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La dignité humaine.

Par   •  21 Novembre 2018  •  9 413 Mots (38 Pages)  •  540 Vues

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ou bonne race. Il existe deux types d’eugénisme à savoir ; l’eugénisme ‘‘positif’’ et l’eugénisme ‘‘négatif’’. L’intervention de la biotechnologie sur les cellules somatiques pour des fins thérapeutiques des maladies héréditaires et la réparation de certaines malformations a donné la force à la médecine de pouvoir se lancer dans le domaine préventif sur les mêmes maladies aujourd’hui. C’est l’exemple d’un eugénisme ‘‘positif’’ qui serait utile à l’humanité. Par contre, l’eugénisme ‘‘négatif’’ se propose d’entraver la multiplication des individus considérés « dysgéniques » .

La question éthique se pose précisément sur cette considération et sur les pratiques qui y sont liées. On trouve souvent englobées dans cette considération, les personnes portant des “tares” à éliminer, des personnes dites de “faible quotient intellectuel”, des personnes qualifiées d’“idiotes ”, “ faibles d’esprit”, des personnes handicapées et des personnes malformées. L’essor des pratiques eugénistes a trouvé son point d’appui sur la découverte de l’ADN et de sa structure, par Francis Crick et J. Watson (prix Nobel 1962) , du déchiffrage du génome humain avec la fécondation “in vitro” permettant l’accès à l’embryon hors de son nid maternel. En considérant la pratique dans son histoire, nous constatons un eugénisme classique connu par la stérilisation et l’infanticide et un nouvel eugénisme soutenu par le diagnostic préimplantatoire et le diagnostic prénatal. C’est cette situation qui amène Habermas à soutenir l’argument de la pente glissante qui dit : « quiconque s’engage dans l’instrumentalisation de la vie humaine, quiconque distingue la vie qui vaut d’être vécue de celle qui ne le vaut pas, celui-là est entré dans une voie où il n’y a plus de point d’arrêt. »

Cet argument traduit son hostilité par rapport à l’eugénisme. Ainsi, il pose le problème de la finalité des interventions sur l’homme à toutes les étapes de sa croissance. Habermas s’oppose ainsi à toutes les formes d’eugénisme et au désenchantement de la nature humaine. La diversité des formes de l’eugénisme se trouve liée à la diversité de ses méthodes qui se multiplient et se perfectionnent en suivant le temps et les progrès technologiques.

I.1. Eugénisme classique : sélection des procréateurs

Quand Darwin parlait de la sélection des espèces, il parlait d’une sélection purement naturelle. Mais plus tard, les idées darwiniennes ont servi de principe originel des pratiques eugénistes contemporaines. En effet, dans son œuvre L’origine des espèces, au chapitre IV, Darwin explique une sélection dans les espèces où ne survivent que les plus aptes ; C’est-à-dire, l’espèce qui est capable de s’adapter à toute situation climatique et environnementale. On peut également comparer les plus aptes à ‘‘l’élite’’ de la société que propose Platon.

Carrel Alexis (prix Nobel de la médecine en France en 1912), nous propose un nouvel eugénisme. Carrel dans le Chapitre VII de L’homme cet inconnu, parle d’un eugénisme volontaire qu’il compare avec l’aristocratie héréditaire. Pour lui, l’eugénisme est indispensable pour la perpétuation d’une élite. Il disait à cet effet que « l’eugénisme peut exercer une grande influence sur la destinée des races civilisées […] il deviendra possible d’empêcher la propagation des fous et des faibles d’esprit. Peut-être aussi faudrait-il imposer aux candidats au mariage un examen médical» .

L’eugénisme dont parle Carrel se trouve à cheval entre celui de Platon et celui de Galton. Il refuse la régulation des naissances chez les hommes comme on le fait chez les animaux, c’est-à-dire la sélection des géniteurs. Mais en même temps, il fait un avancement dans la méthode responsable de la situation actuelle de la médecine nataliste ; il propose des examens qui se verront suivi par des examens prénatals et préimplantatoires.

Carrel propose un eugénisme dénudé de toute contrainte mais promu par la persuasion et l’éducation. Il disait à cet effet : «on pourrait faire comprendre aux jeunes gens à quels malheurs ils s’exposent en se mariant dans la famille où existe la syphilis, le cancer, la tuberculose, le nervosisme, la folie ou la faiblesse d’esprit» . Jusqu’à ces affirmations de Carrel, l’eugénisme ne comptait pas encore dans la législation démocratique des États. Ce n’était qu’un fait social interpellant l’attention des moralistes. C’est le congrès international d’eugénisme de 1921 qui a introduit le problème de l’eugénisme dans la démocratie et dans les gouvernements des pays du monde . Cette entrée dans la démocratie de l’eugénisme l’a amené à un essor flagrant. Nous avons connu d’autres situations telles que celle aux Etats unis d’Amérique qui ont pratiqué l’eugénisme de façon alarmante sur les esclaves Noirs et Indiens.

I.1.1. Eugénisme raciste

« Le principe qui fonde la vaccination obligatoire est assez large pour légitimer la ligature des trompes […] Trois générations d’imbéciles, cela suffit. » Ces mots constituent la motivation de l’arrêt de la Cour Suprême Américaine qui a légitimé la stérilisation de Carrie Buck en 1927. Carrie, sa mère et sa fille ont été qualifiées d’« imbéciles » parce qu’elles appartenaient à la classe paresseuse, ignorante, sans valeur. Cette affaire a été une occasion pour la constitutionnalisation de la stérilisation forcée dans la majorité des États d’Amérique . Les fonds d’action sociale ont servi de prétexte aux sociétés eugénistes pour atteindre les objectifs de leurs idéaux . Avec la crise économique de 1929, il y eut de nombreux cas de stérilisation et de récessions pour contribuer à la réduction des fonds publiques accordés à l’aide sociale aux démunis et aux soins des handicapés. Les noires ont été fortement représentés dans les 20 000 stérilisations légales aux USA et particulièrement dans l’État de la Californie. Il semble que les femmes étaient menacées par les assistants sociaux de couper l’aide dont elles bénéficiaient si elles résistaient à la stérilisation. Les Américains distinguaient les parents qui sont capables d’élever leurs enfants de ceux qui ne le sont pas. Pour les Américains, il fallait stériliser ces derniers.

Les théories eugénistes américaines ont été approuvées par les États canadiens et la plupart des pays nordique. Elles ont également été adoptées par les pays sociaux démocratiques qui proposent réaliser le progrès

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