire est saisi par le doute en face du gouffre de la mort; peut-être que le vie au-delà du tombeau ne procure aucun repos, aucune sérénité, que la mort nous dupe et nous déçoit. Il en arrive à la conclusion terrible “Que tout, même la mort nous ment” (v.26). L’angoisse, le spleen sont donc associés à la mort mais aussi à l’espoir. Ainsi, “Une charogne” (XXIX) oppose l'atrocité de la décomposition du corps à la pérennité de l'esprit, rendue possible par la poésie.

De même, la dernière section des Fleurs du Mal, intitulée La Mort, propose deux perspectives différentes, selon si l'on s'intéresse à l'édition de 1857 ou à celle de 1861.

En effet, la première édition du recueil s'achève par “La Mort des artistes” (CXXIII), qui promet l'espoir et rend la mort fascinante:

“C'est que la Mort, planant comme un sommeil nouveau,

Fera s'épanouir les fleurs de leur cerveau.” (v.14-15)

De même, « La Mort des amants » et « La Mort des pauvres » font de la mort un asile consolateur.

En revanche, l'édition de 1861 s'achève par « Le Rêve d'un curieux » (CXXV) et « Le Voyage » (CXXVI), qui proposent une vision bien plus pessimiste. À l'espoir bienheureux succède l'angoisse que la mort soit sans surprise:

“Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte !

Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,

Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe?

Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau” (v.141-144/ Le voyage)

Ces deux dénouements sont révélateurs de l'ambivalence du poète qui simultanément espère et se décourage.

La Mort est ressentie à la fois comme un achèvement et un inachèvement, comme source de sérénité et de tourment, selon l’ambivalence que traduisent Les Fleurs du Mal.

- La mort fondatrice

Le discours de Baudelaire sur la mort va révolutionner toute une esthétique par les rouages de son écriture poétique, car il introduit dans la tradition poétique du discours allégorique de la mort ou sur la mort, la vision du poète, le “je”.

En effet, les allégories du recueil sont perçues par le regard du poète. Le “je” s'associe donc à la mort parce qu'il en est le spectateur. Or cette présence du “je” obéit souvent à un crescendo. Ainsi, dans “Danse macabre” (XCVII) et “Le Squelette laboureur” (XCIV), le pronom personnel de la première personne n'est pas immédiatement présent, mais succède à l'indéfini “on”. Cet effet de discours est encore plus perceptible dans “Une charogne” (XXIX) et “Un voyage à Cythère” (CXVI), ces deux poèmes établissent le même contraste entre le mouvement du regard et la fixité de l'objet regardé, le “je” succède au “nous”, à l'allégorie perçue par le couple succède la parole du poète qui tire une leçon . La mort n'est donc pas seulement l'objet d'une perception, elle constitue le coeur même du discours poétique.

L’utilisation de métaphores ou de comparaisons renforce le fait que la mort soit fondue dans le discours poétique.

Ainsi, le sonnet XXXII de Spleen et Idéal métamorphose, à l’aide d’une comparaison, les vivants en morts:

“Une nuit que j'étais près d'une affreuse Juive, Comme au long d'un cadavre un cadavre étendu...” (v. 1-2)

Les métaphores, qui effacent le lien de comparaison, rendent encore plus flagrante cette inscription de la mort dans la parole poétique:

“Je suis un cimetière abhorré de la lune,

Où comme des remords se traînent de longs vers

Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.” (“Spleen” (LXXVI), v. 8-10)

“Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,

Défilent lentement dans mon âme...” (“Spleen” (LXXVIII, v. 17-18)

Le poète est la mort; son identité ne se distingue plus de la mort, du néant. La mort est donc fondatrice de la poésie. Elle est son essence, sa voix.

C'est donc par cet ancrage de la mort dans la poésie que Baudelaire peut être considéré comme le premier des modernes.

1 : L'édition définitive des Fleurs du Mal a la structure suivante :

- Spleen et Idéal (poèmes I à LXXXXV)

- Tableaux parisiens (poèmes LXXXXVI à CIII)

- Le Vin (poèmes CIV à CVIII)

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