Corpus de BAC, la scène de l'aveu
Par Stella0400 • 7 Décembre 2018 • 1 082 Mots (5 Pages) • 738 Vues
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Vous eût du Labyrinthe enseigné les détours.
Que de soins m’eût coûtés cette tête charmante !
Un fil n’eût point assez rassuré votre amante :
Compagne du péril qu’il vous fallait chercher,
Moi-même devant vous j’aurais voulu marcher,
Et Phèdre au Labyrinthe avec vous descendue
Se serait avec vous retrouvée ou perdue.
1. allusion à la descente aux Enfers de Thésée en vue d’aider Pirithoüs à enlever Proserpine, épouse de Pluton qui l’avait lui-même déjà enlevée.
2. Ariane et Phèdre.
3. le Minotaure.
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Texte C : Corneille, Le Menteur (1643), Acte II, scène 5
Géronte, le père de Dorante, a pour projet de marier son fils à Clarice. Confronté à la volonté paternelle, Dorante est contraint de mentir et d’avouer un mariage qui n’est que pur produit de son imagination.
GÉRONTE. – Fais ce que je te dis.
DORANTE. – Mais il est impossible ?
GÉRONTE. – Impossible ! et comment ?
DORANTE. – Souffrez qu’aux yeux de tous
Pour obtenir pardon, j’embrasse vos genoux.
Je suis…
GÉRONTE. – Quoi ?
DORANTE. – Dans Poitiers…
GÉRONTE. – Parle donc, et te lève.
DORANTE. – Je suis donc marié, puisqu’il faut que j’achève.
GÉRONTE. – Sans mon consentement !
DORANTE. – On m’a violenté1,
Vous ferez tout casser par votre autorité,
Mais nous fûmes tous deux forcés à l’Hyménée2
Par la fatalité la plus inopinée…
Ah, si vous le saviez.
GÉRONTE. – Dis, ne me cache rien.
DORANTE. – Elle est de fort bon lieu3 ! mon père, et, pour son bien,
S’il n’est du tout4 si grand que votre humeur souhaite…
GÉRONTE. – Sachons, à cela près, puisque c’est chose faite.
Elle se nomme ?
DORANTE. – Orphise, et son père, Armédon.
GÉRONTE. – Je n’ai jamais ouï ni l’un ni l’autre nom.
Mais poursuis.
DORANTE. – Je la vis presque à mon arrivée.
Une âme de rocher ne s’en fût pas sauvée,
Tant elle avait d’appas, et tant son œil vainqueur
Par une douce force assujettit mon cœur.
Je cherchai donc chez elle à faire connaissance,
Et les soins obligeants de ma persévérance
Surent plaire de sorte à cet objet charmant,
Que5 j’en fus en six mois autant aimé qu’Amant.
[…]
1. on a exercé sur moi une contrainte.
2. mariage.
3. de bonne naissance.
4. pas exactement.
5. si bien que.
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Sujet
I. Vous répondrez d’abord à la question suivante :
Comment l’aveu est-il présenté dans ces trois extraits ?
II. Vous traiterez ensuite, au choix, l’un des sujets suivants :
1. Commentaire
Vous ferez le commentaire du texte de Phèdre de Racine (texte B). Vous montrerez que cet aveu amoureux se fait de façon détournée et labyrinthique.
2. Dissertation
Pourquoi la scène d’aveu occupe-t-elle une place si importante au théâtre ? Montrez, en premier lieu, que la scène d’aveu, par la tension qui l’anime, constitue un élément fondamental de l’action dramatique. Dans un second temps, soulignez combien elle permet d’accéder à une meilleure connaissance des personnages. Démontrez enfin son rôle dans le déploiement du comique ou du tragique.
3. Écriture d’invention
Imaginez à votre tour une scène d’aveu. Elle devra prendre la forme d’un dialogue en prose jouant de toutes les ressources du langage dramatique pour susciter la tension et l’intérêt du spectateur.
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