La nuit des temps Gondawa
Par Christopher • 23 Août 2018 • 1 949 Mots (8 Pages) • 630 Vues
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Le roman Le Grand Secret, paru en 1973, tourne également autour d’une grande histoire d’amour. Barjavel raconte comment Jeanne part en quête de Roland, celui qu’elle aime, après sa disparition mystérieuse. Elle va découvrir une île isolée du monde où l’on réunit les personnes touchées par un étrange virus faisant accéder les contaminés à l’immortalité. L’auteur en décrit le système social, les règles permettant d’éviter la surpopulation, menace pour l’humanité, jusqu'à la destruction finale de l’île. Le roman apparaît très inspiré de la situation de guerre froideet repose sur des éléments d’espionnage et de complot politique. Barjavel y réfléchit également à la possibilité d’une liberté individuelle et sexuelle. Dans Une rose au paradis, qui paraît en 1981, Barjavel imagine un alter ego au Noé biblique sous la forme de Monsieur Gé, un homme riche et puissant qui décide la destruction et la renaissance de l’espèce humaine en provoquant l’explosion de toutes les bombes U du monde et la régénération de l’homme à ses côtés dans un abri antiatomique. L’année suivante La Tempête traite à nouveau du thème de la guerre à dimension mondiale ; c’est une jeune femme qui apparaît ici comme la clé de la paix. L’Enchanteur, roman merveilleux paru en 1984, exploite la légende arthurienne des chevaliers de la Table Ronde en imaginant que la naissance de Merlin, au centre de l’histoire, est issue d’une volonté du Diable qui voulait en faire un antéchrist. Lui et ses compagnons – Artur, Perceval, Lancelot, Galaad – vont se voir régulièrement tentés par le Malin au fil d’une quête parsemée d’anachronismes qui fonctionnent comme des ressorts comiques, tout comme l’usage d’un langage familier et la mention d’objets technologiques. À nouveau le thème central du roman est l’amour.
René Barjavel est mort en 1985 d’une crise cardiaque à Paris. On se souvient surtout de lui comme l’ancêtre de la science-fonction écologique. En tant qu’un des précurseurs de la science-fiction en France, il se montre méfiant vis-à-vis du progrès, rejoignant les inquiétudes du Georges Bernanos de La France contre les robots ou se montrant inspiré par La Crise du monde moderne de René Guénon. Dans sa Lettre ouverte aux vivants qui veulent le rester, tout comme dans ses ouvrages antimilitaristes, Barjavel se montre notamment opposé au nucléaire civil. Ses œuvres expriment une angoisse devant une technologie qui peut échapper à l’homme ; il souhaite montrer que les excès de la science peuvent aller de pair avec une folie guerrière comme une chute de la civilisation. Face à ces visions apocalyptiques se dresse une représentation idéale de l’amour, sentiment qui transcende l’homme et permet des ponts temporels. « Lanceur d’alertes » littéraire, Barjavel déploie donc une littérature prophétique et apocalyptique au fil d’œuvres qu’il veut poétiques, oniriques, et parfois philosophiques. Il s’est aussi essayé au théâtre, avec notamment Madame Jonas dans la baleine, montée au théâtre des Bouffes-Parisiens en 1976. S’il est devenu un auteur populaire, encore très lu au XXIe siècle, sa collaboration avec Je suis partout ou Gringoire pendant la guerre, périodiques collaborationnistes, a souvent été pointée du doigt, ainsi qu’une certaine misogynie dans ses écrits et une œuvre peu neuve, recyclant la matière d’œuvres étrangères.
« Nous avons quelque chose en commun qui est plus fort que nos différences : c'est le besoin de connaître [...]. Nous appartenons à toutes les disciplines scientifiques, à toutes les nations, à toutes les idéologies. Vous n’aimez pas que je sois un Russe communiste. Je n'aime pas que vous soyez de petits capitalistes impérialistes lamentables et stupides, empêtrés dans la glu d'un passé social en train de pourrir. Mais je sais, et vous savez que tout ça est dépassé par notre curiosité. Vous et moi, nous voulons savoir. Nous voulons connaître l'Univers dans tous ses secrets, les plus grands et les plus petits. Et nous savons déjà au moins une chose, c'est que l'homme est merveilleux et que les hommes sont pitoyables, et que chacun de notre côté, dans notre morceau de connaissance et dans notre nationalisme misérable, c'est pour les hommes que nous travaillons. »
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