Théorie du droit
Par Orhan • 21 Septembre 2017 • 24 578 Mots (99 Pages) • 516 Vues
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Puis il y a les tautologies (vraies par soi-même).
Tous les autres énoncés, par exemple « il est mal de tuer », « il faut s’arrêter au feu rouge », n’ont pas de sens selon les auteurs. Ils ont eu une influence sur les juristes car ils disent qu’il y a un moyen de leur trouver un sens en les transformant en propositions synthétiques a posteriori : la connotation du bien ou du mal n’est qu’une émotion n’ayant aucun sens pour les juristes. D’autres considèrent que les énoncés éthiques (« c’est bien de », « c’est mal de ») ont le sens d’un commandement, un ordre. Certains pensent que c’est une croyance : « je crois qu’il est mal de… », C’est un sentiment.
Cette façon de comprendre le langage va être perçue comme trop étroite finalement, introduisant des confusions dans l’étude du langage. L’idée est que le positivisme logique multiplie ces confusions.
Par divers ouvrages publiés à titres posthumes, des auteurs comme WITTGENSTIEN et Austin (« Quand dire c’est faire »), marqueront à nouveau la logique du langage.
W dit qu’il pense que l’on a un langage, « une langue qui est la langue usuelle et que nous n’avons pas besoin d’inventer et d’élaborer un nouveau langage ni se construire un symbolisme car le langage courant c’est déjà la langue pourvu que nous la libérions des obscurités qui se cachent en lui ». Il ajoute que « Notre langage est déjà parfaitement en ordre si toutefois nous sommes clairs avec ce qu’il symbolise. Il suffit pour le philosophe de remettre en ordre de marche le langage ordinaire ». Dans ce contexte, il observe que la clarté du langage, son ordre, sa grammaire ne sont pas absolus mais relatifs par référence à ce que nous voulons faire avec le langage, par rapport aux fonctions que nous lui assignons.
- Philosophie du langage ordinaire par opposition au langage symbolique de Fregue et Russel.
Il prend conscience que le langage n’a pas pour seule fonction de décrire le monde mais il en a beaucoup d’autres au point qu’il est impossible d’en énumérer les fonctions (exprimer des émotions, persuader, exprimer des croyances, donner des ordres …).
Chacune de ces formes de langage est appelée par W, un Jeu de langage que la philosophie doit prendre en considération pour le comprendre.
Il ne va pas parler de droit, mais d’autres sciences comme l’esthétique, les mathématiques … pour lui, ces jeux de langage révèlent par nécessité des formes de vies différentes. Il ajoute que très souvent cela est très trompeur, car des jeux peuvent être très similaires mais sans avoir le même statut.
W. nous dit que la forme dans laquelle une signification est moulée n’a pas d’importance, mais que la compréhension du langage à travers les jeux de langage l’est.
Ainsi nous avons réduit la grammaire à une forme plus simpliste : derrière une grammaire de surface qui se laisse leurrée derrière des analyses linguistiques, il chercher des règles du langage logique et symbolique.
- En réalité, un mot, une phrase n’a de sens que dans un contexte, une situation, une pratique.
Selon W., le sens est l’usage. A partir de sa pensée, on remarque tout le profit qui en a été tiré par les philosophes.
Il dit « suivre une règle c’est nécessairement suivre la même règle ».
On voit bien pour les juristes et le droit l’intérêt de ce langage : la pratique du droit est également régie par des règles. Mais il y a deux niveaux de règles dans le droit : les règles primaires et les règles secondaires (qui permettent de comprendre comment fonctionnent les premières).
On est vite amené à se demander quelles sont les conventions qui régissent la pratique ou langage du droit ? …
- AUSTIN, philosophe d’Oxford (1911-1960), s’inscrivant aussi dans la philosophie du langage ordinaire :
C’est à son décès qu’ont été publié l’essentiel de ses œuvres, dont « How do the things with words » (1962) ce qu’il appelle des énoncés performatifs (= juridiques le plus souvent). Cet ouvrage a été traduit en 1970, et a été renommé « Quand dire, c’est faire ». Austin part de l’observation que la philosophie du langage des positivistes logiques qui la réduisent sur les seuls énoncés, et part d’autres énoncés : il va s’intéresser d’emblée spécifiquement à ces types d’énoncés où il s’agit de faire des énoncés avec des mots (performatifs). De nombreux exemples se trouvent dans la pratique juridique selon lui.
Dans un second temps, il va aller plus loin que W, en dépassant la distinction en disant que même le langage du constat est un langage scientifique et comporte des éléments d’évaluation, d’appréciation. D’autres auteurs l’avaient également laissé entendre : dans toute affirmation scientifique, il y a une hypothèse qui demande à être confrontée aux faits pour en déduire sa véracité ou non. A travers cet énoncé scientifique, il y a aussi dans l’hypothèse scientifique une affirmation du type « j’ai l’autorité pour dire cela » : une dimension illocutoire qui s’ajoute à la simple dimension scientifique, et qui est une dimension d’autorité de conseil.
* Intérêt de la théorie performative :
Qu’est ce qui permet d’écrire ces énoncés ?
. Ils ne décrivent rien, ce sont des énoncés qui ne rapportent rien.
Ils se rapportent à eux-mêmes, et ils disent ce qu’ils font et ils font ce qu’ils disent Ex : la promesse en tant qu’intention, description d’une intention, mais pour Austin il s’agit d’un engagement quelle que soit l’intention que l’on a de la faire ou pas. Il n’y a pas de conditionnement à la sincérité de la promesse selon lui : énoncés auto référentiels.
. Ces énoncés performatifs, surtout dans le cadre du droit, ne sont pas souvent signalés à l’intention du lecteur par une forme grammaticale particulière : souvent c’est sous la forme d’une phrase déclinée à la 1ère personne du singulier. Mais en réalité, il y a des cas en Droit où les commandements sont exprimés à la forme de l’indicatif.
- « Si tu touches la cuisinière tu vas te brûler » : constat scientifique, qui peut être vérifié par l’expérience
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