Cours de Grands débat politique Fac de Strasbourg L1
Par Ninoka • 8 Novembre 2018 • 40 348 Mots (162 Pages) • 588 Vues
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- Gusfield : Un phénomène devient un pb politique quand un groupe se mobilise à son sujet et créent des débats qui conduisent les autorités à réagir (syndicats, scientifiques, philosophes, groupes religieux, médias, associations, experts…).
Ce sont des « entrepreneurs politiques » qui mettent en avant une vision de la société et une certaine conception du pb à traiter (solutions, instruments d’actions selon eux judicieux).
Il n’existe pas de vision univoque : les acteurs sont souvent en concurrence pour définir les solutions à apporter aux problèmes.
- La construction des phénomènes sociaux en problème et le résultat d’un travail social qui engage la mobilisation d’acteurs divers et qui suscite la résistance.
Retracer la genèse des problèmes publiques c’est dénaturaliser les évidences présentes. Ce qui se présente aujourd’hui comme allant de soi, nécessaire a été, dans le passé, l’objet d’hésitations, de conflits et donc l’histoire aurait pu être différente : il n’y a rien de nécessaire et l’histoire peut encore être différente.
3. La spécificité du discours scientifique sur la politique
Il existe plusieurs types de discours :
- Discours militant : Celui de l’élu, de l’intellectuel engagé dans une cause. La volonté de ces acteurs est d’expliquer pour justifier, légitimer leurs actions. C’est donc un discours orienté qui valorise certains éléments et passe sous silence certains autres. Cela ne veut pas dire qu’il est faux ou un but de tromper : juste qu’il a un point de vue propre.
- Il faut savoir qui parle, dans quel contexte, d’où le discours est émis…
- Discours philo : Question des valeurs au centre. On ne veut pas savoir comment le choses sont mais comment elle devrait être (quête du bien politique, de la moral). Il nourrit la pensée politique et les idées militantes (ex : discours de Karl Marx sur l’effondrement du capitalisme, etc…).
- Discours du champ médiatique et des journalistes : Interprète la réalité et la rapporter dans le but d’informer. Mais aussi soumis à des questions plus prosaïques : fait de vendre, de plaire aux lecteurs, de faire de l’audience (contrainte). Travail surtout dans l’urgence et cherche à créer l’événement, créer la polémique et l’alimenter. Certains faits politiques seront valorisés tandis que d’autres questions passeront sous silence.
- Discours scientifique : A une logique propre ; celle de l’élucidation. Objectif de compréhension du monde social, décrire, rendre compte et expliquer la réalité sociale. Les énoncés qui en ressortent ne sont pas des opinions du politiste : il ne juge pas, il décrit et analyse à travers des hypothèses, des méthodes, la mise en place de concepts. Les faits scientifiques sont construits par la raison, la problématisation. C’est pour cela que la science politique se distingue des jugements, du sens commun, des discours militant. Le regard neutre est une valeur.
Max Weber : appelle cela l’impératif de neutralité axiologique.
Le chercheur ne doit pas porter de jugement de valeurs, il doit rompre avec ses préjugés… Il peut en revanche faire des valeurs et des rapports aux personnes aux valeurs, son étude. Un des moyens de déconstruire les évidences, de prendre de la distance, est de faire un détour par le passé.
Chapitre 1 : Démocratie
« La démocratie est le pire des régimes - à l'exception de tous les autres déjà essayés dans le passé. » (Democracy is the worst form of government - except for all those other forms, that have been tried from time to time.).
Winston Churchill
La démocratie est aujourd’hui un critère plus ou moins implicite de jugement des régimes politiques étrangers et du progrès ; d’où l’enchantement, l’euphorie provoquée par les transitions démocratiques (Europe du Sud en 1970, Europe de l’Est en 91 avec l’effondrement de l’URSS, pays arabes en 2011…) On va même justifier des interventions militaires au nom de la démocratie (ex : Guerre en Irak en 83).
Forme particulière du régime démo qui s’est imposée : démo représentative
Elle implique la participation du peuple dans l’exercice du gvnt politique par l’intermédiaire de représentants. Le peuple souverain délègue son pouvoir à un petit nombre : à des représentants (referendums, etc…). Les gvnts sont désignés au cours d’élections libres, à intervalle régulier et disputé qui interviennent au cours de débats illustrés.
Il faut que plusieurs conditions soient remplies, théoriquement :
- Suffrage universel : l’intégralité du peuple doit pouvoir choisir ses représentants. Egalité des droits et égalité devant la loi. Ce principe se double du principe majoritaire. Ce sont les candidats qui obtiennent la majorité des suffrages qui emportent les élections.
- Implique aussi le pluralisme politique : il faut que les électeurs aient un choix et donc plusieurs possibilités. Il faut que plusieurs partis politiques doivent pouvoir se former et agir librement. Chaque courant d’opinion doit pouvoir se présenter et s’exprimer.
- Libéralisme politique : les libertés individuelles et celle des partis ou des groupements qui peuvent éclairer ou influencer l’opinion publique doivent être garanties. => Libre confrontation des opinions, libre concurrence juste. Cela passe notamment par des médias libres et indépendants.
Le pouvoir provient du peuple et donc chacun doit participer à l’activité politique à travers les élus c’est le peuple qui gouverne. Dans ces conditions la participation des citoyens au fonctionnement du système politique est légitime et souhaitable (voir obligatoire). Prend l’allure d’un impératif moral : il faut que les citoyens s’engagent et exercent activement leur droits politiques. Ils doivent s’informer pour se forger leur propre opinion. Il faut qu’ils discutent avec leur entourage…
C’est donc une conception exigeante de la citoyenneté.
Concrètement, en France l’Etat a mis en place un certain nombre de dispositifs qui encouragent les citoyens à jouer leur rôle de citoyen (ex : sous la III république, introduction de l’instruction civile à l’école).
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