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Notes de Cours - Rimbaud

Par   •  22 Juin 2018  •  3 105 Mots (13 Pages)  •  763 Vues

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Au-delà des désapprobations purement patriotiques, la Commune est le rassemblement d’un peuple décidé à imposer certaines mesures : depuis l’aide aux indigents jusqu’à la constitution d’un enseignement gratuit, laïc et obligatoire, en passant par une série d’allégements des conditions de travail.

Après des semaines de lutte, l’insurrection sera réprimée dans le sang : du 21 au 28 mai (la « Semaine sanglante », des milliers de Communards sont exécutés.

- Rimbaud affirmera avoir participé à l’insurrection communarde. Il est en réalité fort peu probable qu’il soit lui-même monté sur les barricades, mais cet épisode – qui se révèlera traumatique pour une génération d’auteurs – nourrira considérablement la totalité de son œuvre (depuis Le Bateau ivre jusqu’au poème Illuminations).[pic 1]

L’hôtel de ville de Paris – où travaillait notamment Verlaine –, incendié pendant la Commune. Cet incendie a probablement été commis par des pétroleuses dont Louise Michelle.

En mai 1871, Rimbaud pose, par voie épistolaire, les fondements d’un véritable art poétique : dans des lettres similaires à Demeny et Izambard (baptisées « lettres du voyant » par la critique), il définit ce que doit être le rôle et la fonction du poète.

[…] Maintenant, je m’encrapule le plus possible. Pourquoi ? Je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n’est pas du tout ma faute. C’est faux de dire : Je pense : on devrait dire : On me pense. — Pardon du jeu de mots. —

Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et Nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu’ils ignorent tout à fait ! […]

(Lettre à Izambard, 13 mai 1871)

- Analyse :

« Je m’encrapule » = Je vous écris ce que doit être la poésie selon moi mais de toute façon vous êtes trop con pour comprendre et en plus je ne saurais pas vous l’expliquer

« Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens » : se réfère à sa mauvaise expérience avec la drogue.

Il a tenté le haschich pour arriver à cette nouveauté mais ça n’a pas été concluant, et il se moque de ces consommateurs en les comparant aux dévôts qui font fi de leur propre volonté pour mettre leur dieu sur un piédestal. Il est cependant probablement alcoolique.

Mais le dérèglement de tous les sens est objectif, chez Rimbaud : dans Une saison en enfer, il commente et explique sa vision de son activité, puis ses propres poèmes. « Je m’habituai à l’hallucination simple » : il se promène et rend étrange ce qu’il voit ; il imagine une mosquée à la place d’une usine. C’est une façon de parvenir à l’inédit.

« Je est un autre » / « Tant pis pour le bois qui se trouve violon », lieu commun de l’exégèse rimbaldienne : on dit souvent que cela signifie la différenciation entre auteur et narrateur, mais ça peut aussi engager une perspective phénoménologique, car « je » est celui qui est perçu comme « je », ou parce que pour être soi-même il faut porter des expériences qui nous ont précédé, on n’est jamais tout à fait singulier et on ne se connaît pas toujours à fond.

Rencontre avec Verlaine

En septembre 1871, après avoir compris qu’il n’obtiendrait rien de Banville, Rimbaud envoie ses lettres à un autre destinataire, dont il apprécie les poèmes : Paul Verlaine. La réponse de celui-ci figure dans toutes les anthologies littéraires : « Venez chère grande âme, on vous appelle ; on vous attend ! ».

- Rimbaud débarque donc à Paris, où il séjournera jusqu’en mars 1872.

Au cœur de la capitale parisienne, Rimbaud se fait rapidement remarquer : son impressionnant poème « Le Bateau ivre » (25 quatrains d’alexandrins) suscite l’admiration de chacun, mais, dans le même temps, sa rustrerie et son incapacité à se plier aux logiques à l’œuvre au cœur du milieu lettré dérangent.

Rmq : dès le 1er vers, il y a des échos au Parnasse duquel il prend ses distances. Rimbaud sera aussi perçu comme un personnage rustre, mal élevé, qui se distingue des parisiens par son accent et sa corpulence, son physique propre aux campagnards.

Trouvant les Parnassiens pédants, Rimbaud – en compagnie de Verlaine, des frères Cros et d’une série d’artistes oubliés aujourd’hui – rejoint le Cercle du Zutisme (épisode marquant).

Le 2 mars 1872, au cours d’un dîner, Rimbaud, voulant défendre ses idéologies zutistes, interrompt la récitation d’un poète de façon ordurière (« merde »). Prié de se taire, il se vexe et blesse le photographe Carjat (qui lui a tiré le portrait) avec la canne-épée de Verlaine. Verlaine doit faire face à la réprobation croissante de ses amis à l’égard des farces de mauvais goût, parfois méchantes, de son jeune protégé. En outre, sa femme, Mathilde le menace d’une séparation. Aussi annonce-t-il à Rimbaud qu’il refuse de l'entretenir plus longtemps et lui demande de quitter Paris pendant quelque temps.

- Sur la photo de Carjat, Rimbaud s’est endimanché en bourgeois pour l’occasion. Il se pince les lèvres, rentre les joues pour paraitre plus fin et ainsi coller aux prototypes bourgeois et parisiens. Il regarde aussi au loin pour souligner son statut de poète voyant. -> il se construit une représentation.

L’exil de Rimbaud ne dure pas longtemps : le 7 juillet 1872, il fête son retour à « Parmerde » (sic), où il kidnappe littéralement Verlaine et l’emmène avec lui sur les routes de Belgique. Le 7 septembre, les deux amants arrivent à Ostende, où ils s’embarquent pour l’Angleterre.

Ils y passent une année ensemble, chacun effectuant de brefs retours en France, vivant des économies de Verlaine et de quelques leçons de français, avant qu’une crise n’éclate au sein du couple car Verlaine en a eu assez d’être raillé par Rimbaud. Au cours de leur idylle, les 2 poètes s’influencent entre eux.

Le 3 juillet 1873, lassé par les frasques de Rimbaud, Verlaine s’embarque pour la Belgique. Rimbaud le rejoint à Bruxelles quelques jours plus tard. Les deux hommes

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