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Commentaire d'Histoire Médiévale, l'autobiograhie de Guilbert de Nogent

Par   •  29 Juin 2018  •  2 190 Mots (9 Pages)  •  697 Vues

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Bruno choisit Grenoble comme point de départ vers la route de l’isolement car il savait qu’il pourrait trouver ici une vallée assez isolé pour son monastère, répondant à ses vœux d’isolement ; la vallée de la Chartreuse. Qui donna par la suite son nom à l’Ordre monastique. C’est l’archevêque Hugues de Grenoble qui aida les compagnons de Bruno à trouver cet endroit qui conviendrait à leur vocation. Cette vallée abrupte, loin de toute forme d’habitat, « extrêmement encaissés » se veut l’illustration parfaite d’un Ordre voué désormais au silence et à la méditation, unique vocation des moines dans un esprit de pauvreté presque total. En effet, aucune route si ce n’est un petit sentier difficile d’accès ne permettait de s’aventurer dans ce désert de Chartreuse, propice aux ermitages des moines. Cette description nous montre aussi à quel point l’isolement était recherché par Bruno, comme une volonté de se démarquer des monastères alors existant, afin de pratiquer l’ermitage à son paroxysme.

Car c’est aussi là que réside l’originalité de l’Ordre des chartreux décrit : dans son dernier paragraphe, Guibert mentionne des « granges où sont logés des laïcs éprouvés » (L39). Si six compagnons avaient accompagnés Bruno en Chartreuse (dont deux moines laïcs), ils sont au nombre de treize au moment où Guibert écrits ces lignes. Le monastère de Chartreuse est en effet caractérisé par la présence de Pères érémitiques, qui vivent en solitaire, cloitrés dans des ermitages encore en bois à l’époque de Bruno, et dévoués à des pratiques spirituels et matériels. Leurs ermitages, les « maisons hautes » se trouvent alors en sommet de vallée. Plus bas, les « maisons basses » accueils les moines laïcs ou « Frères » qui, non sans renoncer à l’ermite, pratique plus d’activités manuels, voué à une vie plus cénobite, pour le bon fonctionnement de la sobriété cartusienne. Ces Frères ont tout de mêmes, comme les Pères, leur propre ermitage qui, comme le décrit Guibert, « constitue le lieu où il travaille, dort et prend ses repas » (L 17).

Aussi, le mode de vie des moines chartreux parait pour le moins surprenant et en même temps très simple, réguliers. Attaché à des principes de sobriété, de silence et de pauvreté dont ils semblent faire l’éloge.

Guibert nous en fait une description très précise et permet donc de clarifier pleinement la vie des moines cartusiens au sein de le leur monastère. Si leur vie est consacrée au silence et à la méditation, cela nous est montré par les ermitages cloitrés des Chartreux, symbolisant leur isolement et leur silence. Chaque moine possède ainsi un ermitage, une cellule où ils vivent seuls. Là, les moines peuvent s’occupé pleinement de leurs activités. Activités de prière dans leurs cellule où y est déposé le stricte nécessaire, l’indispensable à la vie d’ermite mais aussi un atelier où ils peuvent s’acquitter de travaux manuels. Leur cloitre, « toute à fait apte aux usages domestiques » (L16) est entouré d’une clôture, qui encadre le monastère, symbole du renfermement, permet l’isolement des ermitages. Aussi, Guibert nous indique qu’ils « s’assemble à des heures qui ne sont point nos heures habituels » (L26). Là aussi, les moines chartreux s’occupent à leurs prières quotidiennes espacées chacune de quatre heures environs. De plus, bien que s’acquittant d’un maigre repas préparé et consommé individuellement, leur « nourriture » est plus celle de l’esprit. En effet, « ils ne laissent pas d’assembler une très riche bibliothèque» (L34) car justement, l’une des activités notoires des moines de Chartreuse réside dans la copie de manuscrits. C’est ce que le cinquième prieur (par souci de renoncement à quelques subordinations, un abbé cartusien est nommé prieur) de l’Ordre des Chartreux nommera dans ces Coutumes comme « l’aliment perpétuelle de nos âmes ». Leurs désirs de pauvreté se ressentent aussi dans leur « vêtements des plus légers ».

Cette description d’une vie très solitaire doit néanmoins être mise en relation avec une vie en communauté à laquelle s’attachent les moines et plus particulièrement les Pères, qui ne vivent pas en communauté comme les moines laïcs. C’est ainsi que plusieurs éléments décrit par Guibert nous indique une vie communautaire des ermites de Chartreuses. Tout d’abord l’église (L15), lieu principal de la vie communautaire où les moines se retrouvent pour prier à des heures précises. Notons aussi, les repas commun que prennent les moines les Dimanches et les jours fériés, seul repas qu’il ne prenne pas seul et où ils peuvent « [user] de poisson […] qu’ils ont pu recevoir par la libéralité de telles pieuses personnes » (L24). Ces moments de vie communautaire participent à l’équilibre érémitique des moines voulu par Bruno dès 1084 mais « ne parlent pour ainsi dire nulle part » (L28]. Les Frères quant à eux, ont une vie communautaire, cénobites, plus importantes (travail de la terre notamment) mais voués aux travaux pour les Pères qui ne se déroge pas de leurs activités contemplatives.

Que ce soit du côté des Pères ou des Frères, il n’en demeure pas moins que la vie quotidienne des moines soit synonyme de régularité qui parait presque surprendre Guibert de Nogent.

Les moines Chartreux forment donc le troisième ordre de moines contemplatifs observant la règle de Benoit. Si leur vocation est double (ermite et cénobite), ils suivent tout de même un idéal d’ermitage dans l’esprit des anciens ermites d’Egypte mais ne constitue pas un Ordre monastique « puissant » par le nombre de moines qui y adhèrent. Justement, en comparaison aux ordres Bénédictins et Cisterciens, le nombre de moines cartusiens est faible (une vingtaine tout au plus dans les différents monastères qui verront le jour au XIIème siècle, dont celui des Portes dans l’Ain en 1115). Toutefois, ce mode de vie semi-érémitique instauré par Bruno marqua les esprits malgré que lui, ne put y resté bien longtemps puisqu’en 1088, Urbain II, son ancien disciple à Reims, l’appela à Rome à la cour pontifical. Bruno mourut en 1101 à Calabre où il venait d’y créait un nouveau monastère cartusien. Il se fit canonisé en 1514 et devient Saint-Bruno.

Aujourd’hui encore, l’Ordre des Chartreux garde (plus ou moins) les rites décrits par Bruno et mis sous papiers par Guigues en 1127 (Coutumes). L’Ordre s’est étendue dans le monde, des moniales ont été créaient, témoin d’une extraordinaire longévité cartusienne au sein l’église.

BIBLIOGRAPHIE

Dubois

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