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Dissertation En quoi les textes fictifs ont il plus de chance que les textes didactiques (comme les Essais) de convaincre le lecteur du danger qui menace le monde dans lequel il vit ?

Par   •  19 Février 2018  •  1 388 Mots (6 Pages)  •  860 Vues

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nous intéresserons à l’argumentation implicite utilisée par l’auteur, qui lui procure un masque tout en lui permettant d’impliquer son lecteur. Tout d’abord, à l’époque des Lumières, l’expression n’étant pas libre et il est difficile de critiquer le pouvoir et les institutions sans s’exposer à des risques importants. La fiction permet de contourner plus facilement la censure, car au premier abord le texte paraît inoffensif, et ne devient subversif qu’après interprétation. Par exemple dans les Lettres Persanes de Montesquieu, l’écrivain peut parler librement des problèmes français liés à l’Edit de Nantes, en faisant allusion à des événements qui ont eu lieu en Perse. Il évite ainsi la censure par la monarchie tout en exprimant son désaccord avec les mesures prises contre les protestants. L’utilisation du récit permet à l’auteur d’exprimer sa thèse progressivement à travers les péripéties des héros, et de faire ainsi passer son message sans violence et sans en avoir l’air. Ainsi, Candide de Voltaire est un conte philosophique riche d’un enseignement qui s’exprime à travers les voyages du héros. Le lecteur est spectateur de l’évolution du personnage de Candide, qui découvre la brutalité du monde au fil du récit : au chapitre dix-neuf, « La méchanceté des hommes se présentait à son esprit dans toute sa laideur». De cette manière Voltaire cherche à combattre les abus, les préjugés, l’intolérance et l’oppression à travers les aventures de son héros.

En plus de procurer un masque à l’auteur, l’argumentation implicite oblige le lecteur à s’impliquer pour dégager la thèse de l’auteur. Il peut s’identifier aux personnages, prendre de la distance par rapport à sa propre culture, et il est surtout incité à réfléchir. Premièrement, le lecteur occidental peut reconnaître certains aspects de sa personnalité dans des personnages étrangers. Dans Dialogue de M. Le baron de Lahontan et d’un sauvage dans l’Amérique de Lahontan, l’indien, proche de la nature, incarne le bon sens naturel, la sagesse, le philosophe, ce qui permet à l’auteur de critiquer les conceptions obscures et métaphysiques de l’homme religieux. L’écrivain fait entendre sa voix à travers des personnages fortement symboliques et représentant des valeurs morales. Dans Candide de Voltaire, ce sont des personnages simples et proches du peuple, auxquels chacun peut facilement s’identifier. Par exemple, Cacambo et la vieille sont terre-à-terre et de bon conseil, tandis que Pangloss, philosophe prônant un optimisme total, est critiqué par Voltaire qui le rend de plus en plus ridicule et pathétique. Quant au héros, il représente la naïveté et la crédulité, mais évolue au cours du récit au terme duquel il parvient enfin à se remettre en question.

Le détour par un personnage de fiction oblige le lecteur à observer objectivement sa propre civilisation et à prendre une distance critique par rapport à ses préjugés et à sa culture. De ce fait il prend conscience des défauts de sa civilisation et s’ouvre au message de l’auteur. Cette argumentation implicite stimule également la réflexion du lecteur. En effet, celui-ci doit s’impliquer activement dans sa lecture pour dégager le message de l’auteur. Il participe ainsi à la construction du sens du texte, puisqu’il doit en tirer lui-même la conclusion et la morale. Dans Les fables de La Fontaine, le lecteur doit s’interroger et ne pas être trop crédule : La Fontaine, en argumentant par la fable et la fiction, oblige son lecteur à garder un esprit critique et à dégager la vérité de son récit. C’est là que se situe le risque du recours à la fiction : le lecteur peut interpréter le message de manière erronée. L’utilisation de la fiction permet donc à l’auteur d’enseigner de manière détournée, en s’abritant derrière son texte et en invitant le lecteur à s’impliquer activement dans sa lecture.

En conclusion, nous pouvons dire que la fiction est un moyen efficace pour transmettre un enseignement, car elle élargit la portée didactique de l’œuvre en suscitant le plaisir du lecteur et en faisant comprendre des idées de manière concrètes. En même temps, elle procure un masque à l’auteur et invite le lecteur à la réflexion. Certains écrivains préfèrent donc recourir à la fiction pour transmettre des vérités ou des leçons, car elle permet d’enseigner au plus grand nombre possible tout en stimulant l’esprit critique des

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