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Doit-on apprendre à devenir soi-même?

Par   •  11 Décembre 2017  •  1 554 Mots (7 Pages)  •  761 Vues

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d’interpréter les blocages, dans les souvenirs

remis à jour au cours de la thérapie.

Mais cette description trop technique de nous-même ne peut que nous énerver, car elle

nous éloigne de notre vécu intime, qui ne nous parle pas de ces monstres cachés de notre

enfance. Ne faudrait-il pas plutôt chercher une philosophie qui traduise mieux notre désarroi en

mettant l’accent de ce que mous faisons, et non sur ce que nous avons fait?

II.Pour pouvoir devenir soi- Pour pouvoir devenir soi-même

Jean Paul Sartre, dans l’Etre et le Néant (1943), puis dans la conférence prononcée en 1945

intitulée L’existentialisme est un humanisme., explique que la nature humaine n’existe pas, et qu’à

la naissance nous ne sommes qu’un Néant d’être. Qu’est-ce que cela veut dire? Nous ne naissons

pas homme, nous le devenons. Un bébé n’est rien qu’un être de chair qui doit entièrement se

constituer. Certes il est "mis en condition", c’est-à-dire qu’il est né dans un milieu riche ou

pauvre, raciste ou tolérant, doté de potentiels physiques ou d’un handicap plus ou moins grave.

Mais il ne deviendra que ce qu’il voudra être, dans la plus grande et la plus totale liberté.

Celui qui se cherche des excuses –par exemple qui explique qu’il n’a jamais pu s’exprimer

librement, car il était timide et qu’il était dominé par de plus fortes personnalités, est un lâche, car

il n’assume par la responsabilité de ce qu’il est. Dire qu’il existerait une "deuxième personnalité"

cachée "à l’intérieur de lui" est un sophisme, c’est-à-dire un raisonnement en apparence vrai, mais

en réalité faux, car on ne peut pas être deux personnes. Docteur Jeykil et mister Hyde. Nous

pouvons comprendre que nous jouons des rôles, mais ce ne sont pas uniquement des

compositions, mais une véritable expression de ce que nous sommes. Sartre prend un exemple,

celui du garçon de café: il est habile, rapide, aimable; il joue pleinement son rôle de serveur, et

tout au long de son existence il ne sera pas garçon de café: le soir, au sein de sa famille, il pourra

de mauvaise humeur, et mal aimable. Pourtant on ne peut pas dire que cette attitude soit

extérieure à son être; il s’agit de lui, et sa personnalité doit davantage se comprendre comme un

diamant aux multiples facettes. Donc il faut conclure sur le fait qu’un individu est toujours luimême,

et qu’il n’a pas à apprendre à être, puisque son être c’est ce qu’il est, ce qu’il fait.

Celui qui refuserait cette posture ontologique proposée par les existentialistes français serait

un salaud ou un lâche selon Sartre: un lâche est celui qui prend prétexte d’une multitude

d’excuse, pour expliquer qu’il n’a pas pu être ce qu’il désirait. Par exemple des parents trop

autoritaires auraient exercé sur sa personnalité fragile et timide l’effet d’un couvercle, et il n’aurait

jamais pu réellement s’exprimer. Le salaud est celui qui utilise l’excuse plus spécifique du destin:

je n’ai jamais eu de chance, mais c’est parce que c’était écrit, parce que c’était mon destin.

Ces deux personnages-type sont donc des individus qui ne s’assument pas, et qui surtout ne

comprennent pas qu’ils sont les véritables et seuls auteurs de leu existence: leur identité se

ramène à la somme de leurs actes, et cela a une conséquence plus éclairante encore: la question

de la connaissance de soi ne porte pas simplement sur qui nous sommes, mais aussi sur le sens

que prennent nos actes. Rousseau, dans Les Confessions, raconte cet épisode malheureux de son

enfance, lorsqu’il commit un larcin, et qu’il laissa accusé une jeune servante, immédiatement

renvoyé. Il porta en lui tout au long de sa vie le poids de cette faute, mais sans jamais

véritablement lui accorder un sens précis.

Sartre développe cette théorie: lorsqu’il eut dix-sept ans, il fut pris d’une crise mystique (cet

exemple n’est pas autobiographique), et pendant plusieurs jours il resta enfermé dans sa chambre

à prier Dieu. Puis plus rien. Quel en est le sens? Seul l’avenir lui donnera. Si, à trente ans Sartre

devenait prêtre, alors cette crise deviendrait annonciatrice. Au contraire s’il devenait libertin, ou

bine simple père de famille rangé, la crise mystique ne serait plus qu’un souvenir épique de

l’adolescence. Ce que veut expliquer Sartre, c’est que rien n’est écrit. Rien n’est déterminé. C’est

la contingence qui règne, et l’avenir est à construire.

Conclusion:

La véritable opposition qui peut se dégager de cette étude, c’est celle entre la liberté et le

déterminisme. Freud fait de nous une description scientifique, cherchant à trouver une cause

rationnelle et cohérente à chacun de nos comportements, avec parfois des postulats qui peuvent

prêter à caution (par exemple le rôle peut-être excessif accordé au mythe de la sexualité

infantile),

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