Analyse Les Misérables Première partie, livre deuxième, Chapitre 13

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prendre du recul par-rapport à son existence antérieure ; il est devenu un autre homme et cet homme regarde l’étranger que fut le bagnard. Il est capable d’apprécier cette vie pour ce qu’elle fut réellement : « horrible », « affreuse ».

• « Il regarda sa vie, et elle lui parut horrible ; son âme, et elle lui parut affreuse. » : rythme binaire de la phrase avec un effet de parallélisme dans la construction. La ponctuation du point-virgule sépare les deux propositions ; deux thèmes sont rapprochés : celui de la « vie » & celui de l’ « âme ». Répétition du même bloc verbal : « et elle lui ». Effet miroir des deux adjectifs : « horrible ; affreuse ». Double renaissance pour Valjean, du corps (la vie) & de l’âme. Cette phrase s’apparente à de la prose poétique.

• « Cependant » : cet adverbe joue le rôle de transition, de charnière, entre l’avant (le Mal) & l’après (le Bien). Deviens un homme bien après s’être jugé Jeu d’écho lexical avec la reprise des termes « vie » et « âme ».

• Né à cette nouvelle existence qui sera dévolue au Bien, le héros s’accoutume peu à peu à la lumière ; un « jour doux » éclaire à présent son âme. Le « jour doux » de l’aube d’une nouvelle vie.

• « Satan » est vu « à la lumière du paradis » ; Satan fut celui qui jusqu’alors avait gouverné sa vie (lui-même ?) mais celui qu’il voit, c’est Dieu qui a voulu qu’un tel miracle s’opère. Remarquons l’importance du champ lexical de la religion dans cet extrait : « expiation, évêque, pardon, âme, Satan, paradis… »

• Hugo a toujours eu foi en l’Homme ; la rédemption est possible. Qui a fauté peut se relever et s’engager sur la voie du Bien. Dieu peut agir, la Société également. Sa mission, pour Hugo : éduquer, éclairer, offrir à tous un travail. La société génère le Mal et pousse les Hommes au crime, quand les lois n’ont pas pour objectifs le bien public. N’oublions pas l’engagement idéologique, politique de Victor Hugo, toute sa vie durant. Dans Les Misérables, l’inspecteur Javert traquera Valjean sans relâche car il est convaincu que qui a fauté fautera à nouveau, que l’on naît criminel et que l’on périt logiquement sous le couperet de la guillotine. Il se rendra compte de son erreur et se suicidera « noblement » en se jetant dans la Seine…