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Le lion et le moucheron, Jean de la Fontaine

Par   •  10 Octobre 2018  •  1 342 Mots (6 Pages)  •  651 Vues

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II – Des animaux personnifiés au service d’une double morale

A – La personnification du Lion et du Moucheron

Comme dans la plupart de ses fables, La Fontaine met ici en scène des animaux anthropomorphes, c’est-à-dire au comportement humain.

Les deux animaux sont désignés par des majuscules, ce qui leur donne un caractère humain et individuel. Ils parlent (v.3) et rient (v.23) comme le feraient des hommes.

A chacun des deux animaux correspond un caractère défini :

♦ Pour le Lion, c’est une description physique qui domine («échine», «museau», v.20; «griffe», «dent», v.24; «queue», «flanc», v.27) afin de montrer que la force prime.

Hors de ces attributs physiques, son statut symbolique de roi des animaux est rappelé au début de la fable (v.5) : ce statut puissant s’accompagne d’un comportement méprisant et téméraire qui le mènera à sa perte.

♦ Le Moucheron est quant à lui personnifié de manière plus complète par la Fontaine.

Il parle plus longuement (quatre vers contre un seul pour le Lion) et met en œuvre, en tant que «Héros» (v.11) une véritable stratégie militaire pour triompher de son adversaire. Il apparaît donc rusé et agile, et sort victorieux du combat.

Mais la fable souligne également sa violence (il lance le combat et rit de voir le lion agoniser) et son orgueil: après le combat, il se vante de manière irréfléchie de sa victoire («il sonne la victoire/Va partout l’annoncer», v.31-32) et meurt d’imprudence.

B – Une double morale pessimiste

La description de ces deux caractères et de leurs destinées funestes permet à la Fontaine de tirer des enseignements moraux qu’il adresse au lecteur à la fin de cet apologue («Quelle chose par là peut nous être enseignée?»).

L’originalité du «Lion et du Moucheron» est de proposer deux morales explicites.

♦ La première recommande de juger à leur juste valeur les ennemis semblant inoffensifs, qui sont souvent les plus dangereux («Entre vos ennemis/Les plus à craindre sont souvent les plus petits»,

♦ La seconde rappelle que le fait de vaincre certains grands dangers ne met pas à l’abri d’une mort ordinaire et subite («qu’aux grands périls tel a pu se soustraire/Qui périt pour la moindre affaire»,

Ces deux morales convergent sur l’idée qu’il ne faut pas sous-estimer des ennemis et des situations paraissant à première vue sans dangers.

La Fontaine rappelle que la vie est pleine de risques et la mort omniprésente: celle-ci peut être longue et tragique comme celle du Lion, mais aussi foudroyante et ordinaire comme celle du Moucheron.

La mort de ce dernier est en effet marquée par un passage à l’octosyllabe au sein d’alexandrins, ce qui évoque la rapidité.

C – Les visées de la fable : instruire, plaire et critiquer

La Fontaine définit ainsi son travail de fabuliste: «il faut instruire et plaire».

Dans la fable étudiée ici, on constate que l’auteur respecte avec succès cette visée.

La mise en scène de protagonistes animaux sert à divertir le lecteur, tout comme le recours à la parodie et à l’ironie.

Mais la fable doit aussi instruire grâce aux deux morales finales.On peut noter que celles-ci sont énoncées au présent de vérité générale, ce qui renforce leur caractère didactique et universel.

On peut ainsi penser que La Fontaine utilise ce récit pour mener une critique voilée de certains de ses contemporains en échappant à la censure.

Le Lion renvoie bien sûr à un personnage royal («ton titre de Roi», v.5): on pense à Louis XIV, monarque de l’époque qui a mené de nombreuses guerres. Le fabuliste le met sans doute en garde contre le recours inconsidéré à la force.

Sa critique vise aussi les personnes associés au Moucheron, sans doute des courtisans de faible rang mais faisant preuve d’un grand orgueil et d’un pouvoir de nuisance à ne pas sous-estimer.

Le lion et le moucheron conclusion

Grâce à la mise en scène d’animaux personnifiés et la parodie d’un combat épique, La Fontaine accomplit ici la double visée qu’il poursuit dans ses Fables : instruire et plaire.

A côté de la double morale explicite et pessimiste qu’il livre au lecteur, il faut également prendre en compte la peinture critique de la société de son temps.

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