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La responsabilité politique n’est-elle réservée qu’à ceux qui gouvernent ?

Par   •  12 Décembre 2017  •  2 974 Mots (12 Pages)  •  1 228 Vues

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Du point de vue du droit, Platon soutient avec beaucoup de vraisemblance que la politique exige de hautes vertus. De même que les appétits et l’énergie doivent être, dans une personnalité, subordonnée à l’intelligence, de même l’organisme qu’est une société, exige une stricte hiérarchisation des groupe sociaux selon leurs compétences politiques, et cela pour l’intérêt de la collectivité. L’homme du commun privilégie son intérêt propre, ou son intérêt de groupe à l’intérêt collectif. Ainsi quand on donne au peuple le pouvoir du vote, chacun subordonne l’intérêt collectif à son intérêt personnel ou celui de son groupe, et vote pour lui. Les sociologues du vote, indique qu’il y a un vote partisan selon que l’on est défavorisé, de la classe moyenne, ou de la classe aisée. Le vote se répartit même selon les catégories professionnelles. Ainsi les salariés du public privilégient une politique d’emploi publique promue par la gauche, tandis que les professions libérales militent pour la réduction des impôts et votent volontiers à droite. Cela prouve que les vertus de désintéressement et d’impartialité sont peu présentes dans une population. Supposons même qu’une menace ou une exaltation passagère pousse chacun à privilégier l’intérêt général sur l’intérêt particulier. Reste à savoir si un homme qui n’a pas été formé et sélectionné pour l’exercice politique, est apte à discerner, au-delà des impulsions du cœur, ce qui va réellement servir l’intérêt général, dans un monde complexe et sans cesse changeant. Platon ne croyait pas à une compétence universellement acquise au sein d’une population, à viser le bien général, ni à l’appliquer aux circonstances mouvantes. Le bien général est ce qui doit constituer les lois, tandis que le bien appliqué aux circonstances est ce qui concerne le gouvernement. Peut-on imaginer un peuple qui exercerait une démocratie directe en votant toutes les lois par référendum et en choisissant les actes particuliers tel que décret, règlement administratif, acte diplomatique. Platon disait que le peuple confond dans son désir de bien, le plaisir et le bien véritable de nature intelligible. Les lois populaires seront donc orientée vers les plaisirs les plus immédiats et les plus matériels. Par ailleurs, l’application de lois, bonne ou mauvaise, aux circonstances suppose, pour les circonstances qui font l’objet d’un savoir scientifique constitué, la possession d’une expertise, et pour les circonstances imprévisibles, un art du discernement et du sang froid peu commun.

Ainsi c’est à juste titre que tous les régimes, éloignent le peuple de l’exercice politique. Soit le droit de vote est inexistant, soit le vote s’apparente à un rituel offrant au personnel élu et à ceux qu’ils nomment une légitimité sans mandat impératif. Il est heureux que les élus ne soient pas tenus de respecter ce que la structure démagogique de toute campagne électorale les a contraint de promettre pour être élus. Ce qui est promis n’est jamais favorable à l’intérêt général, mais se conforme à l’opinion du peuple sur ce bien général, ou sert l’intérêt partisans de fraction de la société. C’était l’avis de Platon qui montre que seul la démagogie permet de s’attirer les faveurs du peuple. Le sage devra donc, en démocratie, concéder à cette obligation et être au moins démagogue en période de campagne. Par ailleurs aucune promesse n’est possible en politique, car la vie d’une société est confrontée à des circonstances imprévisibles qui rendent impossible de garantir à l’avance le moindre résultat. Ainsi, la démocratie n’est jamais réelle, et c’est un bien.

Donc de fait et de droit, la responsabilité politique n’est réservée qu’à ceux qui gouvernent, et cela même en démocratie.

Cependant, on pourrait m’objecter que ne gouvernent que ceux qui exercent le pouvoir exécutif. Les hommes politiques qui exercent le pouvoir législatif, en France, les députés et les sénateurs, ainsi que ceux qui exercent le pouvoir constitutionnel, pratiquent une activité dont la finalité est de favoriser le bien commun, selon la définition que nous avons précédemment adopté. Le gouvernement est le pilote, celui qui a le gouvernail et dirige le bateau au milieu des récifs, tandis que ceux qui exercent le pouvoir législatif et constitutionnel, donnent la direction générale, laissant au pilote le soin d’ajuster la trajectoire aux exigences des récifs, des vagues et des tempêtes. Le gouvernement ne donne pas les règles générales du bien commun, mais il les applique aux circonstances. J’admettrait cette objection, si j’entendais « gouverner » au sens restrictif et légitime et non au sens populaire où tous les élus et les membres de la haute administration sont considéré comme gouvernant, tant qu’il exercent une fonction politique désignée par la constitution et cela en tant que métier à part entière. J’entends donc par gouverner, l’activité de tous ceux dont la profession est l’exercice d’une fonction politique, même si n’étant pas ou plus élus, ils ne sont pas actuellement « aux affaires ».

Par contre, une autre objection me semble autrement redoutable. C’est celle qui me serait adressée en me rappelant que la politique n’est pas seulement l’activité ayant pour finalité le bien collectif. C’est aussi et surtout l’ensemble des activités, qui volontairement ou non, affectent le bien collectif. Par ailleurs, j’ai feint jusqu’alors, que la responsabilité se limitait à être chargé par autrui d’une fonction. Mais il suffit d’être auteur, même partiel d’une situation, par son action ou son inaction pour pouvoir à juste titre en être tenu pour responsable. Ainsi la responsabilité politique, c’est 1) être chargé par la collectivité d’une fonction définie par la constitution et ayant finalité de produire le bien commun, 2) être auteur ou co-auteur d’une situation par son action ou son inaction. C’est cette pluralité de sens qui distingue l’usage du mot responsable dans les formules « être responsable de ses enfants » et « être responsable de sa mort ».

Or je crois en effet qu’entre les citoyens et l’Etat, il existe tout un ensemble de corps intermédiaires, tel que les partis, les syndicats, les associations, et les communautés locales, où chacun peut exercer une activité qui a pour finalité le bien commun. Ceux qui s’abstiennent de tels activité alors qu’ils disposent du temps nécessaire, sont responsable politiquement par leur inaction, de ce qu’aurait pu être notre société si la vie militante, associative et communale, avait reçu le renfort

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