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Comment analyser la structure sociale

Par   •  14 Septembre 2018  •  6 743 Mots (27 Pages)  •  590 Vues

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confort est conditionné au revenu) mais certaines inégalités sociales sont le résultat d’une valorisation différenciée au sein de la société.

Les statistiques indiquent qu’environ 80% des enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures (sortis de formation initiale entre 1991 et 1994) ont un diplôme de l’enseignement supérieur alors que 20% à peine des enfants d’ouvriers non qualifiés et d’ouvriers agricoles sont dans cette même situation.

Entre 1982 et 1996, le nombre de décès observés chez les ouvriers non qualifiés de 30 à 75 ans a été 30% plus élevé que si leur mortalité avait été la même que celle de l’ensemble de la population, et celui des décès observés chez les cadres de 40% inférieur à celui qu’il aurait été aux conditions de mortalité de l’ensemble de la population.

Dans la population françaises, si l’on observe la distribution des salaires, on observe que parmi les 20% de salariés les moins bien payés, il se trouve 75% de femmes, alors que parmi les 20% de salariés les mieux payés, 65% sont des hommes. En moyenne, les hommes touchent un salaire supérieur de 25% à celui des femmes. Ce différentiel peut s’expliquer :

• Par l’effet de caractéristiques structurelles, elles-mêmes inégalement distribuées dans la population : les femmes ont plus souvent des emplois à temps partiel, elles sont moins souvent à des postes d’encadrement et de direction, etc., ce qui explique que leurs salaires soient inférieurs, en moyenne, à ceux des hommes.

• Par l’effet d’une discrimination pure : à poste et à niveau de diplôme égal, une femme reçoit en moyenne un salaire inférieur de 6 à 7% à celui des hommes, selon l’Observatoire des inégalités.

BÉvolutions des inégalités

1Réduction des inégalités sur le long terme

Selon l’économiste américain Simon Kuznets (1901 − 1985), les inégalités économiques doivent dessiner une courbe en U inversé au cours du processus du développement. Dans une première phase de développement, lors de l’industrialisation et de l’urbanisation des sociétés agricoles traditionnelles, les inégalités croissent. Dans une seconde phase, elles se stabilisent, puis un troisième temps doit amener une diminution substantielle des inégalités. Les fruits de la croissance sont d’abord concentrés et ne bénéficient qu’à une petite partie de la population, et doivent ensuite bénéficier au plus grand nombre.

Le resserrement de la hiérarchie des revenus est une tendance de long terme qui s’est inscrite dans les faits :

• De 1950 à 1968, malgré la très forte augmentation du niveau de vie moyen, la dispersion des salaires s’est accrue dans la mesure où le SMIG était indexé sur l’évolution des prix (et non sur celle de la croissance)

• De 1968 et 1984, les inégalités se réduisent sous les effets de l’indexation du SMIC sur la croissance économique, de l’augmentation des pensions retraites et de la mise en place de minima sociaux.

2Persistance des inégalités

Dans les années 1980, les inégalités cessent de diminuer. Le revenu moyen des 20% des personnes les moins riches s’élève (notamment grâce à la redistribution opérée par l’État-providence), mais le revenu moyen des 10% les personnes les plus riches aussi. Ce constat met en échec la théorie de Kuznets et marque la fin des grandes lois historiques sur l’évolution des inégalités.

Les mutations sociales récentes conduisent ainsi à un renouveau des inégalités, les plaçant au centre de la question sociale.

• Selon Louis Chauvel ("Le Retour des classes sociales ?", 2001), la "classe médiane", celle située au centre de la société, devient de plus en plus hétérogène. En termes de richesse, elle est rattrapée par les personnes les plus pauvres, et distancée par les hauts revenus.

• Selon Paul Krugman, le progrès technique qui caractérise "la troisième révolution industrielle" supprimerait massivement des postes, particulièrement les non qualifiés et augmente la demande de postes qualifiés. Cela a pour effet d’augmenter les revenus des personnes qualifiées, qui font souvent déjà partie des milieux les plus riches, au détriment des moins qualifiés, qui sont déjà les plus pauvres.

Ainsi :

• De 1984 au milieu des années 2000, on constate un essoufflement très net du processus de réduction des inégalités économiques.

• Depuis les années 2000, on observe en France une accentuation des inégalités de niveau de vie "par le haut" de la distribution des salaires. Ce sont les plus hauts salaires qui explosent (ils concernent 0,01% de la population selon les travaux de Camille Landais, et il s’agit notamment des traders et autres salariés de la finance), de même que les revenus du patrimoine pour ceux qui en ont (les Français les plus riches), car la valeur des actifs augmente.

• La dégradation de la condition salariale modifie profondément la perception des inégalités

• Il faut également soulever que l’accroissement des inégalités économiques confirme des inégalités sociales. Les inégalités économiques recoupent et accentuent les inégalités générationnelles, inégalités spatiales, inégalités selon la nationalité et l’origine ethnique, etc.

3Les inégalités sont cumulatives

Les inégalités tendent à se cumuler et à faire "système" : elles s’engendrent les unes les autres et entraînent de la reproduction sociale. Ainsi, les inégalités d’espérance de vie découlent des inégalités de conditions de travail et d’accès à la santé, or les inégalités de conditions de travail sont souvent associées à des inégalités de revenu et donc de logement. Au final, les individus les moins bien lotis dans l’emploi sont aussi les plus pauvres, les moins bien soignés, ceux qui ont une espérance de vie faible, etc., et leurs enfants grandissant dans le même milieu ont une probabilité élevée de connaître les mêmes difficultés.

Les inégalités

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