Commentaire Ruy Blas scène 3 acte III
Par Plum05 • 19 Octobre 2017 • 1 955 Mots (8 Pages) • 3 542 Vues
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elle se cache dans l’ombre. Ce qui est d’ailleurs très intéressant c’est l’utilisation de cette cachette non pas se cacher au premier sens du terme, mais pour agir secrètement.
3) On peut analyser une cristallisation du sujet-amoureux
Elle agit comme un dieu veillant sur lui. Tout comme Ruy Blas le fait, la reine cristallise son sujet amoureux. « ou dieu aurait du mettre une femme te met » : elle voit en Ruy Blas un être descendu du ciel vers la terre pour la délivrer. D’ailleurs avant meme de lui déclarer sa flemme elle « lève les yeux au ciel et demande l’autorisation au ciel de lui parler ». Une fois l’autorisation donné elle le place en haut de tout et de toute chose au dessus d’elle. Il y a cette idée qu’il sait tout, omniscient il devient un être providentiel !
Dans le discours de la reine il y a ce sème de la connaissance de tout et de toute chose de la part de Ruy Blas , il sait qu’elle n’est pas heureuse de sa chambre au vers 1260, il sait que c’est elle qui le fait gravir les marche au vers 1244. Il est cet être omniscient, cette réincarnation de dieu. Finalement elle n’aime pas Ruy Blas parce ce qu’il est supposé être Don Césare ou un laquais, elle l’aime parce que c’est cet homme qui ranime son coeur, il est l’autorisation de vivre. Comme le dit Jacques Weber : « la Reine n’aime pas Ruy Blas. Elle aime une fleur déposée sur un banc »C’est lui qui lui permet de sortir de sa condition d’objet. Elle devient l’allégorie d’un pays déchirant ses chaines
III) La reine comme outil finale à la création d’un Roi.
Passage du tu au vous : Ruy Blas devenant Roi
Tout au long du dialogue, la reine utilisé la deuxième personne pour s’adresser a Ruy Las. EXEMPLE Cependant à partir du vers 1269 , comme l’indique la didascalie « gravement » la reine utilise un registre solennel pour s’adresser à Ruy Blas, il n’est plus un laquais, ni même don César, il n’est d’ailleurs plus Ruy Blas, il devient roi. Au vers 1270 « Reine pour tous, pour vous » elle devient sa possession.
Ruy Blas est un roi, une terre et la reine se refusant d’être reine comme elle le dit au vers 1270 « je ne suis qu’une femme », se diminue pour le grandir et lui mettre la couronne sur la tête.
b) Prédestination à une fin funeste :
Ce qui est troublant c’est bien la bipolarité des sentiments alliance de beauté, exhalation face à la souffrance et la mort. OXYMORE D’ailleurs tout au long de la scène il y a ce champ lexical de la mort : crouler, flamme, effroi, meurs, mourrai, souffrais, achevez, tombe, cage, gouffre, souffre contre « amour, coeur admire fleur, empire, colombe, doré ». Ainsi le sentiment que l’amour ne peut aller sans la souffrance est bien un trait mélancolique, cet aveu devient une fécondité vénéneuse, il devient un aveu plus fatale que fertile et ce don d’âme n’est ainsi qu’un don de mort.
c) La reine comme clef d’illusion final au masque de Ruy Blas.
C’est elle la finalité du masque de Ruy Blas au vers elle annonce « c’est moi qui t’ai fait , par degré, monter jusqu’au sommet » elle est la finalisation de son masque, la clé de l’illusion sans même le savoir. « Sois fier car le génie est ta couronne à toi »
Elle se transforme en objet en lui donnant son âme au vers « don César je vous donne mon âme» C’est la première fois qu’elle le nomme Don Césare et c’est à lui qu’elle donne son âme, c’est d’ailleurs à la fin de la scène ce qui donne au spectateur le retour à la réalité au grotesque à l’inquiétude et qui va laissé présager une fin funeste. C’est pourquoi j’appelle le discours solennel de la reine une prédestination à la mort.
Finalement ce serment amoureux n’est que la mise en relief d’une pluralité d’être , pluralité de « je » qui ne réduit pas la complexité de l’amour à un « je et tu » avec l’impossibilité d’un « nous »mais la complexité d’une pluralité de « je » qui tend vers un « il » chacun transformant l’autre en un « il » un objet statique rêvant de liberté se créant un monde ou l’un pourrait briser les chaines de l’autre, mais la réalité ne fait pas partie du discours, la réalité est l’absente de ce serment amoureux. Ce n’est que l’illusion d’un amour ou la vérité comme le dit Hugo est comme le soleil trop dure à regarder. Dans cet extrait c’est l’alliance du sublime et du grotesque qui révèle la complexité des sentiments et plus loin encore la complexité d’être : l’essence même du théâtre de Victor Hugo.
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