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Apprentissage et didactique interculturelle

Par   •  26 Avril 2018  •  Discours  •  3 148 Mots (13 Pages)  •  514 Vues

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Apprentissage et didactique interculturelle

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Lorsque l’on demande à un apprenant de Français Langue Etrangère ce qu’est la culture francophone pour lui, il fait souvent allusion en premier à : son Histoire, principalement les Lumières et la Révolution ; son architecture symbolisée par les châteaux de la Loire, de Versailles, les rues et les édifices de Paris ; les arts : la littérature avec par exemple Le Petit Prince qui a toujours une cote incroyable, et il arrive même que l’on rencontre dans les pays d’Amérique latine des petits Victor Hugo ; le cinéma par certains films à succès qui ont réussi à s’exporter comme Amélie Poulain ou La famille Bélier, à moins que ce ne soient des acteurs plus ou moins « récents », selon l’âge de l’apprenant. Ces connaissances, aussi succinctes soient-elles, démontrent au moins un intérêt pour une culture française humaniste. Il est plus rare que l’apprenant soit vraiment conscient de la culture du quotidien de l’usager de la langue cible, s’il n’a pas eu l’occasion de rencontrer et d’établir une relation avec ce dernier au moins une fois dans sa vie. C’est une situation qui peut sembler problématique : l’apprenant, dans une situation de communication avec un Francophone, se retrouvera rapidement démuni face à des codes socioculturels qu’il aura du mal à déchiffrer s’il n’y a pas été préparé lors de son apprentissage de la langue. Comment alors développer une compétence de la part de l’apprenant de FLE qui lui permette d’établir une relation interculturelle avec l’autre ? Pour répondre à cette question, nous rappellerons d’abord les liens existant entre la langue et la culture dans toutes ses acceptions afin de voir quelle est celle qui doit prévaloir didactiquement parlant, puis nous définirons ce qu’est une compétence interculturelle selon le Cadre Européen Commun de Référence des Langues (CECRL) du Conseil de l’Europe ainsi ses implications sur la formation et la préparation de l’enseignant, avant de proposer quelques axes d’intervention pédagogique qui favorisent l’acquisition de cette compétence par l’apprenant.

Selon la perspective actionnelle préconisée par le Conseil de l’Europe dans le Cadre Européen de Référence des Langues-cultures (CECRL) publié en 2001, l’enseignement d’une langue et de ses cultures peut se résumer en « l’acquisition de la part de l’apprenant d’une compétence langagière c’est à dire des savoir et savoir-faire linguistiques, sociolinguistiques et pragmatiques, mais aussi d’une compétence culturelle composée des savoir, savoir-faire et savoir-être relatifs à des groupes sociaux locuteurs d’une langue et à leur culture ». Il s’agit bien pour l’apprenant de communiquer dans une langue, de la parler correctement dans un contexte ou une situation donnée. Mais l’acquisition, même du niveau d’un natif, de la grammaire d’une langue ne suffit pas à la maîtrise d’une langue, il est nécessaire de lui adjoindre l’acquisition de connaissances, d’attitudes et de comportements en adéquation avec la culture autre enseignée. Tentons de comprendre ce que signifie enseigner une culture autre dans la didactique des langues-cultures actuellement.

Pour cela, analysons tout d’abord les liens étroits entretenus par la langue et la culture. Selon Luc Collès (2010), la culture, de même que la langue est source de sens, elle possède une fonction herméneutique. La culture est aussi un héritage qui nous vient donc du passé, mais qui est en constante évolution et mutation (COLLES, 2010). Elle pose souvent les fondements d’une identité nationale de même que peut le faire la langue, en tant que facteurs d’unification. Il est donc fondamental pour l’apprenant d’acquérir une compétence culturelle venant compléter sa compétence linguistique de telle manière à comprendre les différents comportements et attitudes propres à la culture de la langue étudiée, et dans la mesure du possible les adopter. En effet selon Nicole Koulayan (2017), acquérir une compétence culturelle c’est « vouloir donner la même compétence culturelle que celle du natif » c’est-à-dire savoir remettre en cause des savoirs perçus comme définitifs dans la culture maternelle et fonder du mieux possible sa communication sur des références explicites et implicites.

A présent, interrogeons-nous sur le type de culture à enseigner afin que celle-ci vienne compléter de manière adéquate la compétence linguistique dans l’apprentissage de la langue. Longtemps enseignée de manière humaniste et traditionnaliste, elle semble avoir pris un tournant anthropologique depuis l’arrivée des approches communicatives. Geneviève Zarate affirme qu’ « une culture n’existe que si elle est vécue, incarnée par les individus dont les valeurs, les conduites, les pratiques quotidiennes sont les manifestations. » Si l’on pense en termes de compétence en effet, les connaissances d’une culture fondée sur l’Histoire, la littérature ou la politique ne peuvent satisfaire totalement les besoins de l’apprenant. Il faut, comme nous l’avons déjà mentionné auparavant, compléter ces connaissances par l’acquisition de savoir-faire, savoir-être relatifs à la culture de la langue enseignée en relation avec le quotidien des personnes possédant cette culture comme culture maternelle.

Enfin, Luc Collès nous rappelle que toutes les cultures vivantes sont interculturelles, car c’est une condition même de leur survie. De tout temps, le commerce et les activités frontalières en particulier ont influencé l’évolution de la culture par le contact avec d’autres cultures. En outre, la finalité de l’apprentissage d’une langue étrangère reste la rencontre avec des personnes parlant cette langue et ayant une identité associée différente de la sienne. L’apprenant n’est évidemment pas neutre culturellement parlant et sa culture-mère produit des interférences qui sont autant d’obstacles à l’accès à la compétence culturelle. Ceci afin qu’il comprenne et accepte les personnes de cette culture malgré des comportements, points de vue ou valeurs différents. Il importe donc d’adopter dans le cadre de l’enseignement-apprentissage des langues une démarche interculturelle fondée essentiellement sur la culture ethnographique.

L’apprentissage d’une langue-culture, comme son nom l’indique, requiert tant l’acquisition de compétences linguistiques que culturelles. Selon Françoise Demougin (2008), « il faut cesser d’opposer culture anthropologique et culture humaniste […] ». La culture enseignée ne peut faire abstraction de la culture humaniste, mais elle doit s’appuyer également sur la

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