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Comment analyser la structure sociale?

Par   •  7 Juillet 2018  •  1 480 Mots (6 Pages)  •  608 Vues

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III- La dynamique de la structuration sociale

A. Des frontières de classe moins nettes ?

Depuis les années 1970, la structure de la population active a fortement changé. On constate en effet que la part des ouvriers et des agriculteurs a fortement baissé, alors que, dans le même temps, la part des cadres, des professions intermédiaires et des employés progressait. Cette évolution est le signe d’une tertiarisation et d’une salarisation de la société, qui a permis d’enclencher le processus de moyennisation.

En effet, on assiste à partir des années 1960 à la formation d’une vaste classe moyenne. Cette évolution est permise notamment par la profession des revenus, la consommation de masse et la scolarisation de masse qui permet la mobilité sociale. Les analyses en termes de classes sociales semblent alors perdre de leur pertinence : la société est représentée comme une toupie, avec une vaste constellation centrale et une importante constellation populaire. Les individus ont tendance à adopter des comportements similaires. Ces évolutions vont de pair avec la baisse du sentiment d’appartenance aux classes sociales et l’individualisme qui gagne les groupes sociaux.

B. L’émergence d’individus pluriels

L’analyse des statistiques produites par l’INSEE dans son Enquête sur les pratiques culturelles peut conduire à associer à certains groupes certaines pratiques culturelles (l’opéra pour les cadres, le bal pour les ouvriers, etc). Cependant, une lecture minutieuse de ces données montre que les individus ne sont pas uniformément façonnés par leur milieu social d’origine : un cadre peut, par exemple, écouter du rap et lire de la philosophie. Il existe ainsi une multitude d’ « individus pluriels » dont les pratiques culturelles sont « empruntées » à des milieux sociaux très différents. Comment expliquer l’émergence de ces « hommes pluriels », comme les appelle Bernard Lahire ?

Leur émergence peut tout d’abord être le résultat d’un effet de théorie : on repère de tels individus car on se donne la peine de les cherche. Mais on également mettre en évidence des explications historiques ou structurelles. En effet, la massification scolaire et la diffusion d’une culture de masse (grâce aux médias) à partir des années 1950 ont permis aux différents milieux sociaux d’entrer en contact, ce qui a favorisé le partage de pratiques culturelles. Enfin, la pluralité des instances de socialisation (familles, amis, collègues, etc.) met l’individu en contact avec différentes culturelles très variées.

Certains sociologues expliquent que les individus dominants sont les « omnivores », c'est-à-dire ceux qui savent puiser dans différents registres culturels : leur polyvalence culturelle est un atout pour obtenir et conforter leur positions dominantes. Les individus des classes populaires se retrouvent en revanche la plupart du temps enfermés dans un seul registre symbolique, ce qui les empêche d’atteindre des positions sociales plus élevées.

C. Le retour des classes sociales ?

Depuis la fin du XXe siècle, les inégalités de patrimoine sont en hausse. Cela s’explique notamment par une baisse de la fiscalité sur le patrimoine : comme le patrimoine est principalement concentré dans les mains des individus les plus fortunés, toute baisse de la fiscalité facilite sa transmission.

Par ailleurs, certains économistes comme Camille Landais ont mis en évidence que le salaire moyen mensuel des 0,01% les mieux payés a augmenté de 69% en France entre 1998 et 2006 alors que, dans le même temps, les 90% les moins bien payés ne voyaient leur salaire moyen mensuel augmenter que de 0,9%. Ces évolutions s’expliquent par une compression des bas salaires liée à la mondialisation, qui pousse les entreprises à comprimer leurs coûts de production afin de pouvoir faire face à la concurrence internationale. Ce sont les travailleurs peu qualifiés des pays occidentaux qui voient leurs rémunérations stagner, car ils sont directement en concurrence avec les travailleurs peu qualifiés des pays en développement.

Ces évolutions conduisent à penser que les classes sociales n’ont pas disparu : il existe toujours de très importantes inégalités économiques et sociales entre les individus. Cependant, les classes sociales ne sont plus vraiment des classes pour soi (au sens marxiste) : les individus n’ont plus vraiment conscience d’appartenir à un collectif structuré, homogène et cohérent.

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