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Je vis, je meurs de Louise Labé

Par   •  26 Novembre 2017  •  1 609 Mots (7 Pages)  •  1 269 Vues

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à effet rythmique.

* L’excès est marqué par des termes hyperboliques : « grands », « extrême, « maint », « trop » …» associés à des allitérations en [m] marquant la douceur ou en [d] mimant au contraire la dureté ou des assonances nasales ou fermées : [ã = an], [y = u) qui traduisent le repliement sur soi, l’intériorisation du mal d’amour .

B- La dépossession du sujet / L’impossible maîtrise de soi

le registre lyrique

-« je » est omniprésent dans toutes les strophes et parfois plusieurs fois, il est employé avec le pronom personnel « me » et l’adjectif possessif « mon » v.14.

-poème centré sur l’expression personnel. Cela montre l’envahissement de la passion qui occupe c’est une forme de dépendance. On oublie le reste du monde.tout : corps + âme Celui qui provoque la passion est absent (déréalisé) car il n’y a pas de marque de la 2ème personne. L’amour se joue du personnage que de l’homme.

-« Amour » est personnifiée mais impersonnel. Le processus de la passion est toujours le même idéalisation qui dépasse la figure de l’amant : chacun aime d’abord l’amour.

* Le sujet parlant est complément d’objet d’ « Amour », dans : « Ainsi Amour inconstamment me mène » et « Ilme remet en mon premier malheur » ou dépend de « vie » dans : « La vie m’est et trop molle et trop dure »,ce qui montre la passivité du moi sujet ou plutôt son impuissance à contrôler ses émotions et sentiments.

* Le verbe « endurer » utilisé au présent et au gérondif (figure du polyptote = variante flexionnelle du même mot) renforcecet état de dépendance du sujet.

* L’Amour, allégorisé par la majuscule, est donc bien le maître absolu et implacable qui soumet ou qui fait espérer « inconstamment » le cœur humain.

* Le rythme irrégulier du poème renforce cette instabilitédes émotions et sentiments, tantôt binaire pour marquer l’ambivalence « J’ai grands ennuis/ entremêlés de joie », tantôt quaternaire et heurté « Je vis,/ je meurs ;/ je me brûle/ et me noie » tantôt croissant, tantôt l’inverse.

*Le dernier vers renferme le poème sur lui même "malheur".

C- Une inscription de la douleur d’amour dans le temps

Le cadre spatio-temporel

* Les temps : le présent d’énonciation (« je vis, j’ai chaud, je pense, je crois ») marque un état physique et moral, actuel et durable, mais aussi répétitif, tandis que le gérondif (« en endurant ») marque la simultanéité d’états contradictoires comme si la passion figeait le temps, ce qui lui donne un caractère intemporel et universel.

* Aucun cadre spatio-temporel : on ne sait ni où ? Ni quand ? C’est une description de la vérité générale : processus de la passion est toujours égal.

 Poésie lyrique très personnelle mais universelle.

* Particularité du mot à la rime « dure » qui est, soit le présent du verbe « durer », soit l’adjectif qualificatif « vie[…] dure » qui associe ainsi le temps et la souffrance. On retrouve le même morphème à l’intérieur des mots « endure » et « froidure » : jeu lexical d’écho fondé, entre autre, sur la dérivation et l’homonymie.

* Des connecteurs temporels (« Et », « Puis ») marquent une simultanéité ou un processus de transformation. La métaphore végétale du vers 8 : « je sèche et je verdoie » semble bien traduire ce cycle du renouveau de la passion et de sa dégénérescence naturelle.

* Le dernier vers clôt le sonnet sur lui-même sur une idée de répétition : la poétesse est condamnée à revivre le processus qu’elle vient d’exposer. « Il me remet en mon premier malheur » : le préfixe suggère une répétition, + adjectif premier => une structure en boucle obsessionnelle qui semble enfermer le sujet dans un cercle fatal et qui préfigure la passion racinienne.

Conclusion

Le sonnet lyrique et élégiaque (car il y a plus de douleurs que de malheurs) offre l’image de l’amour en y montrant les états extrêmes du « Moi » qui est une victime de l’Amour. Plus que la relation amoureuse, il s’agit ici de décrire les manifestations organiques violentes de la passion qui font perdre le contrôle de soi et triomphe de la raison. C’est le thème de la folie d’amour médiéval qui est repris dans ce sonnet, sujet aussi de son Débat d’Amour et de Folie, mais au féminin (voir la folie de Tristan ou d’Yvain dans les romans médiévaux).

Cette expérience semble universelle, durable et indomptable.

L’image de la femme qui aime et dépend de l’autre est aussi présente.

Cette image de l’Amour traverse la littérature et tous les poètes français lyrique l’ont chanté (Dante et Pétrarque ou même Racine).

Louise Labé annonce aussi la tendance baroque de l’instabilité, du fluctuant mais aussi les états passionnels des héros raciniens et leur analyse dans La Princesse de Clèves.

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