Commentaire de l'incipit de Bel Ami
Par Matt • 9 Avril 2018 • 961 Mots (4 Pages) • 983 Vues
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dans le miroir n’est pas tant sa nouvelle apparence qu’une construction, une mise en scène, accentuée par la comparaison de la ligne 11 : « il s’étudia comme font les acteurs pour apprendre leurs rôles ». Dès lors, ses premières pensées sont révélatrices : puisqu’il fait illusion, puisqu’il est beau, il peut séduire (« il chercha les degrés du sourire et les intentions de l’œil pour se montrer galant auprès des dames, leur faire comprendre qu’on les admire et qu’on les désire » l. 12-13). Mais il n’est pas ici question d’amour : rien de romantique à cette aspiration de plaire, le pluriel prévaut, les « dames » ne seront qu’un moyen de parvenir, « Certes, il réussirait avec cette figure-là » (l.17). La séduction est une arme qu’il apprend à manier.
Nous voyons donc que l’incipit présente un protagoniste dont le portrait est déjà partagé entre les aspirations d’un jeune homme qui souhaite réussir dans la société parisienne et l’esprit plus sombre et calculateur d’un manipulateur en devenir.
II- Une société fondée sur les apparences
1) La peur du ridicule
- location d’un costume (on rappelle que Forestier lui a dit qu’il était plus important d’avoir un habit qu’un lit et qu’il lui a prêté de l’argent)
- peur d’être surpris, « démasqué »
- peur inconsciente d’être habillé comme le laquais
2) L’apparence, porte d’entrée dans le monde
- décor qui participe à l’importance de l’apparence « longue perspective de galerie »
- omniprésence des miroirs qui rythment l’arrivée jusqu’au « monde »
- « comme font les acteurs »
- « se montrer galant auprès des dames »
- « salon où il fallait entrer » → violence de l’entrée dans le monde « jeta »
L’incipit de Bel-Ami présente un personnage, Georges Duroy, dont les idéaux de réussite sont confrontés, au début de son ascension, à la réalité de la vie parisienne. Il doit se soumettre à ses codes et à ses règles pour espérer « parvenir ». Or, il s’agit d’une société qui fonde la réussite sur l’argent et les apparences : Georges Duroy, loin d’en être effrayé, se glisse dès les premières pages dans son nouveau personnage, au risque d’y perdre son honnêteté et son intégrité. Guy de Maupassant, suivant les principes du mouvement réaliste, qui prône une peinture de la société conforme à la réalité, montre ici sa volonté de dévoiler l’autre côté du miroir, l’envers du décor de la réussite.
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