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Le pain - Francis Ponge

Par   •  12 Mars 2018  •  1 306 Mots (6 Pages)  •  1 481 Vues

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toujours par décrire leur sujet de façon objective et triviale. On peut déjà senser une sorte d’inversion de la structure habituelle de Ponge.

Partie II - Mollesse ignoble interne (l. 11 - 16)

Lors de la troisième phrase du poème, Ponge change de ton mais reste toujours aussi poétique. Dans la phrase averbale “sans un regard pour la mollesse ignoble sous jacente, le texte pivote vers une critique, s’opposant complètement à l’éloge des lignes 1 à 9. Tout d’abord il dénonce la mie en tant que “mollesse ignoble” et “lâche et froid sous-sol” (l. 10-11) Ces termes représente le début d’une critique qui demeure cependant poétique. Effectivement, on observe une attention toute particulière à la musicalité du langage. Par exemple, Ponge joue avec les sonorités à travers les allitération en “S” et en “C” et l’assonance en “ou” l. 12-14 De plus, Ponge a recours à des images en comparant la mie à des “soeurs siamoises” (l. 13) Enfin, le poète compare la texture de la mie à celle d’une éponge éphèmère, puisqu’elle finit par durcir et se faner. On peut même détecter une polysémie d’éponge, voyant qu’il pourrait s’agir de l’éponge maritime ou du nom de Ponge plus préfixe.

Cette troisième phrase établit une échelle de valeur du pain. La mie est présentée comme inférieure à la croute, et plus éphèmère. À l’intérieur, le pain “rassit” (l. 14) et devient “friable” (l. 16). Fragile, grossière, la mie de pain suscite chez Ponge une céritable critique de la mie de pain des lignes 10 à 16 du poème.

Ainsi, au fur et à mesure du texte, Ponge continue d’aller à l’encontre de sa structure poétique habituelle. Il critique la mie non pas de façon objective et triviale, mais de façon subjective, poétique et imagée.

Partie III - Conclusion sur l’objet (l. 16 - 19)

À partir de la seizième ligne du poème, Ponge emploi un ton conclusif, moralisateur. Le texte pivote sur le mot “Mais,” ligne 16, qui indique que l’auteur s’apprête à changer de direction ou de perspective. À l’aide de l’impératif “brisons-là,” Ponge conclut son poème par une fin logique, pragmatique. Il redescend sur terre, oubliant la soi-disante noblesse du pain évoquée au début du poème. Effectivement, il déclare en conclusion que “le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation. C’est comme si Ponge, après avoir méthodiquement considéré l’aspect exterieur et intérieur du pain, reprenait tous ce qu’il venait de dire, pour enfin conclure que le pain ne mérite pas l’examen minitieux qu’on lui consacre. D’ailleurs, le terme “objet,” (l. 17) renforce ce propos, car il désigne aussi bien le pain en tant que sujet et le pain en tant que chose.

De plus, Ponge nous déclare “Brisons-la,” une polysémie entre brisons le pain (expression courante) et brisons-là, qui veut dire s’arrêter. Ici, Ponge exprime clairement son désir de cesser l’observation du pain. C’est d’un ton presque comique, rougissant de s’être laissé emporter dans une description si complexe et affective.

En conclusion, la dernière partie du poème dévalorise la description ardue du reste de l’oeuvre, concluant le poème sur une note aussi bien réaliste que moraliste.

Conclusion:

En conclusion, nous observons bien une structure argumentative, subjective puis objective dans le poème de Francis Ponge. C’est un style très different que celui que l’on retrouve dans les autres oeuvres de Ponge, notamment dans “le cageot.” Dans ce dernier, la progression est complètement différente, pas aussi nettement structurée qu’elle l’est dans le pain. Comme nous l’avons vu, le pain peut se diviser en trois parties distinctes: l’éloge, la critique, puis le retour à la réalité. D’habitude, Ponge s’efforce à faire ressortir la beauté de l’objet en lui enlevant sa banalité. Cependant, dans le pain, le poète conclue justement sur la fonction utilitaire et banale de celui-ci. Ici, Ponge fait l’éloge de l’objet, mais rappelle au lecteur l’usage principal du pain: la consommation. Le côté éphémère, fragile du pain semble ramener Ponge à la réalité, le retirant de l’extase initiale qu’il ressentit face au pain.

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