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Fiche, le pain, Francis Ponge

Par   •  15 Octobre 2018  •  1 620 Mots (7 Pages)  •  825 Vues

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(l.5,6) : « fut glissée » : verbe à la voix passive, on ne sait pas qui fait l’action. L’acteur de cette cuisson stellaire est laissé dans l’ombre, pourtant, en associant le fabrication du pain à la naissance du monde, le poète attribue au pain une très grande valeur.

On peut penser que l’expression qui donne son titre au recueil vient d’une volonté de mettre en valeur de façon inattendue des objets de la vie courante qui ne sont pas célébrées habituellement. Longe était un grand amateur de nature morte, du peintre Chardin du XVIIIè en particulier. Le titre du recueil montre un choix affiché de prendre le parti des choses négligées, considérées comme peu inspirantes.

En même temps, en associant la fabrication du pain et la création du monde, le pain est célébré mais en s’écartant de la symbolique chrétienne. Dans la religion catholique, les chrétiens croient à la transsubstantiation. Le pain et le vin sont consacrés et donc transformés/convertis en corps et sang du Chris tout en gardant leur apparence initiale.

La suite du texte évoque le dessèchement du pain et sa transformation en miette. Il souligne de cette façon la nature dérisoire de sa fin. « les fleurs fanent et se rétrécissent » et s’éparpillent en petits morceaux. Cette nature fragile du pain est achevée par les points de suspension à la fin du paragraphe 3. Le 4è paragraphe semble découler d’une association d’idées entre le terme « fiable » et « brisons-la ». Cette dernière phrase semble vouloir sauver le pain de la destruction. Dans cette phrase, l’opposition entre respect et consommation rappelle sans en avoir l’air le rôle fondamental du pain, élément de base dans l’alimentation, et en même temps le respect pour cette nourriture connotée religieusement. Le verbe « briser » rappelle qu’on ne coupe pas le pain mais qu’on le brise ou qu’on le rompt, mais cette expression est polysémique puisqu’elle est une incitation à consommer le pain mais aussi à terminer la présentation : le pain disparaît.

La présentation du pain repose sur un jeu constant à la fois d’élément liés et opposés grâce auquel le poète montre quel a été son « parti pris »

- Le « pétrissage » de la langue

Dans ce poème, le poète mime la fabrication de l’objet peint en faisant subir aux mots les étapes d’une transformation comparable à celle que connait la pâte du pain = pétrissage.

On peut dire en effet que le poète mobilise toutes les ressources du langage en particulier l’étymologie, la phonétique et la polysémie. On peut dire par exemple que le mot « masse » est utilisé dans le poème à 2 reprises pour désigner la matière qui constitue le pain, or en grec, la racine de ce mot désigne la pâte. Des expressions contenues dans le texte nous conduisent par allusion à rechercher dans le poème des traces de la transformation du langage par l’activité poétique tel que « sous-jacente » « sous-sol » (derrière l’apparence des mots)

Jeux phonétiques : 1e paragraphe : paronymes (mots proches sens =/)

« pain » « main » Par là le poète fait l’éloge du travail manuel fait à la fois par le boulanger et le poète (travail du poète = travail d’artisans des mots)

« panoramique » adj commence par pan- = racine latine du mot pain, on peut penser qu’il y a une dimension humoristique.

La fabrication du poème entretient avec la fabrication du pain des rapports analogique, on pourrait presque parler de « mise en abime » (explication de la formation du texte dans le texte) : « tissu » pour décrire la matière de la mie : tissu même racine que le mot « texte »

On utilise le verbe façonner : type de textile, file la métaphore avec tissu.

Ces jeux avec la langue ne sont pas du tout gratuits. La fabrication du pain renvoie à la création du monde. Et à partir de là on peut mettre en évidence la position athée et matérialiste que prend le poète. Le poète ne fait jamais de référence au créateur (voix passive). Tout le poème propose une mise en valeur de la surface et un dénigrement de la profondeur. Ce refus de la profondeur signifie un refus du questionnement métaphysique (question qu’on peut poser dont on a pas de réponse) et un parti pris pour le réalité matérielle du monde (Parti pris des choses)

On peut voir dès le début du texte une intention moqueuse et provocatrice avec l’utilisation de l’adj « merveilleuse » de la croute de pain. Étymologie : miraculeux, pn est ironique, attaque à la religion, anti-religieux. Confirme l’idée de la symbolique chrétienne du pain est rejetée.

Le but de cette subversion n’est pas la polémique (attaque violente de la religion) mais plutôt l’humour qu’on retrouve d’ailleurs dans « brisons-la ».

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