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L'interprétation fausse-t-elle la vérité?

Par   •  29 Juin 2018  •  2 914 Mots (12 Pages)  •  336 Vues

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Il y a alors un risque, celui de se tromper ou de proposer une interprétation erronée ou flottante et tel est le cas, certes du médecin face à des signes à interpréter, mais aussi des juristes face aux textes de lois.

Ainsi, un article de la loi française stipule qu'un enfant orphelin dont les deux parents sont décédés doit être remis au « parent le plus proche ». Or si cette loi apparaît comme pleine de bon sens, l'expression est lourde d'équivoques : est-ce « le plus proche » du point de vue de l'enfant ? Cela signifierait-il qu'il ait le choix ? A partir de quel âge peut-on laisser un enfant choisir pour son avenir ? Est-ce « le plus proche » selon les liens familiaux ? Selon quel principe hiérarchique ? Supposons que l'enfant ait deux frères majeurs:lequel est le plus proche ? Etc...

Les juges sont souvent confrontés à des situations délicates du fait de l'équivocité des lois mais aussi et tout simplement des mots.

b. L’équivocité des mots

Elle est souvent à l'origine de mauvaises interprétations. Les phrases les plus simples et les plus claires peuvent être interprétées de mille manière différentes selon le contexte dans lequel on se trouve et parfois même le contexte ne parvient pas à déterminer quelle interprétation est préférable.

cf. la phrase : « Il est midi » : le sens de cette phrase est très clair ; et pourtant en même temps très équivoque ; elle peu être interprétée de différentes manières suivant le contexte ou suivant la personne qui reçoit le message : il est l'heure de manger, c'est l'heure de l'embarcation pour le vol ; il est temps de terminer son devoir, ça sonne dans 25 minutes, la banque ferme...

Il revient toujours au destinataire d'un message d'interpréter de manière adéquate cet énoncé en explicitant sa signification implicite ; mais celui-ci peut toujours « tordre » ce qui est dit et « mal interpréter » (c'est d'ailleurs ce qui occasionne tant de malentendus entre les individus). Il y a toujours plus ou moins d'implicite dans ce que l'on dit et celui-ci est à expliciter.

- Interpréter, c'est traduire, mais traduire n'est-ce pas toujours trahir ?

Un diction italien dit : « traduttore, traditore » (=le traducteur est un traître)

En interprétant, on est obligé de traduire, de trouver le sens originel derrière ce qui est dit, de trouver les intentions véritables de l'auteur d'une phrase,d'un geste, d'une œuvre d'art etc...

En interprétant, on traduit finalement comme le fait un « interprète », un traducteur qui transpose un texte d'une langue à une autre . Or, toute traduction implique nécessairement des adaptations à la langue nouvelle, des transformations. En ce sens, traduire c'est trahir parce que les langues ne sont pas strictement symétriques et il ne suffit pas, lorsqu'on traduit une phrase, de prendre son dictionnaire bilingue et de remplacer chaque mot par un mot équivalent dans l'autre langue. C'est que très souvent d'une part, il n'y a pas d'équivalent strict (le verbe « être » n'existe pas chez les inuits, les différents présents anglais n'ont pas leur équivalent en français, le mot « saudade » en portugais est intraduisible en un seul mot en français (tristesse, nostalgie, regret d'un âge d'or, d'une grandeur perdue et en même temps l'espoir de la retrouver...). Le bon traducteur d'un texte est celui qui parvient à adapter les formules et formulations d'un idiome dans un autre, ce qui implique non un « calque » mot à mot des phrases, mais des adaptations, des transformations, des trouvailles dans les tournures des phrases qui correspondent bien à la langue dans laquelle on cherche à traduire.

cf. Wuthering Heights= Les Hauts de Hurlevent

Il y a donc toujours une transformation dans l'interprétation-traduction. L'essentiel est qu’il ne s'agisse pas d'une déformation.

- Le problème de la subjectivité dans l'interprétation

Pour en revenir à l'interprétation dans un sens plus large, il y a toujours une marge entre le texte ou ce que l'on a à interpréter et l'interprétation qui est faite. C'est dans cette marge que se joue la liberté d'interprétation. On peut ainsi remarquer que lorsqu'on interprète, c'est souvent en fonction de ses attentes, de ses craintes, de ses désirs, de ses préjugés, bref de sa personnalité ou subjectivité toute entière.

cf. Épicure qui affirme que le bonheur se trouve dans le plaisir, a été très rapidement et selon ses propres dires, mal interprété. Certains ont vu en sa doctrine l'occasion de réaliser leurs désirs (satisfaire de façon immédiate et sans limites tous leurs désirs) en se donnant la bonne conscience d'une garantie ou d'une référence philosophique (c'est un sage qui l'a dit, alors c'est une bonne chose). Mais les « pourceaux d’Épicure » ont mal interprété la notion de plaisir : le philosophe n'y voyait pas le dérèglement incessant des sens, mais l'absence de douleurs.

On peut ainsi tordre complètement le sens d'une chose en l'interprétant, jusqu'à lui faire dire le contraire de ce qu'elle dit, que cela soit volontaire ou non.

cf. Richelieu qui airait affirmé la chose suivante : « Donnez moi trois lignes de n'importe qui et je le ferai pendre ! » L'interprétation habile ou mal intentionnée de la lettre d'un texte peut en transformer complètement l'esprit.

- L'interprétation, souvent guidée par une idéologie

L'interprétation a une certaine forme de liberté dans sa donation de sens, liberté permise par l'équivocité des formes du langage humain mais aussi par la pluralité des idéologies, et c'est précisément le problème auquel se heurtent les historiens.

L'histoire ne se contente pas de rapporter les faits qui ont eu lieu, de les enchaîner comme des perles sur une chronologie. L'histoire interprète les faits passés,c'est à dire qu'elle leur donne du sens, qu'elle les met en perspective pour leur donner du poids, de la valeur. Ainsi, la prise de la Bastille en 1789 ne fait pas sens par elle-même. Le fait brut, c'est

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