Analyse linéaire, Le Lion et le Moucheron, Jean de La Fontaine

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L’utilisation du style épique a également une visée parodique. La Fontaine a par exemple recourt à de nombreuse hyperboles pour exagérer le combat : le lion est « presque fou » (v.14), sa rage est « extrême » (v.28), « se trouve à son faîte montée » (v.22). Les deux animaux s’insultent au début de la fable ; le Lion traite le Moucheron d’ « excrément de la terre » (v.1), et le Moucheron dit que même le bœuf est plus puissant que le Lion (v.7), mais ils sont tous deux dénigrés par la suite ( le Lion devient un simple quadrupède (v.15), et le Moucheron est un avorton de mouche (v.19) ) ce qui rappelle la réalité de la scène : c’est simplement un lion irrité par un moucheron.

La Fable se termine par une double morale, la première indiquant qu’il ne faut pas sous-estimer ses ennemis, même s’ils ont l’air inoffensifs , et la seconde montrant qu’on est jamais à l’abri de mourir subitement, même en étant un héros, et en ayant affronté de nombreux dangers. L’auteur fait également intervenir le lecteur pour le mettre face à ces morales et le faire réfléchir en écrivant « quelle chose par là peut nous être enseignée ? » (v.35). Les deux morales se rejoignent sur un même enseignement commun : il ne faut sous-estimer aucun ennemi, aucune situation, même si ils paraissent sans danger. Cette fable est donc assez pessimiste et fataliste face à l’idée de la mort : elle peut être longue et tragique, tout comme elle peut être subite et ordinaire. On peut aussi noter que les deux morales sont écrites au présent de vérité générale, ce qui renforce l’aspect didactique de la fable.

Enfin, nous pouvons supposer que La Fontaine a écrit cette fable pour mettre en garde le Roi (à cette époque Louis XIV ), représenté par le Lion, contre ses propres guerres qui peuvent connaître une fin tragique, mais aussi contre ses courtisans, représentés par le Moucheron, qui peuvent faire preuve d’un grand orgueil et lui nuire. Par le biais de cette fable, La Fontaine parvient ainsi à faire une critique de la société de son temps.