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Sciences Social

Par   •  13 Décembre 2017  •  21 634 Mots (87 Pages)  •  667 Vues

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dans laquelle il s’insère. Jean-Jacques ROUSSEAU, dans Le contrat social : « Je cherche le droit et la raison et je ne discute pas des faits. ».

A cette logique se substitue une logique positive. Objectif totalement différent : production de connaissances, de savoir rigoureux qu’il sera possible de qualifier de scientifiques. Objectif principal : mieux connaître les phénomènes sociaux ; rendre compte de la réalité telle qu’elle est. La science positive part des conduites humaines, les décrit, les interprète, pour mieux les comprendre, les rendre plus intelligibles, mais ne cherche pas à améliorer la condition sociale. C’est un type d’approche qui essaye d’appréhender les faits sociaux comme des choses. Les positivistes préconisent la neutralité, et ne s’inquiète pas de l’utilisation ultérieure qui sera faite de leur savoir. Max WEBER, Distinction entre le savant et le politique. Pas de jugement de valeur porté, pas de vision manichéiste. On dissocie « jugement de valeur » et « jugement de faits ».

Les obstacles d’ordre philosophique et psychologique.

L’intérêt des sciences sociales a mis du temps à être reconnu. G. BACHELARD, dans La paresse de l’esprit humain, montre comment l’humanité a trouvé des schémas de pensées suffisants même si peu élaborés pour comprendre les faits sociaux. Ces schémas faisaient appel à des types de causalités mythiques, divines, transcendantales. On considérerait alors que les données humaines étaient connues et maitrisées. Cela a alors été remis en cause par des démarches de types scientifique. Ex : Galilée se demande si ce n’est pas la Terre qui tourne autour du soleil. Karl Marx se demande si ce ne sont pas les facteurs économiques qui sont les acteurs de l’histoire. Freud remet en cause l’idée de liberté de l’homme en se demandant si ce n’est pas la structuration de sa libido qui pourrait expliquer le comportement humain.

Cet apport de connaissances a été considéré comme inutile, mais aussi dangereux : il pouvait déstabiliser les sociétés. Enjeu de pouvoir : tous ceux pour qui le pouvoir reposait sur des anciennes conceptions du monde ont tout entrepris pour que les nouveaux savoirs scientifiques ne causent pas la perte de leur pouvoir. L’avènement d’une raison scientifique remet en cause le poids des traditions. La recherche scientifique suppose de questionner la nature, de la violer éventuellement. Or, pendant très longtemps, la nature fut considérée comme une œuvre divine sur laquelle l’homme ne devait pas intervenir. Droit naturel : interdisait de transgresser la nature. Ex : C’est pour cela que Galilée a suscité autant de polémiques à son époque, lorsqu’il a, au XVIIème siècle, utilisé des lunettes pour observer des astres. Cela renvoyait à une remise en cause radicale de la vision du monde et de la nature.

D’autres ont remis en cause le caractère objectif des sciences sociales. Elles ne pourraient pas produire des analyses de type scientifique (distinction entre sciences dure, noble, et molle). Le réalisme s’est opposé à l’idée qu’il était possible d’étudier l’homme comme un objet de science : spécificité de la nature humaine, qui ne peut donc pas être étudiée comme une science. Sciences dures (exactes) :

Expériences pour valider ou invalider des théories.

Après résultats répétés et concordants, on parvient à des conclusions, lois.

Expérimentations complémentaires pour vérifier ces lois.

Pour certains, les analyses produites par les sciences sociales ne peuvent prétendre à cette généralité. Hypothèse : les analyses avancées par les sciences sociales sont subjectives, comme le soutenait W. DILTHEY (1833-1911) : Dans les sciences dures, il y a objectivité. En effet, on peut valider ou invalider une théorie ; de plus, universellement, on peut s’accorder sur une loi. Au contraire, dans les sciences sociales, on peut comprendre certains phénomènes, mais on ne peut pas les constater. Le chercheur qui comprend ces phénomènes ne le fait que par ses expériences personnelles. Ces sciences sociales peuvent donner lieu à des dizaines d’interprétations différentes.

Certaines de ces critiques apparaissent fragiles :

Le chercheur en sciences sociales n’analyse pas les faits sociaux en se fondant sur son expérience personnelle. En effet, il existe des procédés objectifs qu’il est possible de mobiliser pour observer certains phénomènes du dehors. Ex : L’outil statistique, qui permet de montrer une certaine régularité dans les faits sociaux. On peut alors parvenir à des résultats aussi précis que dans les sciences pures.

En mettant en avant le modèle des sciences pures comme le modèle idéal, on admet que toutes les sciences devraient se caler sur celui-ci. Si on veut restituer le sens de certains processus sociaux :

D’un côté on s’éloigne de l’objectivité car le sens des processus sociaux est le sens que chaque individu lui donne.

D’un autre côté, on se rapproche de l’objectivité, car on se ramène à un petit nombre de paramètres constants et répétés Ex : Les étudiants issus de classes sociales favorisées réussissent mieux que les autres : fait objectif.

Enjeu des valeurs et de la distanciation. Les phénomènes physiques sont neutres (volcan, etc.), alors que le fait social prend place dans un système de normes et de valeurs. Or, le chercheur vit dans la société ; et ses convictions et ses valeurs peuvent l’amener à étudier certains sujets plutôt que d’autres, par intérêt. Son approche aussi peut varier. Le chercheur ne doit donc surtout pas nier qu’il est soumis à ses valeurs. Dans une thèse, il faut donc énoncer les présupposés de son analyse, expliquer ses choix, préciser les techniques d’enquêtes utilisées, etc. Il doit faire preuve de vigilance épistémologique : étude critique du développement des méthodes et des résultats scientifiques. Par ex : être vigilant si on procède à un sondage d’opinion, car la façon dont on formule les questions peut avoir un impact sur les réponses. « D’après vous, la crise actuelle est-elle liée au rôle que joue la banque centrale américaine ? Ou à l’explosion récente des produits financiers etc. ? Ou est-elle liée à la dévalorisation etc. ? » (question fermée) est différent de « D’après vous, à quoi la crise actuelle est-elle liée ? » (question ouverte).

C’est donc seulement à ces conditions qu’on peut parler d’objectivation des choix faits par le chercheur. Le

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