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Dom Juan, acte III, scène 2, Molière, la scène du pauvre

Par   •  5 Octobre 2018  •  1 671 Mots (7 Pages)  •  541 Vues

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III) La tentation du louis d’or

Il s’agit d’une scène de tentation : Dom Juan joue le rôle du tentateur. Cette scène rappelle celle où le Christ (ici le Pauvre) réfugié dans le désert résiste à la tentation de Satan (Dom Juan). De la même façon que le Pauvre vendait ses prières, Dom Juan échange de l’argent contre un blasphème présentant un double risque : pour le chrétien, le risque du salut spirituel mais également une sanction sociale (de fortes amendes et un emprisonnement) car le blasphème est un crime social. La réplique du Pauvre s’ouvre sur l’interjection « ah ! » qui montre la révolte face à ce risque spirituel : c’est un « péché ». Dom Juan s’obstine et sort un pièce en employant un présent affirmatif. C’est une sorte de sadisme : il fait miroiter le louis d’or à ses yeux. « si tu jures » : il emploie le conditionnel et retire sa main. Le verbe « jurer » est repris deux fois. Le Pauvre répond par l’interjection « Monsieur » qui constitue une prière. Intervention de Sganarelle qui, lui, est prêt à s’arranger : cet accommodement moral constitue une lâcheté. « va, va » constitue un encouragement. Il va s’arranger avec la morale. Sorte

d’oxymore avec l’emploi de l’adverbe de quantité « un peu » : « jure un peu ». C’est la quatrième occurrence du verbe « jurer ». Dom Juan : « Prends, le voilà ; prends, te dis-je ; mais jure donc » : Il emploie l’impératif présent et le présentatif « voilà ». En considérant comme presque accompli le geste de prendre, il le rend plus facile à faire. La répétition du verbe « prendre » ajoute de la persuasion à cette tentative de séduction. Réaction du pauvre : il résiste, il ne cède pas à la tentation : il préfère la mort. →Il a quelque chose de très digne, d’héroïque, il est dans une posture christique en résistant. → Crainte du courroux du Ciel et des sanctions pénales. →Pourtant Dom Juan l’emporte aussi de son point de vue. Il lui suffit d’avoir démontré que Dieu ne s’est pas manifesté et d’avoir joui de la souffrance d’un homme déchiré entre sa foi et l’espoir du gain. Pour Dom Juan, il s’agit de bêtise. Le Pauvre est un être tellement conditionné qu’il ne peut s’affranchir de l’idée qu’il a dans l’esprit alors que Dom Juan lui a démontré l’inutilité de la prière. La réplique finale de Dom Juan est marquée par la pitié suscitée « par l’amour de l’humanité », et non par « amour de Dieu ». Ce n’est pas au nom de la religion qu’il est charitable mais au nom de l’humanité. Il substitue à une morale chrétienne une morale laïque. Dom Juan apparaît comme un impie (un athée ?) mais qui a des valeurs morales. C’est un libertin (il croit seulement que 2 et 2 font 4) et il a une morale. De la même façon qu’il est charitable, il vole au secours d’un homme attaqué. Il montre ainsi une morale de classe, les valeurs de la noblesse en faisant preuve de courage, de vertu chevaleresque.

Conclusion :

Cette scène peut recevoir plusieurs interprétations : - cette scène voit le triomphe du Pauvre dans une position christique : la dignité de la foi s’oppose à la concupiscence de la tentation. - Le Pauvre est dans la contradiction : tentative de Dom Juan de libérer le Pauvre de la conformité morale. On peut sans doute entendre la voix de Molière, proche d’un Dom Juan athée. Dom Juan apparaît comme un personnage complexe : une part lumineuse de Dom Juan qui peut vivre sans religion et avoir une morale. Cette scène sera censurée car elle est considérée comme une scène de grand libertinage philosophique.

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