Lecture analytique dom juan acte II scène 3
Par Orhan • 13 Mai 2018 • 1 478 Mots (6 Pages) • 1 053 Vues
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Les réactions sont caricaturales; le mélange de l'amour et de la trivialité/vénalité déclenche le rire. D'autant plus que les spectateurs (nobles) observent des paysans qui reproduisent un amour courtois (celui de la noblesse) mais n'en possèdent pas les codes.
Transition
Cette scène permet au dramaturge de divertir son public et de rappeler que la pièce se veut une comédie. Toutefois la façon dont Dom Juan se conduit dans cette même scène prolonge le portrait du personnage ébauché par Sganarelle dans la scène d'exposition, à savoir celui d'un « grand seigneur méchant homme » dont nous allons maintenant détailler les ressorts .
II Le portrait comique d'un « grand seigneur méchant homme » ?
De cette scène DJ ne sort pas grandi : en effet s’il s’agit d'un intermède dans le jeu de séduction auquel se livre le héros, cette scène éclaire néanmoins son caractère obsessionnel et empêche dans une certaine mesure de le prendre complétement au sérieux.
* La morgue et l'orgueil de l'aristocrate= grand seigneur
Elle est perceptible :
-dans le qualificatif d' « impertinent » qu'il adosse à Pierrot qui dit le mépris dans lequel il le tient
- dans les silences qui succèdent aux interjections et onomatopées qui trahissent bien le sentiment de Dom Juan pour lequel le dialogue avec un paysan est inconcevable.
-dans les coups et les soufflets que Pierrot ne peut rendre (le paysan ne peut frapper ne noble)
Toutefois ce même recours aux coups et cette envie de rosser le paysan dégrade déjà le prestige de DJ car lui l'homme de parole à l'éloquence assurée ne parvient pas à faire taire son adversaire.
Ainsi « euh » illustre son incompréhension, redoublée par la question «Qu'est-ce que vous dites? »
De même relèvera-t-on que ces coups ne touchent pas tous leur cible..
* une obsession
le caractère obsédant est manifeste dans le discours du personnage qui perd de son éloquence et devient laconique ; c'est à Pierrot que revient l'essentiel des répliques.. On comprend bien qu'il perd son sang froid et ne se contrôle plus. La violence du désir correspond à la volonté de frapper son adversaire qui l'a interrompu Son obsession le pousse ainsi à vouloir éliminer tout obstacle à son désir. A la fin de la scène il reprend son discours amoureux ce qui rend manifeste l'obsession du séducteur
« Enfin je m'en vais être le plus heureux de tous les hommes, et je ne changerais pas mon bonheur à toutes les choses du monde. Que de plaisirs quand vous serez ma femme! et que... » On notera le superlatif hyperbolique « le plus heureux de tous les hommes » qui accentue l'obsession tout en rendant quelque peu ridicule le personnage de Dom Juan. Faut-il y lire un éloge du plaisir et de l'instant ou un mensonge sciemment énoncé ?
* la démesure du libertin (hybris*)
L’hybris (aussi écrit hubris, du grec ancien ὕϐρις / húbris) est une notion grecque que l'on peut traduire par démesure. C'est un sentiment violent inspiré par les passions, et plus particulièrement par l'orgueil On en reconnaît le signes dans cette scène. Que ce soit l'immoralité de DJ , son ingratitude, l'ironie (« Te voilà payé de ta charité ») ou dans le fait que DJ ne respecte pas l’ordre social établi en faisant la cour à une paysanne. On peut aussi relever la cruauté dont il fait preuve (avec Pierrot mais aussi Charlotte) . En fait Dom Juan apparaît comme un être de la démesure et ce d'autant plus que la mesure est ridiculisée en ce qu' elle est prônée par Pierrot et Sganarelle qui sont bien incapables d'être mesurés? On retrouve dans cette scène un rejet du mariage,de l'institution et de la morale au travers du personnage de Dom Juan . Dom Juan se sent libre de suivre la nature c'est à dire son désir.
Conclusion
Nous avons vu combien Molière est un héritier des comédies populaires dont il reprend certains éléments mais Dom Juan ne sort pas indemne de cette confrontation si bien que lui aussi paraît ridicule.
S'agit-il pour le dramaturge de désamorcer la portée polémique de la pièce ou bien d'éclairer davantage encore l'amoralité de son héros dont on connaît la fin tragique.
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