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Le village des cannibales, Alain Corbin

Par   •  4 Décembre 2018  •  1 623 Mots (7 Pages)  •  646 Vues

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Les participants aux massacre sont ne sont pas issus du village de Hautefaye mais de la foire et c’est en cela qu’il faut comprendre le drame. La foire donne lieu à une action commune de la foule, les comportements sont guidés par l’envie de « célébrer la cohésion (…) par la participation commune à une action d’éclat ». Le climat est depuis deux jours propice aux tensions puisque l’on redoute un complot impliquant nobles et républicains.

La scène vide :

La commune typique est typique des bourgades du sud-ouest de la France et est un village des plus calmes qui n’a aucun incident violent au cours des années qui ont précédées. Cependant l’absence de membre du gouvernement (en dehors du maire) ou de représentant des forces de l’ordre et la très faible alphabétisation de la campagne nontronaise permet de comprendre la possibilité de l’acte aussi exceptionnel qui a conduit à la mort d’Alain de Monéys.

Chapitre III : La liesse du massacre

L’équation victimaire :

Alain de Monéys gère le domaine familial, il rentre au conseil municipal de Beaussac en 1865 en tant que 1er adjoint à la commune. C’est son cousin, Camille de Maillard, qui attise la colère des paysans lorsqu’il critique l’empereur le 9 août. Trop peu nombreux les paysans s’en prendront donc à Alain de Monéys. En effet sa condition de noble et de républicain conduit les paysans à le considérer comme un « prussien » et tout opposant au massacre rentre dans cette équation victimaire (Ex : le curé Saint-Pasteur). C’est plus de 200 personnes qui l’aurait frappé durant deux heures cependant la foule ne prendra pas entièrement part au massacre.

Le calcul de la souffrance :

La foule s’acharne sur le noble qui réalise « qu’il est perdu » en effet on ne cherche pas à le tuer mais à le faire souffrir. Il est battu, traîner par terre : la violence est inouïe et il ne tarde pas à tomber dans le coma. Les paysans traitent son corps comme celui d’une charogne. Certains s’illustre par leur actes comme Chambort (meneur du groupe) ou Léonard Piaroutty (faisant preuve d’une extrême cruauté).

« Bourrer » le « Prussien » :

Les acteurs du drame sont singuliers car il ne correspondent pas au portrait du révolutionnaire typique. Les motivations parmi la foule sont diverses (démonstration de force chez les plus jeunes et conviction politique chez les plus vieux) mais subsiste une volonté d’action pour l’empire. Les défenseurs du noble ne pourront faire grand-chose face à l’ampleur que prend le crime de la même manière que le maire sera vite dépassé par les événements. Enfin on reconnaît dans le refus de le fusiller ou de le pendre la dimension commune de cet acte, on le « bourre » (ie frapper à l’aide des sabots dans des endroits douloureux) pour que tout le monde puisse y prendre part.

Le bûcher ou la tribune improvisée :

Les paysans dresse un bûcher pour brûler le noble et Chambort s’occupe de la majeur partie de l’ouvrage. Ce sont les plus jeunes qui allument le feu. La population semble mué par « une joie féroce » et considère le crime comme un service rendu à l’empire cependant à la vantardise succède l’inquiétude. Le 18 août au soir le procureur général de Bordeaux arrive sur les lieux : l’affaire devient judiciaire.

Vers le déchiffrement de l’énigme :

Le meurtre d’Alain de Monéys paraît singulier. En effet le crime n’est pas « enraciné territorialement » et ne correspond pas à une volonté d’action à l’encontre de l’état puisque ici c’est bien pour lui qu’il est accomplit. Il s’effectue en réalité dans une logique de prévention de la catastrophe. Le noble est la concrétisation de toutes les peurs et haines des populations environnantes et son supplice est une manière de s’en débarrasser. Ce n’est pas la révolution réactive revendiqué par les républicains mais un acte issu du trop plein d’angoisse dans la région.

Chapitre IV : L’hébétude des monstres

Le travail de l’horreur :

L’affaire a véritablement choqué l’opinion publique comme en témoigne la diabolisation de l’acte par la population : ce meurtre est perçu comme résultant d’un plaisir festif, on parle de cannibalisme. Alain Corbin explique comment les mutations qu’ont subit le XIXe siècle (ex : apparition de l’anesthésie en 1846) ont menées à une atténuation de la violence. Corbin dénonce « la pasteurisation des carnages » qui s’opère depuis 1871, le massacre permet de réprimer mais aussi d’exorciser les tensions qui traversent la population.

La statue de charbon :

Les récits du drame exagère les faits et « vise plus à l’horreur qu’à l’apitoiement » on parle de cannibalisme et d’un corps carbonisé en position de prière. Le procès (attenté par les nobles de la région) attire la bourgeoisie qui vient pour se divertir. Plus de 500 personne tenteront d’assister au procès. Deux visions du crime s’oppose les avocats des paysans inculpés parle de crime collectif dans lequel leur clients ne sont que des « boucs émissaires »; les historiens eux parle « d’âme collective » mais aussi de « meneur improvisé »

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