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Tartuffe, Molière, 1664, Acte III, scène 2

Par   •  13 Juin 2018  •  1 818 Mots (8 Pages)  •  926 Vues

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Tartuffe, Molière, 1664, Acte III scène 3

Cette scène est centrale dans un acte particulier : celle de l’arrivée tardive du personnage éponyme. Alors que Tartuffe se fait passer pour un dévot, il accumule les déclarations, à la manière de Dom Juan. La place de cette scène au milieu de la pièce marque son importance. Tartuffe y dévoile sa véritable face. Ces deux tirades constituent la preuve de son hypocrisie, remarquable par le double langage qui s’y déploie. Ici, il vient de déclarer sa flamme à Elmire ; mais leur conversation est écoutée, secrètement, par Damis. Tartuffe dévoile de plus en plus sa malhonnêteté.

- UNE DECLARATION TOUT A FAIT GALANTE

- Cette scène présente une alliance du discours délibératif et épidictique. En d’autres termes, Tartuffe associe la flatterie et l’éloge en louant les attraits d’Elmire, appartenant au registre épidictique, et la volonté de convaincre Elmire de céder à ses avances pour le registre délibératif. Elle est par ailleurs presque « convaincue » par la stratégie galante qu’entreprend Tartuffe. On note l’abondance de compliments hyperboliques V941-942 qui sacralise et divinise et V938 qui utilise le superlatif et permet une comparaison explicite à Dieu.

- Il y a alors confusion du divin et du féminin, confusion du religieux et du profane. Dans cette tirade, il y a un entrelacement du discours amoureux, le V967est presque oxymorique, le plus léger et divin au plus charnel et divin.

Les deux premières rimes V933-934 font échos entre les deux champs lexicaux amour et religion. Cette religion qui lui sert à apaiser, amadouer et masquer une certaine forme de sensualité. Autrement dit, l’hypocrite manie un voile languagé qui atténu la crudité de son discours sensuel.

- Tartuffe met de façon assez pathétique l’aliénation amoureuse dont il se prétend victime V955-956. L’association de la gradation ascendante V956 et de l’antithèse V957 transmettent une idée de sacrifice, de qui il est pour cette femme aimée.

- UNE RESPECTABILITE SAINE ET SUAVE

Dans la rhétorique antique, un discours a certes pour but de convaincre l’interlocuteur, mais aussi de se monter soi-même sous un certain jour. Bienveillance, bon-sens et vertu.

- Tartuffe présente une bienveillance amoureuse, il s’enquiert de son état de santé, a recourt à la flatterie et fait l’éloge de sa dame employant des compléments hyperboliques. Son discours est courtois et il a l’assurance d’une certaine discrétion.

- Son bon sens frise le cynisme. Dans un premier temps, il tente de réconcilier les appétits terrestres et les beautés célestes. A la fin de l’extrait, ses considérations deviennent plus pragmatiques, la deuxième tirade s’achève en effet sur les agréments d’une relation avec un homme d’église, qui assure le secret. Manière contractuelle « de l’amour sans scandale et du plaisir sans peur »

- Sa vertu n’a pas autre but que de servir d’accessoire ostentatoire pour le faux dévot. Il se voit faire des concessions V969 mais il maquille ses désirs charnels grâce à son vocabulaire religieux.

- UN TRES SUBTIL RHETEUR

Selon les règles de l’éloquence classique, tout discours se compose en trois parties, la considération générale (par hypothèse), le récit particulier (or) , puis l’appel à l’interlocuteur (donc).

- Cette scène présente un début et une fin soignée, l’exorde et la péroraison. On retrouve le principe de CAPTATIO BENEVOLENTIAE du latin qui signifie attirer la bienveillance, montre que tous les hommes sont sensibles à la beauté qui se retrouve reflet du divin. Le jeu de mots « vos pareilles »V937 avec le vous est opposé au nous et donne un effet antithétique. La péroraison offre à voir le registre de l’émotion V955.

- Si l’on se penche sur la narration, le récit passé V945-950 permet à Tartuffe de raconter les résistances intérieures de l’amoureux avant d’invoquer une capitulation inévitable. Il se montre néanmoins accusateur V972, Elmire devient le juge, l’arbitre de son sort V959-960

IN FINE, L'argument du secret bien gardé est le plus développé dans la deuxième tirade car il contient les deux traits principaux de satire morale qui comporte la scène. La satire est dirigée contre les directeurs de conscience et les dévots. La sensualité reste voilée sous les métaphores des dévots les plus baroques, mais celles-ci expriment le comble pour un dévot : le sacrilège et la bouffonnerie. Tartuffe est pris à son propre jeu.

Lorsque Molière fit sa première représentation de Tartuffe auprès du roi le 12 mai 1664, les dévots demandèrent l’interdiction de la pièce. Les dévots organisent une véritable cabale contre ce dramaturge libertin, qu’ils accusent de vouloir discréditer la dévotion sincère sous couvert de dénoncer l’hypocrisie religieuse. Pourtant Molière le revendique et l’explique au Roi lors de son Premier Placet présenté au roi, « le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant », il a cru bon de s’attaquer à un des vices de son siècle, l’hypocrisie, notamment religieuse.

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