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Mécanismes et formations du principat augustéen

Par   •  11 Mai 2018  •  3 639 Mots (15 Pages)  •  494 Vues

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- Le piétinement des usages républicains

Quelles sont ces traditions ? Celles de la République romaine, avec ses institutions, ses mécanismes électoraux, ses moyens d'ascension sociale, en bref, avec sa valeur démocratique. C'est du non respect de ces traditions que naît l'ambiguïté du régime augustéen. En effet on à vu plus haut qu'Octave Auguste lui-même s'efforça, tout le long de son règne, de ne pas paraître comme ces anciens dictateurs, outrepassant les lois de la République traditionnelle. Malgré tout, il faut affirmer, comme le relate de récit de Dion Cassius, que pour obtenir les pouvoirs qu'il désirait, Ocatve fut contraint d'aller à l'encontre de ces mêmes valeurs républicaines qu'il tenait pour garanties. On peut alors dénombrer un certain nombre de pratiques allant à l'encontre des coutumes républicaines. D'abord, malgré la persistance des magistratures issues de la République romaine, « tout s'administre suivant le bon plaisir de celui qui est au pouvoir » l.10, ce qui revient à dire que les processus décisionnels ne s'inscrivent plus dans la condition de la collégialité (collega) et dans la logique de la concertation, mais qu'ils sont entièrement gérés par l'empereur. Ensuite, on observe que les lois relatives à l'investiture aux différentes charges magistrales ne sont elles-même pas respectées ; « c'est ainsi qu'ils sont consuls plusieurs fois » l.13-14, içi, la transgression apparaît non pas dans la quantité de consulats exercés, car il n'était en effet pas interdit d'être consul plusieurs fois, mais dans l'itération immédiate de cette charge, qui elle l'était. C'est ainsi qu'Auguste, et tout les empereurs qui lui succédèrent jusqu'à Alexandre Sévère, briguèrent le consulat autant de fois qu'il leur était nécessaire, ce que fit Auguste sans interruption de 31 à 23 avant notre ère. Pour appuyer cette idée, on peut utiliser un dernier exemple : l'acquisition des différents pouvoirs tribunitiens, traditionnellement exclus aux patriciens, pouvoirs « que possédaient autrefois […] les véritables tribuns » l.31-32, les représentants des plébéiens. Malgré cette interdiction supposée, Auguste recouvra cette charge dans sa totalité en 23 avant J.C, soit la totalité des droits des tribuns (potestas tribunicia), à savoir le droit d'intervention pour protéger un plébéien, le droit de veto contre les magistrats et l'inviolabilité résultant de la sacro-sainteté tribunitienne.

L'existence d'une ambiguïté apparaît alors clairement, dès lors que le régime connaisse cette contradiction, faisant de lui le garant d'un système qu'il ne respecte pas conformément aux traditions.

II. Mécanismes de légitimation du pouvoir impérial.

Du fait de cette ambiguïté inhérente au régime impérial fondé par Auguste, il convient de se questionner sur les dynamiques ayant permis la stabilité et la pérennisation dudit régime.

- L'étendue des pouvoirs

Une des premières raisons pour lesquelles le principat à pu se développer, au contraire des dictatures de César ou Sylla, avortées dans les guerres, conflits ou assassinats -rappelons que César, qui disposait alors de pouvoirs étendus de sa dictature perpétuelle reçue en 44, fut assassiné dans l'apogée de sa puissance- est l'étendue des pouvoirs dont dispose l'empereur, qui lui donnent un contrôle exclusif sur l'ensemble des domaines politiques, économiques et civils de la société romaine, et des provinces de l'empire. Ce sont les « magistratures » dont parle Dion Cassius, que les empereurs depuis Auguste se font attribuer afin de jouir des pouvoirs essentiels du principat. Ils sont « consuls », et « proconsuls » l.13-14, possèdent donc l'imperium domi et militae, égal au commandement militaire et juridique, la potestas, soit les pouvoir exécutif civil -éxécutent les décisions du sénat, convoquent et président le sénat, préparent une partie des lois soumises aux comices-. Le « proconsul », lui est l'équivalent d'un gouverneur assigné à une province d'empire et disposant de pouvoirs similaires. Quand le consulat devient trop lourd à porter pour Auguste, qui peut-être craignait de paraître trop monarchique, il abandonna son consulat qui fut aussitôt compensé par l'acquisition, en 23 avant notre ère, de la « puissance tribunitienne » l.31. Cette dernière permit à l'empereur de « casser les décisions rendues par un magistrat » l. 32. Comme on l'a vu plus haut, ce blocage est permis par le droit de veto, qui peut s'appliquer à toutes les actions légales d'un magistrat dans ses fonctions. De plus, cette charge lui conserve un pouvoir au moins égal au consulat, car elle comporte toute la base civile des pouvoirs d'Auguste : en plus du véto,le droit de protéger les citoyens ou jus auxilii, celui de réunir le Sénat et les comices en les présidant, et en y exerçant les droits de rogatio (proposition de lois) et relatio ().

On le voit, l'empereur, de par les charges qu'il se fait octroyer, dispose d'une marge de manœuvre considérable dans ses actions, et d'un contrôle global sur les domaines militaires, juridiques et les institutions de Rome et des provinces. Mais ces charges qu'ils revêtent ne sont pas inédites, et leur continuité, souhaitée par les empereurs, témoigne d'une volonté de se raccrocher à la tradition pour légitimer le pouvoir en place.

- Une utilisation singulière des institutions

Bien qu'elles soient bafouées par les empereurs, comme nous l'avons vu plus haut, les institutions héritées de la République romaine sont un moyen essentiel de légitimer la souveraineté. Le maintien des structures républicaines permet d'inscrire une apparence démocratique au sein du régime. Cette continuité relève évidemment d'une stratégie politique de la part des empereurs, particulièrement avec Auguste qui est en quelque sorte chargé d'instaurer ce nouveau régime sur de solides bases. Cette idée est appuyée sur le fait que ces magistratures ne furent jamais remises en question, comme en témoigne Dion Cassius qui rédige son Histoire pendant le règne d'Alexandre Sévère, (après 229) quand il écrit que ces « magistratures […] subsistent bien encore aujourd'hui quant au nombre »l. 8-9.

Plus intéressant, le changement qui s'est opérée dans la fonction même

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