Baudelaire et son influence sur la poésie
Par Raze • 17 Octobre 2018 • 1 985 Mots (8 Pages) • 570 Vues
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- Baudelaire moderne de part la forme de ses œuvres et ses thèmes abordés
a) Baudelaire et le poème en prose
Concernant le poème en prose, Baudelaire dit s’être inspiré d’Aloysius Bertrand qui, avec Gaspard de la nuit (1842), a incéré le poème en prose dans la littérature. Mais il ne faut pas surestimer cette influence : il ne cisèle pas la prose en refrains et en couplets et son inspiration est aux antipodes du folklore moyenâgeux.
C’est précisément au nom de la modernité que Charles Baudelaire abandonne les vers traditionnels, dont les contraintes lui paraissent désormais artificielles et limitent son inspiration. Il lui faut une forme plus libre, susceptible de rendre compte de toutes les facettes de son tempérament, qui convienne à la pente philosophique et moraliste comme à la veine lyrique. Il lui faut aussi inventer un nouveau langage pour exprimer tous les aspects de l’existence sur une multitude de tons : l’ironie sarcastique, l’humour noir, la cruauté et la trivialité de la vie moderne sont peu compatibles avec les traditions, et de toute façon, avec les contraintes de l’œuvre en vers. Dans sa dédicace dans le Spleen de Paris, Baudelaire définit son idéal comme « une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ».
Mais le genre même du poème en prose étant mal défini, Baudelaire n’a cessé d’exprimer les difficultés qu’il éprouve à s’aventurer dans une expérience qui l’effraie par sa nouveauté. Peut-être, comme le soulignent souvent les commentateurs, Baudelaire n’a-t-il pas, encore trop enfermé dans l’écriture des Fleurs du mal, su tirer de la prose tout le parti possible. Baudelaire n’est certes pas l’inventeur du poème en prose mais il est l’un des tous premiers à employer cette forme poétique nouvelle, plus adaptée selon lui à la matière poétique de la vie. C’est en cela qu’il se démarque de ses prédécesseurs et qu’il devient en quelques sortes précurseur du poème moderne.
b) Le spleen baudelairien
Spleen est le terme anglais qui désigne la rate (l’organe). Il dérive du grec ancien σπλήν (splên), de même sens.
Hippocrate explique que la rate déverse dans le corps humain un fluide - la bile noire –qui en excès, déclenche la mélancolie voire la dépression. Bien que cette théorie ait été infirmée depuis longtemps, l'idée qu'un dysfonctionnement de la rate affecte le caractère est passée dans le langage courant, comme l'attestent les expressions « se faire de la bile » ou, plus familièrement, « se mettre la rate au court bouillon ».[1]
L’angoisse du spleen, à cette époque passe pour une forme exaspérée du « mal du siècle ». Il se définit par l’angoisse, le dégoût de tout, le découragement provoquant des crises accompagnées d’hallucinations. Mais le spleen n’est pas seulement physique, il est également d’ordre spirituel. Il se trouve dans le cœur de l’homme, où s’opposent la chair et l’esprit, l’enfer et le ciel, Satan et Dieu. Tout cela provoque chez Baudelaire un sentiment de mélancolie, d’angoisse, et de profond dégoût pour la vie.
Le spleen baudelairien est à la fois plus physiologique et métaphysique que les inquiétudes romantiques. Il vient révéler chez le poète une obsession de solitude et d’exil, une hantise du Temps profondément liée au tragique de la condition humaine. Et surtout, au spleen qui est dépression, s’oppose l’appel de l’idéal. Faute d’y arriver en tant qu’homme, Baudelaire espère y arriver comme artiste et nourrit un rêve de Beauté où l’art et la poésie sont la meilleure preuve de l’infini. Mais cet appel ne réussit pas à sauver Baudelaire; elle vient au contraire souligner la déchéance de l’Homme plus qu’il n’a confiance en sa rédemption. Il cherchera ainsi à oublier sa condition intolérable dans l’ivresse, sous toutes ses formes, mais moins sans doute dans les drogues que dans l’utilisation raffinée des sensations, dans le rêve du voyage, dans la poésie des ailleurs.
- Des thèmes « neufs »
Baudelaire fait entrer dans sa poésie des thèmes nouveaux. Il a notamment fait entrer la ville dans la poésie. Dans Les Fleurs du Mal, une section s’intitule d’ailleurs « Tableaux parisiens ». Baudelaire aune véritable fascination pour la ville et nombre de ses poèmes ont la ville pour cadre. (« À une passante », « Les aveugles »). Il est en opposition au romantisme qui est un genre qui puise son inspiration dans la nature.
Il également l’un des premiers à faire référence à la laideur dans ses textes. Dans le poème Petites Vieilles, il décrit la laideur des vieilles femmes. On peut également citer Charogne dans lequel il décrit avec précision une carcasse animale.
Enfin certains des poèmes de Charles Baudelaire sont très érotiques qui feront condamner Baudelaire pour « outrage à la moralité publique » (6ième pièce des Fleurs du Mal).
III- Mais une pensée baudelairienne marquée également par la tradition poétique
ÉLÉMENTS HÉRITÉS DE LA TRADITION POÉTIQUE
Baudelaire est notamment au carrefour entre le romantisme et le parnasse
De par sa forme
De part ses thèmes abordés
- Baudelaire est largement fidèle au sonnet (forme importée en France au XVIème) et à l'alexandrin classique (cf. sonnets Les Aveugles) − reprise des idées parnassiennes de la recherche de la perfection formelle (cf. La Beauté) − refus de l’engagement hérité du Parnasse (cf. poème Paysage), image du poète dans sa tour d’ivoire (cf. poème Paysage) − un lyrisme parfois proche du lyrisme romantique (cf. Paysage : ton lyrique de la célébration de la nature, lyrisme mélancolique du poème Le Cygne).
- Le « spleen » rappelle le mal du siècle, l'insatisfaction existentielle des romantiques − le principe de la « double postulation » qui définit la condition humaine selon B. se rattache aussi au romantisme. − On retrouve aussi fréquemment des thèmes romantiques : thème du voyage, idéalisation de la femme, image du poète maudit en marge de la société de ses semblables (cf. Bénédiction, Le Cygne, Les Aveugles)
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