Corrigé doit-on toujours être raisonnable
Par Matt • 7 Mai 2018 • 1 479 Mots (6 Pages) • 914 Vues
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Ce trait de caractère semble d’ailleurs tout particulièrement se retrouver dans la figure du héros qui ne cesse depuis que l’homme compose des récits de le fasciner. Le héros peut être envisagé de multiples façons mais on retrouve très souvent ce trait de caractère par lequel celui-ci peut aller au-delà de la simple raisonnabilité. Les obstacles qui se dressent devant lui sont d’une telle force qu’il devrait renoncer, mais il n’en fait rien. Il sait qu’en faisant ce qu’il fait, il court certainement à une mort certaine, néanmoins il fait ce qui lui paraît juste et l’histoire lui donne souvent raison d’ailleurs à notre plus grand plaisir. Ce qu’incarne le héros est une certaine « grandeur » à laquelle les hommes ne cessent d’aspirer, une certaine capacité à aller au-delà d’eux-mêmes. Ils font ce que nous nous sentons trop souvent incapables de faire nous-mêmes par le petit calcul de notre intérêt. [Transition :] La nature humaine apparaît tiraillée entre deux revendications, deux choix de vie qui semblent à la fois incompatibles et d’une égale exigence, mais n’est-ce pas justement cette dualité qui en constitue précisément la richesse ?
[Troisième partie : Le « jeu » et la limite.]
En effet, si les règles auxquelles nous devons nous tenir nous semblent des contraintes insupportables, plus insupportable encore est l’absence de règles. Il suffit de regarder l’enfant qui a grandit sans véritable cadre, l’adolescent qu’il devient est bien sûr un être conduisant sa vie déraisonnablement, mais l’essentiel est de remarquer qu’il est généralement un être en souffrance. Celui-ci fera n’importe quoi jusqu’à ce que précisément il rencontre la limite dont il a besoin, parce que seule la limite est la seule chose qui soit à même, exprime Freud, d’apaiser notre angoisse. Une vie soumise aux règles est triste, une vie déraisonnable est une vie malheureuse, comment sortir de ce cercle ? En remarquant d’abord qu’une voie médiane est possible, le plaisir de franchir la limite n’a de sens que précisément par l’existence même de cette limite. Non, bien sûr il ne faut pas toujours être raisonnable et comme nous l’avons déjà suggéré il serait tout à fait déraisonnable de s’imposer une telle contrainte que rien ne pourrait pleinement justifier. Mais dans le même temps il apparaît tout aussi important de constater qu’il faut toujours l’être assez pour que notre existence ait du sens, c’est-à-dire pour que nous puissions en répondre et nous en déclarer l’auteur. Il y a une certaine volupté à se laisser aller, porter, par les événements, les événements, les rencontres, etc. et ce plaisir est indispensable à toute existence, néanmoins notre responsabilité est de veiller à ce que cette griserie ne se transforme pas en ivresse et en perte de contrôle que nous pourrions regretter. Le sel de la vie consiste donc dans ce subtil « jeu » par lequel il nous est permis de jouer avec les limites du raisonnable, à la fois dans le souci de combler nos besoins de transgression et notre devoir d’individu devant pouvoir répondre de ses actes.
[Conclusion :] Paradoxalement, il y aurait une certaine démesure, une folie, une déraisonnabilité à vouloir rapporter la totalité de nos actes à l’aune de notre raison et il serait parfaitement déraisonnable de toujours vouloir être raisonnable. La raison de cette situation est qu’une telle vie ne serait plus une vie d’homme mais de machine pensante qui nierait une partie importante de la nature humaine. Une telle vie n’apparaît ni possible, ni même souhaitable. Pourtant un devoir nous incombe qui résonne en nous comme un devoir ou un appel qui nous demande de pouvoir rendre compte de nous-mêmes et de nos actes pour que nous soyons les véritables acteurs de nos vies ; la logique de la raison et du sentiment ne s’oppose pas nécessairement pour celui qui est capable de rendre compte de ses choix.
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