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Exposé sur la mort et la peine de mort dans l'oeuvre de Camus

Par   •  24 Novembre 2018  •  1 664 Mots (7 Pages)  •  664 Vues

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II La lutte contre la peine de mort au travers du roman

A) Un acte inhumain

Camus et Meursault éprouvent un dégoût total face à cet acte, ainsi le seul souvenir de son père qui le hante est lorsque ce dernier s’est rendu à une exécution publique : « Il était allé voir exécuter un assassin. Il était malade à l’idée d’y aller. Il l’avait fait cependant et au retour il avait vomi une partie de la matinée. […] Comment n’avais-je pas vu que rien n’était plus important qu’une exécution capitale et que, en somme, c’était la seule chose vraiment intéressante pour un homme ! » Il ironise au travers de l’absurde l’acceptation voire le divertissement lié aux exécutions dans notre société moderne. Les phrases courtes et avec peu d’adjectifs amplifient cette absurdité au profit d’une dénonciation de l’acte absolument insensé (qu’il théorise davantage dans ses essais) qu’est la peine capitale, surenchérie par le fait qu’elle soit publique et prenne une forme de « spectacle ».

B) L’impossibilité d’un jugement entièrement juste et l’absence de crime méritant cette sanction absolue => satire de la justice

Il considère le jugement de la peine de mort comme grossier car une sanction irrécupérable est en jeu : « Je ne sais combien de fois je me suis demandé s’il y avait des exemples de condamnés à mort qui eussent échappé au mécanisme implacable, disparu avant l’exécution, rompu les cordons d’agents. » Il est illustré par les arguments sur lesquels le jugement de Meursault est effectué et notamment sur le fait qu’il n’ait pas pleuré à l’enterrement de sa mère. Ainsi l'œuvre se résume à la célèbre phrase de Camus « Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort ». Le jugement absolu, sans possibilité de retour en arrière, dépend beaucoup de l’air du temps, des différents protagonistes au procès, en un mot du hasard, et qu’il n’est pas rare qu’on exécute des innocents injustement condamnés : « la sentence avait été lue à 20 heures plutôt qu’à 17, le fait qu’elle aurait pu être tout autre, qu’elle avait été prise par des hommes qui changent de linge, qu’elle avait été portée au crédit d’une notion imprécise que le peuple français, il me semblait bien que tout cela enlevait beaucoup de sérieux à une telle décision. »

La parole de l’accusé est confisquée lors du procès alors que cet évènement est censé faire naître la vérité. Un milieu judiciaire professionnel, insensible aux enjeux de la situation. « Mon avocat est allé vers les journalistes, a serré des mains. Ils ont plaisanté, ri et ils avaient l’air tout à fait à leur aise. » (p.125) + manipulation des témoins + lecture partielle des faits + un procès proche du spectacle (acteurs dans leurs costumes de scène : l’avocat « en robe », le procureur « un grand homme mince vêtu de rouge », gestuelle, débat percutant…

C) La nécessite de prendre en compte la complexité psychologique d’un meurtrier

Camus dénonce le fait (au travers de Meursault) que la complexité psychologique du délinquant rend l’influence de la peine capitale sur la décision criminelle quasi-inexistante. En effet la plupart des criminels ne savent pas le matin du meurtre qu’ils allaient tuer ce jour. On ne tient pas compte de la psychologie du meurtrier plus poussé par la passion ou l’instinct de mort que freiné par une loi.

Les autorités judiciaires font une analyse superficielle et fausse de Meursault et ne voit de lui qu’indifférence, sauvagerie tel un parfait criminel sans regret, sans sentiments et ayant prémédité son meurtre. Même l’avocat fait une lecture erronée des faits, il le présente en bon travailleur aimant sa mère, ce qui n’est pas plus juste que la première vision. Cependant Camus a laissé au travers de l’écriture du roman, des indices prouvant la sensibilité, l’affection de Meursault notamment pour sa mère (« maman », plutôt que « ma mère » et le fait de penser à elle en entendant le chien pleurer) permettant au lecteur de comprendre que les autorités se trompaient profondément dans leur jugement.

Conclusion :

La lutte contre la peine de mort et la réflexion autour de ce combat est au centre de « L’Etranger » tout comme elle est au centre de son œuvre. Ainsi comme disait Malraux à propos de Camus « Camus. Lisez aussi l’essai. L’essai et le roman, au fond, sont jumelés. » en référence à son essai « Le Mythe de Sisyphe ». En effet les deux ouvrages se rejoignent de par le personnage central presque suicidaire qui souhaite échapper à sa condition humaine et en quête de passion pour faire face à l’absurdité de sa vie.

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